Maison La Toulousaine

Capitale de la région Midi-Pyrénées, 4e métropole française, technopole européenne, Cité de l’Espace, Ville d’Art et d’histoire, la Ville rose est conviviale et festive. Carrefour commercial établi sur les rives de la Garonne entre Méditerranée et Atlantique, Toulouse possède une riche histoire, des maisons de maraîchers et de vrais palais !

Styles

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Ici, la brique cuite domine. Les « belles maisons » associent volontiers foraines et pierres calcaires pour les angles et les ouvertures. Mais à la campagne, l’adobe (brique crue) a encore largement sa place, en particulier pour les murs des bâtiments agricoles pas trop exposés aux intempéries.

le nuancier de toulouse
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Côté Architecture

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La Toulousaine, maison des faubourgs

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À l’image des échoppes bordelaises, la périphérie de Toulouse est rythmée de maisons sans étage au volume rectangulaire. Propriétés jadis de maraîchers, artisans ou commerçants, elles présentent une façade sur rue percée d’une porte d’entrée (centrale ou latérale suivant sa longueur), qui donne sur un couloir distribuant deux à quatre pièces. Disposées de part et d’autre de la porte, les deux travées de fenêtres sont encadrées de briques foraines que couronne un arc plat, cintré ou en anse de panier. Souvent, la façade enduite est soulignée à hauteur du rez-de-chaussée d’un listel (petit bandeau saillant), tandis que l’attique (partie haute de la façade), est percé d’occuli (petite ouverture de forme circulaire, ovale, cruciforme, losangique…). Equipé de protection en terre cuite, chaque oculus contribuait à la ventilation du comble surtout lors des étés caniculaires. Hausse de l’immobilier et densification urbaine obligent, ces maisons suburbaines sont souvent dénaturées par l’ajout de matériaux et d’équipements d’origines diverses.

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Inspirée de la maison de maître dont elle reprend quelques-uns des codes architecturaux, la demeure dresse une longue façade de briques roses, ajourée de grandes fenêtres symétriques.

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Loin du tumulte, la villégiature

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Au delà de l’agglomération toulousaine, se découvre un paysage de plaines et coteaux traversé de vallées affluentes de la Garonne. C’est dans cette paisible campagne semée de villages que la bourgeoisie se fait bâtir des belles demeures aux XVIIIe et XIXe siècles. Inspirée de la maison de maître dont elle reprend quelques-uns des codes architecturaux, la demeure dresse une longue façade de briques roses, ajourée de grandes fenêtres symétriques. Sa porte à deux vantaux, surmontée d’une imposte vitrée encadrée de briques foraines et parfois de pierres de taille, s’ouvre sur un large couloir central qui traverse toute la maison, distribuant les pièces latérales, avant de s’ouvrir sur un jardin, voire un parc. Lorsque la maison compte un ou deux étages, la même distribution se retrouve en haut d’un escalier à quart-tournant. Parfois, elle est flanquée d’ailes perpendiculaires (qui lui donnent une configuration en U), et compte des dépendances agricoles (écurie, remises pour le fourrage, chai pour vieillir le vin…).

L’art de L’ornementation… en série

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Pour massive qu’elle fut, la production de terre cuite ne se limitait pas à la brique ! Des ornements de façade et toiture étaient aussi fabriqués, tels les rosaces ceinturant les oculi, les « antéfixes », ornements qui festonnent et dissimulent les chénaux (décorés de sujets animaliers, floraux ou anthropomorphes, volutes en S, en C, spirale, feuilles de vigne, palmettes…). Au milieu du XVIIIe siècle, des sculpteurs mettent au point des décors architecturaux en terre cuite reproductibles afin d’anoblir les façades de briques, de pilastres cannelés couronnés de chapiteaux, de plaques imitant la pierre de taille, de consoles moulurées, mascarons, mitres de cheminée…

Côté Rénovation

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Crue ou cuite, la brique est reine en Midi-Pyrénées. Aussi maintes maisons se prêtent-elles idéalement à une éco-rénovation énergétique de type Bâtiment à Basse Consommation (BBC). Choisir un poêle à accumulation, créer un mur chauffant, utiliser des matériaux régionaux et des isolants végétaux, sont autant de solutions pour mettre à profit l’inertie thermique du bâti.

1. Un mur respirant

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Crue ou cuite, c’est selon !
Appelée aussi adobe, la brique crue moulée est redécouverte depuis quelques années sous forme de Brique de Terre Comprimée (BTC). Grâce à son inertie, elle ralentit les échanges thermiques en absorbant la chaleur tandis que sa porosité lui permet d’absorber la vapeur d’eau et de la restituer quand l’air redevient sec. Un matériau à privilégier lorsque des travaux de consolidation ou de reprise des maçonneries sont nécessaires.

Isoler et décorer les murs
Ils peuvent être isolés de l’intérieur avec un mortier de chaux et fibres de chanvre (2 à 3 couches appliquées sur 6 à 8 cm d’épaisseur), qui préserve et améliore la microporosité naturelle de la brique, lui permettant d’absorber la vapeur d’eau (condensation…), et de la restituer quand l’air redevient sec. Ainsi, la maison est-elle facile à chauffer l’hiver et reste fraîche l’été. Prêtes à l’emploi ou faites maison, des finitions, à base de terre argileuse mêlée de sable calcaire (aspects ferré, lustré…), plantent un décor naturel propice au bien-être. Les cloisons et murs intérieurs peuvent, eux, se contenter d’un enduit chaux et sable ou à base d’argile et de sable calcaire fin décoré en finition d’un stuc à l’argile appliqué "a fresco". Enfin, un vieil enduit encrassé – mais encore adhérent et sain –, peut trouver une seconde jeunesse avec l’application a secco d’un badigeon teinté (après brossage et humidification du support). Un glacis teinté avec des terres naturelles peut encore être appliqué pour fixer le badigeon et accentuer les effets de matière.

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Grâce à son inertie, la brique ralentit les échanges thermiques en absorbant la chaleur tandis que sa porosité lui permet d’absorber la vapeur d’eau et de la restituer quand l’air redevient sec.

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2. Chauffer

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Et que ça chauffe !
Doté d’une forte capacité d’accumulation thermique, le poêle de masse se combine idéalement avec le bâti en briques. Son principe ? Absorber l’énergie calorique d’une flambée pour la restituer lentement par rayonnement grâce à un réseau de chicanes, chambre de post-combustion et manteau en roche volcanique à forte inertie thermique. Bien qu’un peu lourd (et encombrant), ce foyer à tirage inversé « avale » tout type de bois (chutes, déchets…), même s’il « préfère » les bûches de bois naturelles ou compressées (autonomie de 12 à 24 h suivant la masse du poêle). Placé au centre de la maison, non loin d’un escalier, il profite aux murs de briques qui emmagasinent la chaleur avant de la diffuser à leur tour.

Quand les murs chauffent…
Un plancher chauffant basse température offre, quant à lui, des performances supérieures mais nécessite une installation conséquente. Chauffage d’appoint (pour les grandes demeures), ou chauffage à part entière (pour les plus petites), le mur chauffant est une alternative prisée pour son faible coût énergétique et sa pose assez simple. L’origine de ce « plancher chauffant debout », repose sur un constat simple : la performance d’un chauffage est proportionnelle à sa surface. Aussi, plus cette dernière est importante moins il est nécessaire de pousser la chaudière ! Ce qui permet d’opter pour des dispositifs à basse température qui réduisent les pertes dans la chaudière et les tuyaux. Concrètement, le mur en maçonnerie reçoit une tuyauterie en PER préformée ou souple (où circule de l’eau à 35 °C), dissimulée sous un enduit à base d’argile. Les avantages de ce mur « 2 en 1 » qui assure séparation et chaleur à la fois sont nombreux : régulation hygrométrique grâce à la terre, qui chauffée, absorbe la vapeur d’eau, les mauvaises odeurs, offre une sensation de confort… Moindre surface de chauffe par rapport à un plancher chauffant (le besoin en chauffage mural varie entre 30 et 50 % de la surface habitable pour une maison isolée). Enfin, l’été, comme un plancher chauffant, le système peut s’inverser pour faire circuler de l’eau froide. Côté inconvénient, il faut limiter les percements dans le mur pour ne pas endommager le tube (d’où l’intérêt de dessiner un plan de l’installation pour éviter ce problème).

3. Ouvertures

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Créer une ouverture
Des percements sont possibles pour créer une fenêtre ou faire communiquer des pièces . Ils doivent être effectués dans une travée aveugle de même proportion que les baies existantes – en respectant l’alignement et la symétrique des baies existantes. Des jambages en briques saillantes seront maçonnés dans la continuité du bâti. L’ensemble est couronné de linteaux en chêne vieilli par épaufrage des arêtes à l’herminette, application d’un lait de chaux vive puis d’une solution d’ammoniac.

Côté Culture

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Histoire et géographie

Longtemps insoumise, Toulouse et sa région continue d’affirmer haut et fort une identité faite de passion, de lumière et de « castagne ». Toulouse attire à elle tous les talents de sa région. Si l’agriculture a toujours une place très forte, peu à peu les grandes fermes et les maisons de maîtres se transforment en lieux de villégiature.

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Telle une république !

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Soumise à Rome (entre 118 et 104 av J.-C.), Tolosa renforce son influence de tête de pont entre la Méditerranée et l’Atlantique, l’Espagne et l’Italie et voit s’ériger aqueduc, temples, amphithéâtres et enceinte fortifiée… Evangélisée vers 250, la cité devient bientôt le siège d’un évêché. Vers l’an Mil, c’est une puissante principauté féodale dirigée par les comtes de Toulouse. En 1152, un conseil de la Cité est formé et réunit douze représentants (les « capitouls »), élus parmi les riches marchands. Garants des libertés municipales, ils érigent la cité en république à l’italienne quasi indépendante. Rattachée à la couronne de France à la mort d’Alphonse de Poitiers (1271), Toulouse devient une cité archiépiscopale en 1317, puis la capitale des pays du Languedoc. Elle n’en conserve par moins son autonomie grâce à ses institutions (couvents, églises, université).

L’or bleu du pays de Cocagne

Entre 1460 et 1560, la ville connaît un âge d’or grâce au commerce du pastel, cette plante tinctoriale dont les feuilles jaunes broyées donnent, après traitement, une superbe teinture bleue. C’est le début d’une fièvre constructive qui voit l’édification de somptueux hôtels particuliers, véritable palais urbain… en briques et pierres de taille. Car après l’incendie de 1463 qui réduit la ville en cendres, une ordonnance interdit le bâti à pans de bois et impose la brique comme seul matériau de construction (la pierre étant rare et coûteuse). Les siècles suivants confirment Toulouse dans son rôle de métropole régionale (poudrerie, cartoucherie, tabac, électronique, aéronautique).

La brique Toulousaine

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Ville Rose, brique rouge des Minimes ?
Les « toulousaines » affichent le plus souvent des teintes claires d’enduit, provenant d’une palette de sables locaux : gris, rose, terre de Sienne claire, utilisés pour les mortiers de chaux grasse, hydraulique naturelle ou de terre argileuse. Parfois ce sont les badigeons, plus soutenus, qui donnent le ton à la façade (ocre jaune ou ocre rouge). Issues d’une gamme plus variée, les menuiseries marquent la façade sur l’ensemble de ses travées: la même teinte se décline sur les fenêtres, les volets en bois ou les persiennes et la porte d’entrée (gris neutre, gris bleu, rouge-brun, ocre jaune).

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Civilisation de la brique

Crue ou cuite, simple bloc d’argile moulé puis séché au soleil ou parallélépipède calibré, mouluré et cuit au feu de bois, la brique décline bien des styles. Réservée aux maisons de bourg, fermes modestes et dépendances, la brique crue était maçonnée comme une brique cuite mais devait être protégée des intempéries par un enduit. Appelée tuile foraine (du latin foraneus, qui est étranger), la brique toulousaine se reconnait à son format généreux (36 à 42 cm de long pour 24 à 28 cm de large, et une faible épaisseur de 3,5 à 5 cm). Résistante à la compression, elle offre une grande surface porteuse qui facilite la construction.

Cuite au feu de bois

Jusqu’au XIXe siècle, la brique était fabriquée par une multitude de briqueteries artisanales. Extraite sur place, l’argile était émiettée, nettoyée de ses impuretés, séchée avant d’être humidifiée pour accroître sa plasticité. L’ouvrier jetait dans un cadre en bois une portion de terre qu’il comprimait fortement. Démoulées, les briques séchaient lentement à l’ombre. La cuisson au feu de bois s’opérait en deux étapes. Le four était d’abord préchauffé pendant une journée (enfumage à 200 °C environ), pour préparer les briques à la cuisson et éviter tout risque de déformation puis chauffé intensément 2 jours durant (« grand feu » avec un cycle de température variant de 700 à 1 100 °C). Cela fait, il fallait attendre 10 à 15 jours avant de défourner les briques parées de délicates nuances ocrées.