Maisons du Lot

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Plateaux arides, vallées verdoyantes, grottes, gouffres… À l’ouest du Massif central et en lisière de l’Aquitaine, ce pays joue des contrastes ! Tapissé de vergers, vignes et chênes truffiers, peuplé d’oies et de moutons, il cultive l’art du bien vivre ! Ses villages dressés en à-pic, villes médiévales et Renaissance, gentilhommières, maisons à « bolet »… complètent ces paysages changeants, livrant une architecture minérale toute de noblesse.

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Les granges du Lot offrent de beaux volumes. Les maisons de village sont en général bâties en hauteur, du fait du manque d’espace (deux à trois étages, parfois quatre).

le nuancier du lot

Côté Architecture

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Des pigeons et des moutons

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De la simple lucarne d’envol au pigeonnier-tourelle qui flanque la façade d’une gentilhommière, les colombiers sont légion. Privilège seigneurial dans les provinces du Nord, l’édification de ces signes de richesse était volontiers admise en Quercy pour amender des sols souvent ingrats avec la « colombine » (fientes). Ils sont isolés en limite de propriété, associés au bolet ou logés en haut d’une façade. De forme carrée, les plus anciens sont perchés sur des colonnes couronnées de pierres plates qui interdisent tout accès aux prédateurs. Les colombiers sont bâtis au dessus du porche d’entrée de la ferme ou encore marquent l’angle d’une cour. Dans le but d’anoblir l’habitation, le pigeonnier prend place sur les côtés, à l’extérieur. Reflet d’une tradition pastorale millénaire, les grandes bergeries à rampes des Causses bénéficient d’un traitement particulier. Rectangulaires coiffées d’un toit aux pans retroussés au droit des pignons, elles abritent deux niveaux. Les bêtes logent sur le sol taillé à même la roche tandis qu’on accède au fenil par une montée en pente douce. Aujourd’hui encore, des éleveurs perpétuent cette tradition. Ils élèvent la caussenarde du Lot, une race de mouton robuste, haute sur patte, aux yeux cerclés de noir qui lui valent le surnom de « moutons à lunettes » !

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Desservi par un bel escalier, longeant la façade ou indépendant, le bolet prend des airs de terrasse d’accueil soutenue par de fines colonnes en pierres de taille.

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« Bolet », pigeonnier et escalier

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Témoin matériel de cette histoire agraire (polyculture et viticulture), la maison de plan rectangulaire à étage (ou « bloc en hauteur »), superpose les fonctions d’exploitation et d’habitation. Au rez-de-chaussée, cave, remise, écurie, et une étable qui abrite quelques moutons. Accessible par un escalier extérieur suivi d’un perron protégé par l’avancée du toit, supporté par deux poteaux de bois (bolet), l’étage compte le plus souvent trois pièces d’habitation. Quant au grenier, souvent ajouré et aéré de quelques fenestrous, il était utilisé comme fenil pour stocker le foin, le tabac, les châtaignes… Le paysan plus riche possède une maison plus vaste, ornée d’un ou deux pigeonniers. Desservi par un bel escalier, longeant la façade ou indépendant, le bolet prend des airs de terrasse d’accueil soutenue par de fines colonnes en pierres de taille. Aux environs de Cahors, on peut parfois observer d’élégantes galeries couvertes, bordées d’arcades sur voûtes en plein cintre ou surbaissées. S’ajoutent autour de la maison des dépendances : grange, chai de vinification, fournil et four à pain…

L’argile ou la pierre

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L’unité et la diversité des maisons tiennent beaucoup aux matériaux de couverture. Ainsi, sur les Causses, l’affleurement de bancs calcaires faciles à déliter en larges plaques a logiquement amené les bâtisseurs à les utiliser pour couvrir les toits. Elles sont posées et calées entre des lattes en « tas de charge » c’est-à-dire avec une faible inclinaison et un fort recouvrement (pureau de 3/4 voire 4/5). Ainsi empilées, elles reportent leur poids (variant de 300 à 700 kg/m2) sur les murs et offrent une bonne étanchéité. La tuile se rencontre partout ailleurs, bien qu’il n’existe pas de frontière stricte, le nord de la vallée du Lot est plus volontiers le domaine de la tuile plate tandis que la tuile canal domine au sud. De ton ocre, la tuile plate préfère les toits à forte pente. Variant du rose au beige clair, la tuile canal coiffe, à l’inverse, les toits à faible pente, leur donnant un accent méditerranéen. Généralisés par Mansart, le fameux architecte du XVIIe siècle, les toits mansardés combinent deux pentes libérant le volume du comble : l’une, presque verticale (le brisis, couvert de tuiles plates), l’autre moins pentue (le terrasson couvert de tuiles canal).

Côté Culture

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Histoire et géographie

Rocamadour, Saint-Cirq-Lapopie, Padirac, autant de noms qui attirent les touristes. Le Lot vit pour l’essentiel du tourisme. La viticulture n’est pas en reste dans la vallée. Quant à l’histoire, elle est dignement représentée à Figeac, ville natale de Champollion, polyglotte d’exception qui grâce à sa connaissance du grec et du copte a fondé les bases de la compréhension des hiéroglyphes.

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Causses toujours…

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Cette succession de plateaux calcaires entaillés de vallées doit son nom aux Cadourques, un des derniers peuples gaulois à résister à l’envahisseur romain. Le domaine des Causses (du latin calcis, chaux) occupe près de 2/3 du département du Lot, à l’est. S’y succèdent le causse de Martel, de Gramat, de Limogne et de Limargue – tous protégés depuis 1999 par le Parc Naturel des Causses du Quercy. Bien qu’arrosé, il s’apparente à des landes souvent caillouteuses et arides. La raison ? L’eau ne séjourne pas en surface mais s’infiltre pour former des rivières souterraines. Accessible par un puits profond de 75 m (né de l’effondrement de la voûte d’une galerie), le gouffre de Padirac, qui en est la parfaite illustration, abrite 20 km de galeries où se succèdent lac souterrain, cascades de concrétions… Quelques plateaux gréseux s’intercalent toutefois pour offrir un riche écosystème : chênes pubescents, charmes, herbe rase propice à l’élevage ovin et caprin, dolines (bassins de bonnes terres nés de la dissolution des calcaires). Pour vivre sur ces « steppes », paysans et éleveurs ont épierré les sols qu’ils ont quadrillé de « murettes » (mur de clos délimitant les terres arables et prés), édifié gariottes et casselles (cabanes de pierres sèches à toit conique utilisées comme abris et remises à outils)…

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En l’absence de routes sûres, le Lot s’impose dès le Moyen Age comme voie commerciale.

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Quercy blanc et fameux vin noir

Minéral, le Quercy est aussi un pays d’eau qui réapparait dans les vallées fertiles plantées de maïs, céréales, arbres fruitiers, tabac, prés… En l’absence de routes sûres, le Lot s’impose dès le Moyen Age comme voie commerciale. Les gabares (barques à fond plat) acheminent tabac, vins de Cahors, fromages… ainsi que le minerai de fer et le charbon de l’Aveyron. Au retour de Bordeaux, les bateaux remontaient alourdis de sel, produits manufacturés et stockfish (morue séchée). Déclassée par le chemin de fer et la route, la rivière a perdu ses gabares mais retrouve vie grâce au tourisme fluvial, 65 km de voies navigables invitent à larguer les amarres ! Terroir le plus méridional du Lot, le Quercy blanc, ainsi nommé pour la blancheur de son calcaire, est griffé de vallées parallèles (les « vaux »), qui dessinent d’étroites serres où fructifient chasselas doré de Moissac, melons du Quercy, cerises, noix, prunes d’Ente (pruneau d’Agen)… Cité gallo-romaine, évêché florissant, ville de négociants et de banquiers, Cahors, capitale du Quercy et ville d’Art et d’histoire, livre un riche patrimoine : cathédrale, ruelles bordées de maisons à colombages, demeures Renaissance portées par des arcades qui lui donnent des allures de ville florentine… Etabli de part et d’autre de la vallée du Lot sur un relief de terrasses, son vignoble est riche de vingt siècles d’histoire ! Prisé des Romains au Ier siècle puis des évêques de Cahors, le « vin noir » passe les frontières et gagne les faveurs d’Henri II d’Angleterre avant de devenir le vin officiel des papes d’Avignon au XIVe siècle…