Maison La Solognote

Haut lieu de la chasse, royale ou pas, la Sologne abrite quelques manoirs et rendez-vous de chasse magnifiques. Mais le gros des maisons est agricole et en briques ou à pans de bois pour la solognote d’origine. Et là, il peut y avoir beaucoup de travail.

Style

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Outre les maisons nobles de style néo-gothique, Louis XIII et Renaissance, les solognotes sont souvent des maisons d’époque Napoléon III en briques.

LE NUANCIER DE LA SOLOGNE

Côté Architecture

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Au sud d’Orléans, la Loire enferme dans un méandre 250 000 hectares de chênes, hêtres, pins… tapissés de bruyères aux chatoyantes floraisons. Seuls quelques clairières, champs aux sols sableux et pâtures à moutons, interrompent ces paysages forestiers où s’ébattent lièvres, faisans, chevreuils… et pépient grives et rouges-gorges !

Belle aux bois d’antan…

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Pauvre en pierres à bâtir mais riche en bois et en argile, la Sologne a vu se généraliser la construction en pans de bois. D’apparence rustique, la maison est formée d’une ossature de poteaux-poutres qui est posée sur un soubassement maçonné (silex ou briques), qui l’isole de l’humidité. Dessus prend appui une « sablière basse » (poutre horizontale), qui reçoit les poteaux formant les murs-charpente du premier niveau. En ville, les maisons comptent volontiers un étage en « encorbellement » (technique du porte-à-faux qui consiste à faire avancer les poutres sur le vide et gagner de l’espace). À l’origine, les vides entre les poutres étaient remplis de « torchis », un mélange de terre argileuse et de paille. À partir de 1850, la brique produite par maintes tuileries-briqueteries s’impose. Fabriquée en série, elle offre un format qui facilite sa mise en œuvre, mais suscite une certaine monotonie… Pour y remédier, les maçons jouent sur les différences de teintes (liées à l’inégale cuisson au feu de bois), et les types de pose (en diagonale ou en « feuilles de fougère »).

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Les ouvriers agricoles logent dans des « locatures » ou des « maison de bourg », longues « barres » de briques alignées sur la rue.

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…et modestes logis ouvriers

Sous le règne de Napoléon III, la Sologne connaît un essor économique grâce à la modernisation de l’agriculture. Chargés de défricher et de cultiver les terres des propriétaires nobles, les ouvriers agricoles logent dans des « locatures » ou des « maison de bourg », longues « barres » de briques alignées sur la rue abritant de petites habitations formées d’une pièce et d’une chambre surmontées d’un grenier à grain. L’ornementation n’est pourtant pas absente ne serait-ce que pour protéger le bâti. Souvent, une corniche formée de briques moulurées (denticules, modillons, quarts de rond…) assure une transition entre le haut des façades et le toit. Plus riches, les métayers disposent d’une ferme à cour ouverte autour de laquelle s’implantent grange, bergerie, porcherie… toutes bâties en briques. L’habitation profite de la meilleure exposition avec sa façade implantée au sud.

Côté Rénovation

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Le chanvre, une matière stupéfiante…
Utilisé en vrac ou formulé en mortier, il se décline en dalles de sol et d’étage, chapes, enduits intérieurs isolants, « béton » de remplissage entre les colombages ou encore « caisson isolant » sous la toiture. Les granules sont obtenues par broyage des fibres de la tige et de la chènevotte (cellulose logée à l’intérieur de la tige). Naturelles et renouvelables, ses fibres offrent maintes qualités: isolation thermo-acoustique, microporosité et régulation hygrométrique, légèreté, imputrescibilité. Jadis prisé pour la fabrication des voiles et cordages, le chanvre profite de nouveaux débouchés avec la rénovation et l’éco-construction. Il doit être mis en œuvre avec une chaux adjuvantée recommandée par le fabricant pour éviter les désordres dus à l’humidité. Plus simples d’utilisation, les mortiers prêts à l’emploi (chaux aérienne et/ou hydraulique naturelle et fibres de chanvre) sont une alternative.

1. Les grands principes

Les proportions de la solognote
Respect des proportions et de l’alignement des baies (plus hautes que larges avec des ouvrants à trois carreaux chacun), si vous en créez de nouvelle(s), réfection de la couverture en tuiles plates avec scellement au nu des pignons… sont quelques-unes des prescriptions « classiques » de rénovation d’une « solognote » en brique.

 

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2. Bâti en briques

Des matériaux à bon escient !
Destinées à rester apparentes, les façades de briques ne doivent pas être enduites (surtout au ciment !), ni peintes. Les blocs fissurés ou éclatés doivent être remplacés par des briques saines de récupération ou de fabrication artisanale. En cas de reprise, évitez les modèles de teinte uniforme ou « flammées ». Qu’ils soient en « feuilles de fougère », panneresse-boutisse (alternance de briques posées dans le sens de sa longueur puis dans le sens de sa largeur), respectez le type d’appareillage. Et veillez à ce que les joints soient toujours décalés les uns par rapport aux autres.

Le bon œil
Fréquentes, les lucarnes « passantes » (à cheval sur la façade et la toiture), ou en « bâtière » (à deux pans), doivent être rénovées à l’identique. Elles peuvent être complétées par des châssis double vitrage discrets – qui rappellent les « tabatières » du XIXe siècle – posés au ras du toit. Quant aux portes des lucarnes à foin, elles peuvent être déposées au profit d’une fenêtre double vitrage pour ajourer le comble.

Des maçonneries qui respirent
« Marée grise » des années 1970-1980 oblige, bien des soubassements ont été recouverts de ciment qui enferme l’humidité, créant une barrière étanche à l’origine de bien des maux tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la maison : altération des joints, déchaussement des briques, peintures cloquées, difficultés à chauffer la maison. Il est alors urgent de déposer cette gangue de ciment au profit d’un revêtement à la chaux naturelle.

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En cas de création d’une nouvelle baie, inscrivez-la dans le rythme des pans de bois avec un format vertical.

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3. Bâti en bois

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Duo pans de bois et chanvre
Toiture en bout de course, gouttière percée ou bouchée… L’eau est l’ennemie principale des bâtiments non entretenus. Si le remplissage entre les poteaux s’est délité ou montre des vides par endroits, il convient de refaire le torchis ou, mieux, d’opter pour un « béton » ou conglomérat de fibres de chanvre et de chaux banché et compacté entre les colombages après mise en place de planches de coffrage, retirées après séchage.

Lumineux colombages
En cas de création d’une nouvelle baie, inscrivez-la dans le rythme des pans de bois avec un format vertical (plus haut que large). Sachez que mieux vaut créer plusieurs baies qu’une seule grande. Pour capter la lumière, des panneaux double vitrage – réalisés sur mesure – peuvent aussi être adoptés pour prendre place entre les poteaux de la partie supérieure du pignon, formant ainsi un écran vitré très contemporain.

Agrandir ou bâtir dans le style pan de bois ?
C’est chose possible en recourant aux entreprises de charpente traditionnelle. Le principe consiste à fabriquer en atelier des « murs-charpente » (aux dimensions du maître d’œuvre), formés de « sablières » (basses et hautes), entre lesquelles sont fixés des poteaux et des « décharges » pour les contreventer. Sans oublier les assemblages à tenons et mortaises, assurant des liens inarrachables « par emboîtement à chevilles tirantes » qui solidarisent toutes les pièces de bois en répartissant les efforts de traction et compression.

La valeur n’attend pas les ans
Les pièces sont réalisées avec des grumes de chêne de Sologne délignées à la scie à ruban « suivant le fil du bois », une technique proche de celle des « scieurs de long », qui donnent de belles sections courbes et irrégulières. C’est pourquoi ces pans de bois paraissent centenaires ! Mieux, la performance thermique est améliorée en rainurant la face interne des sablières, poteaux, linteaux… pour accroître l’accrochage du mortier de remplissage et garantir une bonne isolation à l’air.

Côté Culture

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Histoire et géographie

Située au sud d’Orléans cette vaste plaine argileuse est riche en gibier mais pauvre en pierres. Celles-ci sont plutôt réservées aux pavillons de chasse et autres manoirs et châteaux. Les locatures, maisons de bourg, se fabriquent plutôt en briques et en pans de bois et torchis pour les plus anciennes.

Terre de rois...et de randonneurs

Vaste plaine argileuse, la Sologne abrite plus de 2 000 étangs. Beaucoup ont été aménagés au Moyen Age pour maîtriser les inondations et favoriser les cultures (céréales et légumes), tout comme la pisciculture. Aujourd’hui encore, on y élève carpes, brochets, sandres, perches… Les roselières et les haies de saules qui les bordent dissimulent maints palmipèdes et échassiers (hérons, grives, colverts…). Berceau des chasses à courre royales (Blois, Chambord…), la Sologne connaît un nouvel essor de la vénerie vers 1850. La haute société orléanaise et parisienne y établit ses quartiers, pour y recevoir et y chasser, faisant édifier châteaux, manoirs et rendez-vous de chasse de style néo-gothique, Louis XIII, Renaissance… Depuis, la démocratisation de la chasse et l’essor du tourisme vert confortent cette économie.