Porte ouest de la Bourgogne, ce « vert pays des eaux vives » abrite une mosaïque de milieux où se succèdent forêts, bocages, vergers, rivières et canaux. Aux doux vallonnements du paysage répondent les tours des châteaux et manoirs tandis que domaines à cour fermée et maisons « bloc à terre » charment par leur authenticité.
Style
L’habitat agricole prédomine dans un pays où les maisons s’agrégeaient peu en villages mais en hameaux. Domaines en cour ouverte, fermée ou maisons « bloc à terre ».
le nuancier nivernais
Côté Architecture
Grande étable
Rarement groupé en villages, l’habitat de la Nièvre se disperse volontiers dans la campagne en hameaux, fermes, maisons fortes… La grange-étable est l’habitat de base. Longiligne et de plain-pied, cette bâtisse « bloc à terre » regroupe sous un même toit les fonctions d’habitation et de travail. La façade est ajourée par deux portes : celle de la grange, haute et large, pour permettre le passage des charrettes à foin ; celle, plus petite, de l’étable encadrée de petites fenêtres d’aération. Le logis prend place tantôt dans son prolongement, tantôt à la perpendiculaire, délimitant ainsi une petite cour ouverte.
Domaines à cour fermée
Au sud-ouest se découvrent de vastes domaines à cour ouverte. Séparée des bâtiments agricoles, l’habitation prend parfois des airs de maison de maître flanquée d’un pigeonnier, symbole de prospérité. Les plus anciennes granges se reconnaissent à leurs toitures volumineuses et à leurs entrées percées dans le mur pignon. À l’intérieur, trois travées sont aménagées dans le sens de la longueur : deux étables séparées par la grange. Les granges du XIXe siècle présentent une toiture moins marquée et un second niveau qui ajoure le grenier. Elles sont percées en façade d’une porte charretière protégée par trois pans de toiture. Cette avancée couverte servait jadis d’aire à battre. Les domaines à cour fermée s’organisent autour d’un vaste quadrilatère bordé par les dépendances (granges, étables, écuries), reliées par un mur de clôture. L’accès est marqué par un porche en pierre de taille parfois surmonté d’un pigeonnier.
N’utilisez pas de ciment (trop rigide et imperméable), mais un mortier de chaux naturelle microporeux et adhérent qui laisse « respirer » les murs.
Côté Rénovation
1. Grands principes
Repérer les bijoux
Simples d’aspect, les maisons rurales ne sont pas moins riches de détails qui charment l’œil : linteaux sculptés d’un millésime, d’un emblème de métier, lucarnes (à fronton, en œil-de-bœuf…), porches de grange, arcs en anse de panier, murets de pierres sèches… S’ajoutent des volumes aux belles proportions et une unité de matériaux (bois, pierre, chaux, briques…).
Chasser les erreurs du passé
Laissées à leur solitude, nombre de bâtisses tombent en ruine. D’autres, précédées de piliers de portails en « pierres reconstituées », voient leurs façades cimentées, quand elles ne sont pas percées pour recevoir une véranda mal choisie… De même, les portes des granges sont murées à grand renfort d’agglomérés tandis que les menuiseries laissent place à des baies et volets inappropriés. Quant aux toits recouverts de grosses tuiles à emboîtement ou de plaques de bac acier, il n’est pas rare de voir un « chien assis » remplacer une lucarne certes abîmée mais tellement plus harmonieuse !
Maçonneries : soyez dans le ton
Si des reprises sont nécessaires, utilisez les mêmes matériaux que ceux mis en œuvre : principalement le calcaire qui se décline en parements bien équarris, moellons et pierres de taille. Respectez le type d’appareillage (par exemple en rangs horizontaux à joints minces et décalés). N’utilisez pas de ciment (trop rigide et imperméable), mais un mortier de chaux naturelle microporeux et adhérent qui laisse « respirer » les murs. Si votre domaine est clos par des murets de pierres sèches, ne les arrasez pas mais consolidez-les. Déposez les parements instables et le blocage intérieur qui les jouxte. Remontez sur la base saine les parements avec une légère inclinaison vers l’intérieur (afin qu’elles s’épaulent les unes contre les autres), en veillant à décaler les joints. Une fois posée, aucune pierre ne doit bouger ! Chacune doit être bien calée afin de ne pouvoir basculer ni à gauche, ni à droite, en avant ou en arrière.
2. Les ouvertures
Toute la lumière sur les ouvertures
Si vous aménagez de nouvelles baies pour gagner de la clarté, respectez le rapport traditionnel entre les « pleins » (maçonneries), et les « vides » (fenêtres). Vous pouvez mettre à profit les portes de grange pour aménager des baies vitrées mais sans modifier leurs proportions. Les fenêtres doivent être plus hautes que larges, encadrées par des jambages et un linteau de pierre. Préférez les menuiseries en bois aux fenêtres PVC ou alu, mais en tout cas privilégiez les teintes douces en rapport avec les paysages (gris-bleu, vert pâle, blanc cassé, beige, rouge grenache…).
3. Les toitures
Ciel ma toiture !
La majorité des toits est couverte de tuiles plates de petites dimensions produites par des briqueteries artisanales de teintes rouges orangées, jaunes ou brunes. Le faîtage est traité en tuiles creuses maçonnées au mortier de chaux, tandis qu’un solin de mortier protège les rives et le raccordement aux lucarnes. En cas de réfection de la couverture, privilégiez les tuiles de fabrication artisanale ou reprenant leurs modèles.
Plus performant que le plancher traditionnel, le plancher mixte « bois-béton » allie judicieusement la résistance du béton et l’esthétique du bois.
4. Les planchers
Rénover ou créer un plancher
Si vous souhaitez rendre habitable une vieille grange, la création d’un plancher s’avère souvent nécessaire. Deux solutions sont à privilégier. La plus valorisante est la pose d’un plancher traditionnel à poutres et solives apparentes engravées dans les murs porteurs. À condition d’en atténuer les nuisances sonores qu’il provoquera en le rehaussant d’un solivage indépendant et isolé (bandes résilientes, laine minérale ou végétale, ouate de cellulose…). Ainsi désolidarisé, le revêtement de sol qu’il recevra (parquet, jonc de mer, sisal…), demeurera silencieux même en de bruyantes circonstances. Plus performant toutefois, le plancher mixte « bois-béton » qui allie judicieusement la résistance du béton et l’esthétique du bois consiste à couler une dalle de compression (béton « classique » de ciment, sable et graviers ; ou léger de ciment et granulats de bois minéralisés, ou billes de polystyrène, argile expansée), sur une structure de poutres et solives recouverte d’un platelage (planches rabotées, lambris, panneaux mélaminés…), armé de treillis métalliques. Silence et isolation garantis !
Côté Culture
Histoire et géographie
Vaste quadrilatère logé entre la Puisaye, le Morvan et la vallée de la Loire, le Nivernais occupe les deux tiers du département de la Nièvre. Forêts centenaires, bocages peuplés de bœufs charolais, vignobles qui s’empourprent l’automne, fermes opulentes… font du Nivernais une riante contrée. C’est un pays d’eaux propices au tourisme fluvial… Au confluent de la Nièvre et de la Loire, non loin de l’Allier, Nevers, sa capitale, livre un riche patrimoine : palais ducal, hôtels particuliers, remparts et porte fortifiée du Croux.