Il n’y a pas que la colle dans la vie ! On peut aussi poser le carrelage par scellement. Cette pose est régie par un règlement technique bien connu des pros : le DTU 52.1. L’idée consiste à poser ses carreaux sur le mortier frais. C’est presque comme si l'on faisait la dalle et le revêtement en même temps. Et c’est pas facile !
La pose de dalles sur mortier frais
Cette technique est longtemps restée la plus courante, jusqu’à la généralisation des dalles en béton armé, des chapes flottantes, des mortiers-colles et, plus récemment, de l’isolation thermique. Vous l’avez compris, aujourd’hui on pratique assez souvent la pose collée sur un sol qui est en général une dalle béton bien lisse et sèche. Vous ne saviez peut-être pas qu’il existe une autre méthode : celle de la pose scellée avec ici comme revêtement un dallage en pierre reconstituée. On rappelle que la pose scellée, c’est un peu comme si vous posiez votre carrelage avant que votre dalle n’ait séché. Cette pose dite à «bain soufflant» est mise en œuvre selon le fameux DTU 52.1.
Deux techniques de pose scellée
Au chapitre de la pose sur mortier frais vous devez choisir encore entre deux méthodes de pose : la première, dite « pose à la bande », consiste à aligner les éléments entre des règles ou des cordeaux, sur une épaisseur de mortier frais, et à les battre au pilon ou à la batte à l’avancement, avant le début de prise du mortier. La pose à la règle illustrée ici consiste d’abord à étaler le mortier de scellement en couche épaisse, à le « tirer à la règle », à le compacter et, éventuellement, à le talocher. Sur cette surface, une barbotine (liquide) ou, un poudrage (sec) de ciment pur est répandu. Les dalles sont posées sur la barbotine ou le ciment humidifié, et battues tant que le mortier est encore plastique. Compte tenu de leur format qui est important, les dalles sont posées en double barbotinage. Leur envers est donc enduit de barbotine en couche fine. La consommation de liant est d’environ 4 kg/m2.
La pose sur barbotine, connue aussi comme "pose à bain soufflant", c'est comme carreler sur une dalle en ciment frais
Une technique économique
Cette technique permet de gagner du temps par rapport à une préparation du sol standard reposant sur une dalle en béton armé, puisqu’il n’est pas nécessaire de prendre en compte les durées de séchage. Elle est aussi plus économique, puisque la quantité de liant est plus faible et qu’il n’est pas nécessaire de recourir à des formulations industrielles comme dans le cas des mortiers-colles. Dans le cas présent, elle est adaptée à la faible sollicitation des locaux et à l’absence de charges lourdes. En revanche, elle n’apporte pas de confort thermique particulier et reste sujette à l’humidité du sol environnant.
La pose en vidéo
La pose en 12 étapes
Les points-clés
Épaisseur
L’épaisseur nominale du mortier de scellement dans ce type de configuration est de 6 cm, sans être localement inférieure à 4,5 cm et sans dépasser 8 cm.
Ravoirage
Si la profondeur du décaissement est supérieure, un ravoirage de type E est réalisé (325 kg/m3) de 5 cm maximum, 24 h avant la pose au minimum.
À fleur de marche
Il faut tenir compte de l’épaisseur du dallage et éventuellement, de la barbotine, de façon à ce que l’ensemble affleure le niveau de la marche.
Compactage
Si le mortier de scellement dépasse 6 cm, il est compacté par couche ne dépassant pas 4 cm.
En savoir plus
L'autre méthode : la pose collée
Il faut sauter d’un DTU et passer au 52.2 dans sa partie 1-1-3 pour mettre en œuvre un revêtement de sol en pose collée. Les dalles utilisées ici sont également compatibles avec cette technique. Les supports admissibles sont pratiquement les mêmes. Toutefois, dans le cas présent, il faut évidemment un dallage en béton armé, réalisé dans les règles de l’art, de surface régulière et coulé depuis un mois. Il faut bien comprendre que ce support est très différent d’un simple ravoirage (proportion de liant, composition, ferraillage, mise en œuvre, etc.). Il est plus long et compliqué à réaliser. En revanche, la pose collée est plus rapide et moins fastidieuse.
En pose scellée, la dalle est posée sur un épais matelas. En pose collée, elle est déposée sur un support sec. Ce dernier doit être irréprochable, car il n’est pas possible de compenser un décalage quelconque par le battage. L’épaisseur du mortier-colle, qui assure l’interface entre la dalle et son support, est réduite à quelques millimètres. Le choix de produit de collage est primordial. Il est de type C2. Il est appliqué à la spatule demi-lune Ø 20 mm ou 8 x 10 x 20, en double encollage, du support et de l’envers de la dalle. Le support est humidifié avant la pose.
La largeur des joints est la même que celle d’une pose scellée et c’est le même mélange qui est utilisé pour la confection du mortier de remplissage.
Barbotine et joint : le bon dosage
Le mortier de scellement peut être composé à base de ciment (CEM I, II, III,…, classe 32.5 N ou R, 42.5 N ou R,…) ou de mortier bâtard. Ce dernier est un mélange de ciment CEM I ou II et de chaux hydraulique NHL dosé à raison d’un tiers/deux tiers ou moitié/moitié. Le dosage du mortier de scellement au ciment est de 225 kg/m3 et de 275 kg/m3 pour le mortier bâtard. Rappelons qu’il s’agit du dosage de liant par mètre cube de sable sec (0/4 mm). Une marge d’erreur de 50 kg/m3 est admise pour les préparations sur chantier.
La barbotine est composée du même liant (ex : chaux) que le mortier de scellement employé.
Pour le mortier de jointoiement fabriqué sur place (« de recette »), c’est un mélange de ciment ou chaux hydraulique et de sable (0/2 mm) dosé entre 600 et 800 kg/m3
Noyer les tubes !
Le cas échéant, les canalisations d’eau, les fourreaux divers ou les réseaux électriques présents ne doivent pas être noyés dans le mortier de scellement, mais dans une couche de ravoirage de 5 cm d’épaisseur.
Il est préférable d’attendre 4-5 jours avant de mettre en service la pièce.
Il est parfaitement possible de prévoir une épaisseur d’isolation thermique ou un système d’étanchéité sous un revêtement scellé.
Les dalles sont trempées avant d’être mises en œuvre, afin d’éviter une dessiccation trop rapide de la barbotine. Cette humidification est fonction de la température. Les dalles ne doivent pas ruisseler.