Échoppe et villa en Gironde

Forêt des Landes, vignoble du Médoc et de l’Entre-Deux-Mers, bassin d’Arcachon… Le plus vaste département français (plus de 10000 km², un quart de la superficie de l’Aquitaine) abrite une mosaïque de paysages que ponctue un habitat d’une grande diversité : métairies, domaines viticoles, échoppes bordelaises, villas balnéaires…

Styles

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Très éclectique, la Gironde est le territoire de nombreux styles : échoppes bordelaises, villas d’Arcachon à l’architecture exotique et tarabiscotée…

le nuancier des landes
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Côté Architecture

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Vivre en centre-ville… avec un jardin

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Deux types d’échoppes se distinguent. Le modèle « simple » (et populaire), avec sa façade percée d’une porte et d’une fenêtre large de 5 à 6 m qui s’étire en profondeur sur 15 à 20 m via un couloir latéral qui dessert trois pièces (une chambre côté rue, une pièce centrale sans fenêtre et un séjour côté cour). Plus cossu, le modèle « double » profite d’une façade plus large (7 à 10 m), percée d’une porte et de deux à quatre fenêtres. Il est traversé par un couloir central qui distribue six pièces (dont une pièce centrale aveugle). Aussi, la surface habitable entre les deux types varie-t-elle… du simple à plus du double (de 50 à 120 m²). Très souvent présente, la cave (visible depuis la rue grâce à un soupirail), permettait d’entreposer charbon, bois de chauffage… Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les échoppes étaient couvertes de tuiles de Gironde qui furent supplantées par la tuile industrielle dite « de Marseille ». Comme l’eau courante n’est apparue qu’assez tardivement, l’évier de la cuisine était souvent le seul point d’eau de la maison alimenté par un puits tantôt privé en fond de jardin tantôt mitoyen. Après une période de déclin et de manque d’entretien, les échoppes sont redevenues un style d’habitation urbaine recherché car offrant une maison individuelle dotée d’un jardin proche à la fois du centre-ville et de son lieu de travail ! « Vivre en ville avec les avantages de la campagne » proclament des agents immobiliers !

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A Arcachon, les architectes réinterprètent l’architecture régionale pour créer de pittoresques villas à la volumétrie complexe.

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Arcachon, un jardin de villas sur l’océan

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Bordé de plages, pins maritimes, ports de pêche, « tchanquées » (cabanes sur pilotis), le bassin d’Arcachon est une authentique mer intérieure. Chaque jour, les marées lui insufflent la vie, redessinant sa côte, recouvrant ses îles et parcs à huîtres, exhalant des parfums d’iode et de résine. Cette petite « Océanie française » à explorer à pied à travers les landes de bruyères et genêts ou en pinasse (bateau traditionnel de pêche), abrite un archipel d’îles où nichent courlis, alouettes de mer… Témoin du travail inlassable de la mer et du vent, s’élève la dune du Pilat (ou Pyla), la plus haute d’Europe (entre 100 et 117 m selon les années). En 1857, sur fond de mode des bains de mer et sous l’impulsion d’hommes d’affaires, naît la station d’Arcachon. D’un désert, où n’existait même pas l’ombre d’un village de pêcheurs, émerge bientôt une station de repos vantée pour les effets vivifiants de son eau de mer et les vertus curatives de son air iodé. Les curistes du monde entier affluent tandis que les artistes s’y donnent rendez-vous : Alexandre Dumas, Toulouse-Lautrec… Usant des styles cottage, chalet, basco-landais, colonial, hispano-mauresque… les architectes réinterprètent l’architecture régionale pour créer de pittoresques villas à la volumétrie complexe, multipliant les décrochements et points de vue avec des tourelles, bow-windows, belvédères, toitures débordantes festonnées de lambrequins… En façade et toitures, polychromie de briques émaillées, bois ornés… les animent de la plus belle façon.

Côté Rénovation

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Faire évoluer sans dénaturer
Appelées parfois la « Ville de pierre », les échoppes, fragiles unités d’habitation individuelle, demandent souvent d’être rénovées et agrandies. Tantôt originaux et réussis, tantôt maladroits et dévalorisants, les chantiers ont montré la difficulté à rénover cet habitat individuel bordelais. C’est pourquoi une mission d’inventaire l’étudie et le recense depuis 2005 afin de créer un règlement d’urbanisme destiné à faire évoluer ce bâti, aux possibilités variées de réhabilitation, pour l’adapter à nos modes de vie.

1. S'agrandir ?

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Agrandir en préservant le volume d’origine
De la taille d’un petit appartement avec jardin, l’échoppe nécessite souvent d’augmenter sa surface habitable. Diverses solutions sont possibles telles la création d’une extension arrière investissant une partie du terrain ou en fond de parcelle, le décloisonnement des espaces existants (couloir et pièces), le percement du toit pour l’aménagement d’un patio central voire la démolition partielle de la façade arrière pour y insérer une architecture contemporaine en parfait contraste avec la façade sur rue. La construction d’une extension doit tenir compte des proportions du volume existant. Une extension en recul se distinguant du volume d’origine peut être préférable parfois à un traitement continu dans le même plan de la façade qui aura pour effet de déséquilibrer ou d’écraser les volumes.

Garder le rythme !
La surélévation de la façade sur rue (tel un demi-étage ou un étage) est courante. Elle doit être proportionnée dans la continuité des échoppes voisines. Faute de quoi, modifier la volumétrie d’une maison peut dénaturer l’unité d’un quartier ! Aussi faut-il moduler la hauteur pour éviter de brusques ruptures d’échelle. Enfin, cette extension par le haut doit être adaptée au style de la façade. Une élévation importante sur une échoppe de proportion horizontale peut ainsi écraser la perception d’ensemble… Ne pas oublier enfin que la cave peut aussi être exploitée (dans l’esprit des souplex par exemple), comme un niveau supplémentaire donnant parfois sur le jardin arrière dont le sol a été en partie décaissé.

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La construction d’une extension doit tenir compte des proportions du volume existant.

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2. Isolation

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Isoler, respirer
Les murs en pierre calcaire des échoppes, même épais, ont une faible capacité isolante, à fortiori quand ils sont humides (condensation, humidité ascensionnelle). Aussi, en cas d’isolation par doublage, certains choisissent un isolant végétal dense (panneaux de ouate de cellulose, chanvre, laine de bois et chanvre…) ou classique (laine de verre), associé à un frein-vapeur (qui assure l’étanchéité à l’air tout en régulant la migration de la vapeur d’eau), recouvert d’une plaque de plâtre ou de gypse et cellulose, afin de maintenir un bon équilibre hygrothermique.

Côté Culture

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Histoire et géographie

Bordeaux, la ville, et bordeaux, les vins, sont à l’image de l’estuaire de la Gironde : souvent magnifiques, toujours variés. Entre-Deux-Mers, Graves, Médoc en sont les emblèmes. La région a été anglaise au Moyen Âge. Au XVIIIe siècle, le grand commerce du vin ou des esclaves permet à la ville de Bordeaux d’acquérir son incomparable architecture, largement remise en valeur ces dernières années.

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En enfilade sur rue et de plain-pied

Autour de Bordeaux et de sa banlieue (Talence, Bègles, Libourne, Le Bouscat, Caudéran…), l’habitat urbain ne manque pas d’originalité : c’est une succession de maisons mitoyennes alignées le long des rues. Édifiées entre 1850 et 1930, ces « échoppes » tiennent sans doute leur nom de leur ressemblance avec les boutiques où vivaient et travaillaient les artisans et commerçants des faubourgs (XVe-XVIIe siècle). Au XVIIIe siècle l’échoppe bordelaise devient peu à peu un habitat urbain spécifique, uniquement à usage d’habitation. Dans les années 1930, elle forme un habitat pavillonnaire de plain-pied bâti sur cave doté à l’arrière d’un petit jardin – potager ou/et d’agrément. En pierres de taille, les façades sont plus ou moins ouvragées, tantôt modestes, tantôt ornées de bandeaux, cannelures, arabesques, frises décoratives, corniches à denticules sur consoles…

Esprit de convivialité…

Bâties sur le même principe d’une façade d’un seul niveau sur rue, les quelques dix mille échoppes de Bordeaux se ressemblent toutes… Et pourtant, beaucoup sont différentes ! Elles se reconnaissent facilement par leur disposition alignée tracée au cordeau le long des rues, sans garage ni dépendance, exceptée la cave, identifiable par la présence d’un soupirail. Mais elles se démarquent aussi par leurs décors en pierre de taille calcaire (régions de Blaye, Entre-deux-Mers), leurs portes couronnées d’un simple linteau ou d’un arc sculpté de guirlandes de fleurs et de fruits ou d’un mascaron à tête humaine ou d’animal, leurs encadrements de fenêtres, leurs menuiseries peintes… Reste qu’à l’image de l’habitat minier du Nord-Pas-de-Calais, elles rappellent une volonté d’appartenance commune (« de vivre ensemble »), celle de populations ayant un modèle urbain assez semblable (volumétrie, organisation interne basée sur un couloir, jardin en fond de parcelle…).