Isoler et végétaliser une toiture

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La végétalisation d’une toiture terrasse permet de réguler le débit des précipitations, en retardant leur écoulement et en réduisant leur volume. Un système idéal en liaison avec le bassin de rétention.

Toit végétal, un amortisseur thermique

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Les toitures végétalisées sont d'actualité. De nouveaux procédés en simplifient en effet la mise en oeuvre. Il n'est plus nécessaire d'être paysagiste ou arroseur attentionné. La couverture végétale est fournie en rouleaux ou en caissettes, qu'il suffit de démouler et de mettre en place pour disposer, sitôt la pose terminée, d'une végétalisation résistante.
L'intérêt de cette technique est d'assurer une protection complémentaire du système d'étanchéité. Car le couvert et le substrat (la terre) jouent le rôle d'amortisseurs thermiques. Alors qu'une couche de granulats peut facilement atteindre 60 à 70° C en surface en plein été, la végétalisation absorbe une bonne part de cette énergie. Elle procède de la même façon en cas de gel. L'étanchéité est ainsi préservée des écarts thermiques les plus brutaux.

 

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Les toitures d'immeuble sont appelées à devenir des potagers de ville collaboratifs permettant une autonomie alimentaire d'une partie des habitants

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Un toit qui stocke de l'eau

Un autre intérêt des toitures végétales, souvent mis en avant, est leur capacité à stocker l'eau. Cela ne change pas grand-chose pour l'occupant de la maison. En revanche, pour la collectivité, cela permet de mieux gérer les fortes précipitations qui font déborder les réseaux de collecte et les stations d'épuration. Mais, pour que cela fonctionne de manière efficace, il faudrait équiper tous les toits, ceux à pentes compris. Le principe de la toiture végétalisée date des jardins suspendus de Babylone. Les architectes contemporains y voient une manière de rendre à la terre la surface empruntée par la construction. Plus récemment on transforme de Los Angeles à Tokyo les toitures d'immeubles en permaculture géantes et partagées.

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Des contraintes techniques sur le poinçonnement et le poids

La mise en oeuvre d'une toiture végétalisée nécessite des adaptations. L'étanchéité comporte un revêtement principal, traité antiracine et résistant au poinçonnement, et une couche drainante disposée avant la terre, composée de granulats (argile expansée, cailloux ou graviers). Le support doit être conçu pour supporter la charge permanente que représente le substrat gorgé d'eau. En rénovation, il convient donc de s'assurer de cette règle.

La végétalisation en elle-même est très variable, depuis les systèmes extensifs de faible épaisseur sans arrosage, parfaits en rénovation ou dans le neuf pour les terrasses inaccessibles, jusqu'aux jardins suspendus dotés de fosses à arbres.

 

Toiture isolée et végétalisée en douze étapes

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2018-2 - Pages : 030-031 - Toiture isolée et végétalisée

Le pare-vapeur est directement collé sur la dalle de la terrasse. Le rouleau de bitume est chauffé et déroulé en double couche croisée. Le pare-vapeur remonte le long des relevés (acrotères, conduits de cheminée, ventilation…)

Les panneaux d’isolation sont mis en place. Certains sont surfacés et imposent donc une orientation de mise en place à respecter. Si l’isolant est posé en deux couches croisées, la première est collée au pare-vapeur, par plots.

L’isolation thermique est continue et ne doit laisser aucun espace non couvert. Elle doit aussi être parfaitement plaquée contre le pare-vapeur. Après sa mise en place, elle est doublée d’un écran d’indépendance, simplement déroulé.

L’étanchéité est alors réalisée en deux couches croisées. Chaque lé de bitume est soudé au précédent par chauffage au chalumeau. La seconde couche est déroulée perpendiculairement à la première.

Les relevés reçoivent un traitement adapté grâce à des feuilles de bitume découpées sur mesure et soudées à chaud. Les angles sortants (conduits de ventilation) sont protégés par des mouchoirs en double couche.

La réalisation de la végétalisation extensive débute par la mise en place d’un feutre géotextile. Simplement déroulé, il joue le rôle d’écran d’indépendance, de natte de drainage et de protection antiracine.

Première méthode : un substrat de culture est répandu sur toute la surface de la toiture terrasse, sur une couche d’une dizaine de centimètres d’épaisseur au minimum. Sa composition est adaptée au type de culture choisi.

Le sedum est une plante bien adaptée aux surfaces exposées et aux arrosages aléatoires comme les toits. Il se développe rapidement et se ressème naturellement. La première technique consiste à planter des touffettes dans le substrat.

La seconde met en œuvre des rouleaux précultivés, selon le même principe que le gazon. L’intérêt est un gain de temps considérable dans le développement de la végétalisation. L’inconvénient est un coût sensiblement plus élevé.

La troisième solution utilise des bacs en plastique précultivés, simplement déposés côte à côte, sur le toit. Ce procédé se pose sur une protection lourde, mais sans substrat. C’est une solution bien adaptée à la rénovation.

Quelle que soit la solution retenue, l’évacuation des eaux pluviales doit être protégée contre la migration du substrat, des végétaux et des feuilles mortes par la mise en place d’un pare-gravier.

Une bande stérile, dépourvue de végétation, entoure systématiquement les relevés. L’étanchéité est protégée par une couche de gravier. Une grille pare gravier ajourée prévient le mélange entre le substrat et la protection lourde.

En savoir plus

Re Rénovation

Conversion réussie

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La plupart des toits terrasses peuvent être végétalisés à l’occasion d’une rénovation de leur système d’étanchéité. La seule différence par rapport à un système classique recouvert d’une couche de gravier drainant est la surcharge imposée par le substrat. Une partie de ce poids est compensée par l’élimination de la protection lourde. Le reste est généralement supporté par les marges de sécurité imposées aux dalles ou aux bacs aciers. Attention, il est parfois nécessaire de relever les acrotères, surtout si une isolation thermique de plus forte épaisseur est associée à la rénovation.

BS Bon à savoir

L'étancheïté des toitures-terrasses

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Au-dessus de locaux habités, il faut d’abord que le toit soit parfaitement isolé. Or, la particularité des toits plats est de favoriser la création de ponts thermiques structurels à la liaison avec les murs périphériques, surmontés de leur acrotère. Dans le neuf, le problème est résolu grâce aux rupteurs de ponts thermiques intégrés dans la dalle. En rénovation, le problème est difficile à résoudre de manière satisfaisante, surtout que - soulignons-le - il reste interdit d’isoler un toit-terrasse par-dessous. ´Comme pour les autres types de toit, les valeurs d’isolation thermique requises pour se conformer à la réglementation sont de plus en plus élevées, ce qui conduit à des épaisseurs d’isolation conséquentes, souvent réalisées en double couche. Les isolants de synthèses sont bien adaptés à cette configuration car ils sont incompressibles, peu sensibles à la vapeur d’eau et aptes à supporter une protection lourde. ´L’étanchéité, de manière classique, est réalisée en deux étapes. Un pare-vapeur est d’abord mis en place directement sur la dalle, sous l’isolant. L’étanchéité principale vient protéger l’ensemble. La plus courante reste le bitume en rouleau soudé à chaud en double couche. Le PVC armé offre une alternative en pose libre et permet de choisir la couleur (gris, sable, …). Le revêtement en caoutchouc de synthèse EPDM a la faveur des systèmes à récupération d’eau, mais il est plus cher et les entreprises de pose sont plus rares. ´Dans tous les cas, quelle que soit la solution choisie, l’eau collectée d’un toit-terrasse, végétalisé ou pas, n’est pas potable en l’état. Outre la qualité sanitaire discutable de la pluie elle-même, le toit se charge de toutes les poussières et polluants environnants, mal filtrés par la couche de protection, qui relargue ellemême toute une panoplie de composés chimiques dissous.