Maisons de Touraine

Refuge des rois, terre de châteaux où la Renaissance s’est épanouie, berceau de la langue française et… de la bonne chère, la Touraine ne manque pas d’attraits ! Au risque d’en oublier son patrimoine rural riche d’un florilège de villages, fermes à cour fermée, gentilhommières… Tous souvent bâtis en tuffeau !

Style

a gauche

Les styles des maisons se confondent avec leur usage : fermes qui prennent la forme de longères ou qui se déclinent autour d’une cour ouverte ou bien fermée, maisons de manouvriers, maisons de maître pour la campagne, maisons de bourg (comme ci-contre) et constructions récentes pour les agglomérations.

LE NUANCIER TOURANGEAU

Côté Architecture

a gauche

Les forêts giboyeuses, le climat doux et les ciels lumineux de la Touraine ont séduit les rois qui y ont établi leurs résidences, faisant d’Amboise, Chinon, Tours… les capitales de leur royaume. Attirant architectes et artistes d’Italie, poètes, écrivains et dignitaires de la cour, ils favorisèrent l’éclosion d’un art de vivre brillant. Voie commerciale de 900 km, la Loire a donné à la Touraine sa richesse. permettant le transport de ses vins, blés, ardoises d’Angers, cordes et voiles en chanvre… Majestueux, ce « dernier fleuve sauvage d’Europe » livre de superbes paysages de bancs de sable, îlots, prairies, coteaux de vignes et d’arbres fruitiers.

Logis paysan évolutif

Voir l'image en grand

Modeste ou altier, isolé ou regroupé en hameaux, l’habitat s’intègre à son terroir dont il exploite les ressources et prélève les matériaux. La maison de base est celle du journalier agricole dotée d’une seule pièce d’habitation de plain-pied éclairée par une fenêtre et une porte. Et lorsque la famille s’agrandit, on juxtapose à ce volume de nouveaux modules. Au XVIIIe siècle, sur fond d’essor économique et démographique, ce simple logis évolue en ferme à cour ouverte ou fermée grâce à la construction d’une grange, étable, écurie… Volume le plus imposant de l’exploitation, la grange peut s’étirer sur 20 m et s’élever jusqu’à 5 m. Les plus anciennes comportent une nef centrale flanquée de deux bas-côtés. Entourées d’un mur porteur en maçonnerie, elles permettaient de stocker céréales et plantes fourragères, de battre les gerbes au fléau et de loger charrettes et pressoir.

a gauche

L’habitat s’intègre à son terroir dont il exploite les ressources et prélève les matériaux.

a gauche

Maisons bourgeoises

Maisons de notables, marchands de grains, négociants en vins, en chanvre… les demeures bourgeoises se caractérisent par de grands volumes coiffés d’un toit à quatre pans ou mansardé. En retrait de la rue ou ayant pignon sur elle, la façade que précède un portail en pierre de taille (calcaire ou tuffeau), est ajourée de fenêtres dont les dimensions révèlent de belles hauteurs sous plafond. Une corniche moulurée assure une transition entre toiture et mur. Parfois, des bandeaux individualisent les étages tandis que des pilastres cannelés agrémentent les angles.

Dans le ventre de la terre

Maisons, étables, caves… La vallée de la Loire recèle maints antres troglodytiques ! Bien des noms de villages s’en souviennent : Avon-les-Roches, Villaines-les-Rochers… Logés à flanc de falaise ou excavés dans la roche, ils forment un réseau estimé à 1 000 km de long. Souvent, ils occupent d’anciennes carrières de tuffeau et se détectent par la présence d’une cheminée qui émerge d’un champ. Refuges pour les plus démunis à l’origine, ces « caves demeurantes » sont devenues des lieux d’habitat pour les paysans et artisans (vanniers, vignerons, tisserands…). Eté comme hiver, ils offrent une température constante (10 à 15°C), et une « architecture » évolutive : il « suffit » de creuser la roche pour agrandir son aire de vie ! Aujourd’hui, on redécouvre ce monde souterrain que l’on réaménage en chambres d’hôtes, ateliers d’artistes, restaurants…

Côté Rénovation

a gauche

1. Conseils

Comprendre pour respecter :
Comme ailleurs, la Touraine n’échappe pas à la banalisation architecturale. Extensions cubiques en parpaings, percements abusifs de baies, enduits cimenteux… Si vous êtes candidat à la rénovation, prenez le temps d’étudier votre maison pour comprendre son histoire, et d’observer les maisons traditionnelles non dénaturées !

En règle générale
Respectez au mieux les caractères originels de votre maison : volumes du bâtiment et du toit, proportions des ouvertures, présence d’aménagements domestiques (pierre d’évier, potager, cheminée), et d’annexes agricoles (four à pain, puits, grange, etc.). De même, tentez de conserver les ouvrages qui traduisent son histoire et lui donne son charme : jambages et linteaux de porte en pierre ou en bois, fenêtres à carreaux, souche de cheminées, lucarnes.

Fidèle à ses matériaux
Laissez les murs en l’état avec leur patine s’ils ne sont pas détériorés ou reprenez-les avec des matériaux locaux en respectant leur appareillage et en utilisant une chaux naturelle qui, microporeuse, n’emprisonne pas l’humidité du sol.

a gauche

Si vous êtes candidat à la rénovation, prenez le temps d’étudier votre maison pour comprendre son histoire, et d’observer les maisons traditionnelles non dénaturées !

a gauche

2. Les ouvertures

Fenêtres : le sourire des façades !
Plus hautes que larges, les fenêtres sont formées de deux vantaux dotés en général de trois grands carreaux chacun quand ils ne sont pas quadrillés de petits carreaux. Des volets pleins, renforcés par deux ou trois barres d’assemblage, les protègent. Les menuiseries se colorent de blanc cassé, vert tendre, gris-bleu, bleu ardoise, brun-rouge… Essentielles à l’éclairement naturel comme à l’identité du bâti, elles jouent aussi un rôle primordial en matière d’isolation et de sécurité. Si vous devez les changer, préférez un modèle en chêne ou bois exotique (peint ou lasuré), à double vitrage (éventuellement à isolation thermique renforcée ou ITR conformément à la RT 2012), doté de petits bois qui structurent la baie en trois parties.

Frapper à la bonne porte
En une seule partie à l’origine, la porte se partage en deux vantaux de bois plein à partir du XIXe siècle. Laissé ouvert, le battant haut éclaire et aère la pièce tandis que le battant bas reste fermé pour empêcher le passage des chats, chiens et poules dans la maison. Parfois, une imposte vitrée la surmonte pour accroître la clarté de la pièce. Si vous devez la remplacer, privilégiez un modèle réalisé à l’identique par un artisan menuisier ou, à défaut, optez pour un modèle porte-fenêtre de type « fermette » d’un fabricant industriel.

Lucarnes
Utilisé pour conserver les fourrages ou destiné à l’habitation, le comble est très souvent accessible et ajouré par des lucarnes aux formes variées : lucarne à foin munie d’une poulie, lucarne en pierres de taille à fronton aux jambages qui s’achèvent en volutes, lucarne à auvent courbe… « Chapeau » (toiture), joues en tuiles ou en ardoise, arêtiers et bavettes en zinc, sont d’indispensables protections à surveiller de temps à autre pour éviter tout ruissellement d’eau de pluie sur celle-ci.

3. La toiture

Couvertures
Les toits de tuiles plates (40 à 50°) se terminent parfois par un pan coupé (ou « coyau »), qui protège les maçonneries des eaux de pluie même en l’absence de gouttière. Plus coûteuses car transportées par voie d’eau, les ardoises d’Anjou – gris bleuté – ont d’abord été mises en œuvre sur les châteaux et nobles demeures avant de se généraliser dans les bourgs avec l’arrivée du chemin de fer au XIXe siècle. Souvent hautes pour assurer un bon tirage de la cheminée, les souches sont montées en briques ou en tuffeau ou alternance des deux. En cas de réfection de la toiture, respectez la pente du toit et le matériau de couverture (tuile plate ou ardoise et faîtage terre cuite).

Côté Culture

a gauche

Histoire et géographie

Domaine des châteaux de la Loire, la Touraine a longtemps alimenté Orléans, et au delà Paris, avec ses produits agricoles et ses pierres en utilisant la Loire comme moyen de transport. Désormais la route a remplacé le fleuve, redevenu sauvage lorsque ses bateaux se sont révélés trop petits pour l’ère industrielle.