Au cœur de la Seine-et-Marne, la Brie compte parmi les terroirs les mieux préservés d’Île-de-France. Portée par une succession de plateaux entaillés de vallées, cette terre à blé livre une architecture bien enracinée dont témoignent cités médiévales, briardes à cour fermée, et des maisons plus modestes appelées bricoles.
Style
Bricoles : bâtiments rectangulaires en moellons regroupant logis, étable et cave. Fermes fortes : entourées de douves et de murs avec pigeonnier rond.
le nuancier briard
Côté Architecture
Fermes fortifiées
Isolées et retranchées derrière de hauts murs, les fermes briardes fortifiées, et parfois précédées de douves, rappellent la nécessité de se protéger des brigandages et pillages. Un porche, dimensionné pour les charrois d’antan et les troupeaux, donne accès à une vaste cour carrée ou rectangulaire. Autour s’organise l’exploitation avec la grange, l’écurie, l’atelier de forge, la laiterie. La maison du maître se démarque par son étage et sa façade de maison bourgeoise. Nombre de ces fermes conserve leur pigeonnier souvent cylindrique et couvert d’un toit conique ajourée d’une lucarne d’envol.
Modestes bricoles
Modestes, les « bricoles » sont des petites maisons environnées de 10 à 50 hectares. Propriétés de petits fermiers qui louaient leurs services dans les grandes fermes voisines, elles se composent d’un seul bâtiment rectangulaire divisé en travées qui regroupent logis, étable ou écurie, soue à cochon, cave à vin ou à cidre. Bâtis en moellons souvent gélifs, les murs sont protégés par un enduit de plâtre gros. Typique du bassin parisien, ce liant a été abondamment employé (XVIIe -XIXe siècles) pour enduire les maçonneries, créer corniches et modénatures (bandeaux, encadrements de baies, plafonds). Microporeux (régulation de l’humidité), bon isolant, résistant au feu, malléable pour exécuter des moulures, esthétique avec un aspect fin et lumineux, il offrait maintes qualités. Douces et peu contrastées, les teintes des menuiseries s’accordent aux enduits : blanc cassé, gris clair, bleu pâle, vert tendre…
Sauf si les façades sont appareillées en calcaire dur, préférez les enduits à la chaux hydraulique naturelle ou à « fleur de parement », aux joints « à pierres vues » qui ne les protègent pas et fragilisent les maçonneries.
Côté Rénovation
1. Les grands principes
Dans le plus simple appareil
Pour les travaux de maçonnerie (consolidation de mur, création d’une extension…), utilisez les mêmes matériaux locaux (calcaire, grès) et bannissez le ciment, trop rigide, imperméable et uniforme. Préférez un mortier de chaux ou de chaux et plâtre qui laisse respirer les murs et les valorise. Tenez compte de l’appareillage des murs qui sont formés de rangs horizontaux (moellons ou parements), posés à joints décalés. De temps à autre, des pierres « traversantes » garantissent la liaison entre les deux parements et évitent qu’ils ne se désolidarisent. L’intérieur du mur est stabilisé avec un « blocage » (moellons, silex…).
Protecteur ou esthétique ?
Sauf si les façades sont appareillées en calcaire dur, meulière ou pierres de taille, préférez les enduits à la chaux hydraulique naturelle en deux ou trois couches, ou à « fleur de parement » (le mortier effleure la surface des moellons), aux joints « à pierres vues » qui ne les protègent pas et fragilisent les maçonneries. Si l’enduit d’origine (plâtre ou chaux), adhère encore au support, mieux vaut effectuer des réparations partielles plutôt que de tout piqueter ! Vous conserverez le charme de sa patine.
2. Les ouvertures
Plus de clarté sans dénaturer
De petites dimensions et disposées sans symétrie, les ouvertures contribuent à l’équilibre et au charme des façades. En cas de création de nouvelles baies, respectez le rapport traditionnel entre les « pleins » (maçonneries), et les « vides » (fenêtres). Parfois, il est possible de déposer la vieille porte d’une grange au profit d’une porte-fenêtre à plusieurs vantaux dotés de petits bois. Les fenêtres en bois double vitrage doivent être plus hautes que larges avec des vantaux à 2 x 3 carreaux. Les portes en bois plein – qui peuvent être vitrées en partie haute (4 carreaux) – ou dotées d’une imposte pour gagner de la clarté. Si vous devez remplacez les volets, optez pour des modèles persiennés (à lames inclinées), ou pleins en planches (chêne, peuplier...), assemblées à rainures et languettes avec barres horizontales.
3. Le toit
Refaire la toiture
Préférez la tuile plate de fabrication artisanale ou les références « de pays » ou « patrimoine » des tuiliers industriels aux tuiles « grand moule » d’aspect rigide et de teinte uniforme. En façade, une corniche couronne le mur pour créer une saillie qu’épouse l’égout du toit. Cette avancée éloigne l’eau des façades, dissimule l’extrémité des chevrons (pas d’abouts apparents), et ne rend pas indispensable la gouttière. Pour les rives (extrémités latérales du toit), n’employez pas de tuiles de type « rive à rabat » qui laissent un aspect mécanique. Préférez une pose des tuiles au ras des pignons sous un solin de mortier (Vexin), ou un scellement avec un léger épaulement – pour entraîner l’eau de pluie vers la gouttière (Brie). Le faîtage est formé de tuiles creuses jointives scellées côte à côte (sans recouvrement). Elles sont raccordées par des solins de mortier, formant des crêtes (« pigeons »), reliées par des joints horizontaux (« embarrures »).
Côté Culture
Histoire et géographie
La Brie est bordée par la Marne et la Seine. À l’ouest, s’ouvre la « Brie française » (autour de Brie-Comte-Robert), ancienne possession du roi de France. À l’est, la « Brie champenoise » (autour de Provins), jadis propriété des comtes de Champagne, se soulève légèrement pour former un rebord. Au sud, la « Brie humide » s’étend au nord de Melun. Enfin, autour de Coulommiers, la « Haute Brie » (ou « Brie laitière ») est vouée à l’élevage laitier.