Figure de proue des Alpes, le Vercors dresse une ceinture de montagnes qui culmine à 2341 mètres au Grand Veymont. Pics, versants abrupts, falaises spectaculaires, gorges et vertes vallées offrent de superbes paysages. Au cœur du Dauphiné, cette citadelle naturelle née lors du soulèvement alpin, jadis enclavée, est désormais ouverte sur les régions voisines : l’Isère au nord, la Drôme au sud, la plaine de Valence à l’ouest.
Styles
Les maisons du Vercors adoptent un style plus provençal à mesure que l’on va vers le sud du plateau.
le nuancier du vercors
Côté Architecture
Habitat montagnard
D’un seul tenant, la ferme de montagne abritait l'habitation et étable, gardant hommes et bêtes au chaud durant les longs mois d’hiver tandis que les fourrages prenaient place sous la toiture. Sombre en raison de la rareté des fenêtres, pour mieux résister au froid, le logis abritait une cuisine, une salle à manger et une laiterie. Peu élevés, les murs sont couronnés d’une ample toiture à deux fortes pentes couvertes de chaume jusqu’au XIXe siècle. Depuis, elle gagne deux croupes qui couronnent les pignons. Pour éloigner les eaux de pluie des façades, elle est soulignée d’une génoise superposant plusieurs rangées de tuiles canal scellées en débord. Pour accéder à la grange, un « montoir », élévation en terre ou en maçonnerie voûtée, relie le chemin à la grande porte à deux vantaux, tandis qu’une lucarne-porte permet d’engranger les fourrages pour l’hiver.
En haut des murs, une génoise faite de tuiles superposées forme une corniche plus ou moins haute suivant l’aisance du propriétaire.
Villages perchés et maisons méridionales
Les villages sont souvent bâtis sur des escarpements pour assurer leur sécurité comme pour préserver les terres cultivables. Jadis enclos dans un rempart, ils forment une trame assez dense de maisons à étages qui bordent d’étroites ruelles, délimitant des passages couverts. Elevées sur deux ou trois niveaux, les habitations comprenaient un rez-de-chaussée sur cave, souvent utilisé comme remise, atelier ou échoppe. Au premier étage, la pièce principale était souvent la seule pièce à vivre, les chambres prenant place à l’étage. Plus au sud, la maison prend ses aises, juxtaposant plusieurs volumes pour différencier habitation et exploitation. Il s’agit d’une bâtisse rectangulaire à un étage, coiffée d’un toit à deux pentes. Au rez-de-chaussée, on trouve la cave et la bergerie tandis que le logis occupe l’étage. Il est accessible par un escalier extérieur que prolonge un perron bâti sur voûte, abrité par l’avancée du toit. C’est le terrassou, une galerie couverte mise à profit pour les activités domestiques et les veillées. Quant au grenier (galeta), il était utilisé comme fenil ou séchoir. L’absence de neige explique la conception méridionale du toit (inclinaison de 15 à 25°), couverte de tuiles canal. En haut des murs, une génoise faite de tuiles superposées forme une corniche plus ou moins haute suivant l’aisance du propriétaire.
Toits de lauze pour affronter les éléments
D’un seul bâtiment, la ferme des Quatre Montagnes est une maison « bloc-à-terre » couverte de lauzes qui regroupe sous le même toit les fonctions d’habitation et d’exploitation (grange, étable). Massive, cette bâtisse est conçue pour affronter pluie, neige et vent. Aussi est-elle souvent implantée en fond de vallon pour tourner le dos aux vents d’est et s’ouvrir au soleil de midi. De même, le bâtiment s’adapte à la pente du terrain pour éviter de coûteux travaux de terrassement. Proche d’un chemin ou d’une route, la ferme prend place entre deux solides pignons de pierre qui s’élèvent en « pas-de-moineau ». Ces redents ou gradins, sont couverts de grandes lauzes scellées avec une légère inclinaison pour assurer l’écoulement de l’eau vers l’extérieur. Ce traitement en escalier destiné à empêcher les infiltrations d’eau et de neige balayées par le vent rappelle que les toitures étaient jadis coiffées de paille de seigle. C’est pourquoi les fermes de la charpente ne sont pas scellées sur le sommet des pignons mais encastrées dans leurs maçonneries.
Côté Culture
Histoire et géographie
Le massif du Vercors s’est développé à part du monde durant le Moyen Age. Puis répondant aux besoins en bois de charpente des constructions navales des XVIe et XVIIe siècles, le Vercors s’est peu à peu ouvert à l’extérieur. Ce n’est pourtant qu’au XIXe siècle et surtout au XXe siècle que le massif est vraiment accessible grâce au développement du réseau routier, en partie pris en charge par les communes elles-mêmes. Désormais, le tourisme est une des premières activités de la région.
Des Quatre Montagnes au Vercors central
Dominant Grenoble, la partie septentrionale du massif doit son nom aux quatre paroisses de Lans-en-Vercors, Villard-de-Lans, Autrans et Méaudre. C’est un plateau aux fortes dénivellations bordé de falaises et de massifs dont la Grande Moucherolle (2 284 m). Plus au sud, le Vercors central est le cœur historique jadis occupé par la tribu celte des Vertacomicorii. C’est ce vocable que des géographes grenoblois choisirent entre 1920 et 1940 pour désigner la région plutôt que celui de massif du Grand Veymont à l’exemple des massifs voisins tels ceux de la Chartreuse ou des Ecrins. Cette identité fut encore renforcée avec la métaphore de « forteresse naturelle » quand le massif devint, dès 1941, un des hauts lieux de la Résistance.
Flottage du bois et élevage en Alpages
Jusqu’au XIXe siècle, la richesse des forêts a été exploitée par les habitants. Après débitage, certains des fûts (hêtres, épicéas, etc.) étaient transportés sur des chars tirés par des chevaux ou par des bœufs vers des scieries, souvent mues par la force des rivières, pour y être débités en planches. Les grumes étaient précipitées du haut des escarpements par des couloirs inclinés (les « jets »), puis regroupées et assemblées en radeaux que l’on faisait flotter sur l’Isère et le Rhône pour rejoindre les chantiers navals de la Méditerranée. Autre ressource, l’élevage bovin a su tirer profit des races locales pour leur lait et l’excellence de leur viande telle la villarde, vache rustique bien charpentée à la robe blonde née du croisement de races des Alpes et du Jura.
Du climatisme aux sports d’hiver
Les années 1930 marquent l’essor du climatisme. Réputée pour son air pur et son ensoleillement, Villard-de-Lans est consacrée « station climatique » par un comité médical, pour soigner les déficiences respiratoires tels la tuberculose ou l’asthme. Proche de Grenoble et soumise à de forts enneigements, la région attire aussi les amateurs de ski de fond, de balades en traîneaux attelés, puis de ski alpin. Les Villardiens se lancent les premiers dans l’aventure de l’or blanc en aménageant un domaine skiable, des stations, des téléskis et télécabines. En 1968, les jeux Olympiques de Grenoble consacrent cette économie touristique en choisissant Saint-Nizier pour les compétitions de saut, Autrans pour les sauts sur tremplin et les épreuves de ski de fond. Leur organisation favorise la création d’équipements et la pratique du ski dans le Vercors.
Terre de transition entre le Dauphiné et la Provence, le Trièves mêle les influences alpines et méridionales.
Le Trièves, adossé aux contreforts du Massif
Voie de passage naturelle entre Grenoble et la Haute-Provence, le Trièves borde le flanc est du Vercors, formant un long bassin où s’achève le sillon alpin. Tirant peut-être son nom de trois voies romaines (tresviae), ou de la présence d’une tribu (trievires). Son relief varié fait de collines boisées, de buttes, de plateaux en paliers, de vallons, de cours d’eau, et d’alpages, le morcelle en maintes petites régions. Terre de transition entre le Dauphiné et la Provence, le Trièves mêle les influences alpines et méridionales. Exploitation forestière, culture de céréales et de fourrages, élevage de bovins pour le lait et la viande, de brebis et d’agneaux, composent les activités traditionnelles que complétaient jadis la production de draps de laine et la métallurgie.
Le diois, un parfum de Provence
Adossé au versant sud du Vercors, le Diois occupe le nord-est de la Drôme. Baigné d’influences méditerranéennes, il alterne versants montagneux (massif du Glandasse qui s’élève de 1 300 à 2 041 m), combes, plateaux, vallées, collines… En contraste avec les montagnes humides et les forêts sombres, il livre à mesure que l’on rejoint la vallée de la Drôme, des paysages qui semblent issus du Midi. S’y succèdent pins sylvestres, chênes pubescents, buis, coteaux ensoleillés plantés de vignes (à l’origine de la clairette de Die), champs de lavande et de tournesols… Comme dans le Vercors, la forêt a joué un rôle essentiel. Les hêtres donnaient du bois de chauffage tandis que le tan des écorces de chêne était utilisé pour teinter cuirs et peaux. Quant au noyer, il fut l’essence reine d’une ébénisterie florissante (XVIIIe-XIXe siècles), produisant buffets, armoires, vaisseliers, tables… Comme dans le Midi alpin et provençal, le Diois pratiquait l’élevage ovin. Adapté à l’herbe rase des pentes escarpées, le mouton donnait viande et laine. Les alpages éloignés étaient loués aux bergers provençaux qui transhumaient parfois avec plus de deux mille têtes.