Presque aussi grand que la Gironde, le département des Landes porte l’essentiel de la plus grande forêt artificielle d’Europe. Nombreuses sont les fermes lovées au cœur de la forêt. Ces fermes occupent une petite clairière et sont constituées de plusieurs bâtiments séparés les uns des autres pour éviter les risques d’incendie.
Styles
Avec l’extension et l’exploitation forestière, c’est la maison à ossature bois qui domine. Les maisons en torchis sont de plus en plus rares.
le nuancier des landes
Côté Architecture
Maison landaise : pas de modèle unique !
Rectangulaire, dressée en pignon (avec ou sans auvent), en pan de bois et torchis ou maçonnerie coiffée d’une solide charpente, balnéaire de style basco-landaise… Ici comme ailleurs, la diversité est de mise ! «L’oustaù» ou «ostau» (prononcez «oustaou») est toutefois l’habitat emblématique de la Haute-Lande depuis le XVIIIe siècle. Dans ce pays sablonneux où la pierre est rare, le bâti est l’œuvre du charpentier. A la différence d’autres régions où il n’est utilisé qu’en partie haute, le pan de bois landais (de type vertical) est mis en œuvre sur toute la hauteur des murs. Formés de poteaux d’angle (section jusqu’à 25 cm), et intermédiaire (10 à 15 cm), ces «murs-charpente» (fabriqués sur place lors du chantier), sont intercalés entre des poutres (les « sablières »), et contreventés par des «liens» obliques (ou « décharges »), au niveau des angles. Assemblés par tenons, mortaises et chevilles tirantes, les éléments des pans de bois étaient le plus souvent débités dans le pin maritime parfaitement sec. Seules les pièces de la charpente, très solicitées, sont en chêne pédonculé. A l’origine, seuls les poteaux soutenant la charpente étaient isolés de l’humidité du sol par des dés de pierre. A partir du XIXe siècle, on crée un soubassement de maçonnerie (qui fait office de fondations), sur lequel sont dressés les «murs-charpente». Ceinturant la maison au niveau de sa sablière basse, il montre un parement enduit ou qui laisse apparaître la tête des moellons ou des briques. Comme ailleurs, les vides entre les poteaux étaient garnis de torchis, avant d’être souvent remplacés au XIXe siècle par de la brique.
Dans ce pays sablonneux où la pierre est rare, le bâti est l’œuvre du charpentier.
L’Airial, l’espace communautaire
Souvent l’oustaù abrite plusieurs générations : les aïeux, les fils et leurs épouses, les petits-enfants et les filles non encore mariées, avant qu’elles aillent rejoindre le foyer de leur futur époux. A trois pans, la toiture en «queue de palombe» est orientée vers l’ouest pour préserver la maison du vent et de la pluie. Aussi, ce «coda de paloma» descend-il très bas vers le sol tandis que la façade ne présente ni porte ni fenêtre – au mieux des ouvertures réduites. Située au cœur de l’« airial », vaste pelouse plantée de d’arbres fruitiers, chênes, châtaigners… cernée par «la pinhada» (pinède), la maison du laboureur n’est pas exclusive mais environnée d’autres bâtiments (telles les maisons du métayer, berger, résinier…), d’aspect plus modeste, bâtis à quelque distance, afin que le propriétaire puisse surveiller l’airial. Les dépendances et annexes (étables, granges, bergerie, poulailler sur pilotis, chai), nécessaires à un mode de vie rural proche de l’autarcie, étaient volontairement dispersées pour éviter la propagation d’incendie.
Au temps en emporte l’auvent…
Très souvent, la maison de maître est orientée à l’est pour profiter du soleil levant comme pour tourner le dos aux intempéries maritimes. Ainsi, l’entrée de la façade principale se présente-t-elle à l’est afin de se protéger des grosses chaleurs estivales. Etirée sur trois travées, la maison est tantôt continue tantôt interrompue en son centre par un espace, sorte de vestibule protégé par la charpente, qui fait transition entre l’intérieur et l’extérieur de la maison. Lieu d’accueil des visiteurs et d’observation du voisinage, abri pour les petits travaux (dépiquage du maïs, plumage des oies…), et aire de repos les soirs d’été… cet «eustantad» (ou «eustantada») donne son identité à la façade. La ferme de charpente (à deux ou trois entraits), qui forme cet auvent est aussi prétexte à quelques décors : consoles moulurées, aisseliers chevillés… Passé la porte, on découvre l’intérieur bâti autour d’une pièce centrale dotée d’une cheminée avec, à l’arrière, une souillarde. Cette salle commune était la plus meublée avec une longue table pour les repas, une armoire, un vaisselier…
Côté Rénovation
Prévenir plutôt que guérir
Poutres vermoulues, toiture effondrée… Alerte ! les termites sont parmi nous : 54 départements sont la proie de leur gloutonnerie. Ceux du sud-ouest (Gironde, Landes, Gers…), sont logiquement les plus infestés. À l’exception de quelques essences exotiques et feuillus, aucun bois ne résiste à ces parasites xylophages. S’ajoutent vrillettes, lyctus et capricornes friands, eux aussi, de cellulose. Pourtant, avec la loi termites (1999 complétée par décrets et arrêtés de 2005 à 2010), leurs faits et gestes sont surveillés de près (obligation de déclaration en mairie de tout foyer, mise en œuvre de traitements par une entreprise certifiée). Quant aux traitements, ils sont aussi variés et performants. À condition d’être attentif aux signes avant-coureurs!
Vous avez dit termites ?
Opération détection
Inspectez soigneusement le pan de bois pour repérer d’éventuels indices. Sans trou ni présence de sciure au niveau des poteaux ou des huisseries, il est difficile de repérer l’activité de ces insectes qui fuient la lumière. Toutefois, l’apparition de galeries terreuses – voire aériennes – peut justifier de faire appel à un centre de diagnostic certifié qui effectuera des sondages électroniques et vous délivrera un certificat d’état parasitaire valable 6 mois. Point sensible, la charpente doit être examinée de temps à autre. En chêne ou parfois en châtaignier, elle craint peu les parasites si la couverture est saine et ventilée. Mais sous une tuile cassée propice à créer une zone humide, un sondage à la pointe du couteau permet de délimiter les zones atteintes. Les surfaces altérées seront nettoyées avec une brosse rotative jusqu’à retrouver le bois sain. Les parties plus attaquées peuvent être bûchées avec un ciseau ou une herminette.
Injections à volonté !
Si la présence d’insectes xylophages (hors termites), est avérée mais limitée, vous pouvez appliquer un traitement chimique préventif et curatif au cœur du bois grâce à des kits d’injection à la portée d’un bricoleur averti. Protégez-vous en portant des gants, des lunettes et un masque à cartouche filtrante.
Que faire contre les termites ?
Souvent, la termitière, logée sous la maison, est épargnée ! Aussi, la méthode de l’appât toxique basée sur la contamination de la termitière à partir de pièges insecticides comestibles est-elle indispensable. Fiable, son mode d’action repose sur le comportement social des termites ouvriers qui recherchent de la cellulose et la transporte au sein de la colonie. Peu à peu, ils disparaissent entraînant l’élimination de la termitière qui n’est plus alimentée. Lors de la construction d’une extension, une solution consiste à placer un film en polyéthylène traité au fond des tranchées de fondation et sous sa dalle de sol pour créer une barrière physico-chimique. Disponible en rouleau, il intègre un insecticide mortel doté d’une action préventive et curative. Répulsif, il éloigne les colonies de termites qui s’en approchent, létal, il entraîne leur mort en cas de contact avec le film. Sa pose exige toutefois un soin particulier pour ne laisser aucune zone de sol non recouverte. Ainsi, les drains d’évacuation des eaux doivent-ils être traités avec des granulés insecticides (de même nature que le film), pour interdire tout accès à ces ouvertures non recouvertes par la dalle de béton.
Côté Culture
Histoire et géographie
C’est avec l’arrivée du chemin de fer, au mitan du XIXe siècle, que la région des Landes s’insère dans la vie économique du pays. La décision impériale de faire des marais une vaste forêt exploitable transforme pour longtemps le destin des Landes.
Une révolution Napoléonienne
Domaine des dunes, marais et landes de bruyère et d’ajonc, cette terre pauvre fut longtemps vouée à l’agro-pastoralisme extensif. Vêtu d’une pelisse en peau de mouton, le berger y menait son troupeau au printemps qu’il ramenait à la mauvaise saison sur « l’airial », clairière portant l’exploitation agricole, pour y fertiliser les terres cultivées (seigle et millet). Pour surveiller leurs moutons et détecter la présence éventuelle de loups, les bergers se perchaient sur des échasses qui leur permettaient aussi de traverser les marécages à pieds secs ! En 1857, sur ordre de Napoléon III, cette économie pastorale est bouleversée par une loi obligeant les communes landaises à drainer leurs sols pour y planter des pins. L’objectif est double : fixer les dunes poussées par les vents et créer une industrie du bois. S’ouvre alors un vaste chantier d’assainissement rythmé par la création de digues, l’ouverture de routes, d’une ligne de chemin de fer et le boisement d’un million d’hectares !
La plus vaste forêt d’Europe
Mais cette révolution sylvicole provoque la disparition des pâtures et bergers au profit des grands propriétaires qui font fortune dans le commerce du bois (traverses de chemin de fer, poteaux télégraphiques, pâtes à papier…), et le gemmage (récolte de la sève des arbres). Par centaines, les résiniers parcouraient la forêt pour inciser les fûts des pins et permettre la sécrétion d’une pâte blanche servant à la fabrication de l’essence de térébentine et de la colophane (avec laquelle les musiciens frottent les crins de leur archet). Mais en 1950, incendies et ruine des industries du gemmage stoppent cette prospérité. Depuis 1970, la création du Parc naturel régional des Landes de Gascogne, la modernisation des techniques de coupes, la rationalisation des modes de transformation et traitement des bois sur fond d’essor de la construction en bois et des énergies renouvelables, redynamisent l’économie locale.