Maisons du Lyonnais

Monts d’or, monts du Lyonnais, Beaujolais des Pierres dorées… Au-delà de Lyon, cité bimillénaire au centre historique classé au patrimoine de l’Unesco, partons à la découverte de quelques terroirs riches de couleurs et saveurs

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Lyon imprime aussi sa marque par les nombreuses demeures somptueuses des soyeux, bourgeois lyonnais enrichis par le commerce de la soie. En plaine, c’est aussi de vastes territoires qui n’imposent pas de limites strictes aux surfaces des bâtiments, mais que la Saône et l’Ain se plaisent à envahir régulièrement.

le nuancier lyonnais
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Côté Architecture

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La Bresse : célèbre volaille et duo de matériaux

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Pour renommée qu’elle soit, la Bresse ne se résume ni à son fameux chapon, ni à ses poules, poulets aux fines pattes bleues, et poulardes qui picorent le maïs dont on voit sécher les épis sous les larges auvents des fermes. Ce pays de bocage logé entre les vallées de la Saône et de l’Ain, offre aussi un savoureux patrimoine architectural. L’originalité du bâti s’exprime avant tout dans ses fermes, chef-d’œuvre de charpenterie et d’écologie avant l’heure. Dans ce pays pauvre en pierre, l’homme a redoublé d’inventivité pour construire avec la terre et le bois, seuls matériaux abondants. Le chêne est réservé à l’édification du pan de bois et de la charpente de la maison tantôt conçue avec un étage en encorbellement sous toiture, tantôt avec une façade en retrait de la charpente qui ménage une belle galerie couverte. Une cheminée dite sarrasine à mitre ouvragée couronne le toit de tuiles canal, donnant aux fermes bressanes un petit air oriental.

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L’originalité du bâti s’exprime avant tout dans ses fermes, chef-d’œuvre de charpenterie et d’écologie avant l’heure.

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Le pisé

Terre crue compactée dans une banche (ou coffrage), le pisé (du latin pinsare qui veut dire piler, broyer), est un mode de construction de murs porteurs jadis très utilisé dans toute la région. La méthode consiste à placer un coffrage de bois (sans fond et à largeur réglable), sur un soubassement maçonné (pierres, galets, briques). Puis à les remplir de terre argilo-sableuse avant de la compacter de longues heures durant avec un pilon (appelé dame ou pisoir). Ainsi battue, la terre coffrée réduisait des 2/3 de son épaisseur ! Après séchage, la banche était démontée puis remontée plus loin pour prolonger cette portion de « béton ». Superposée à cette dernière, la levée suivante était réalisée en sens inverse, à joints décalés en plaçant la banche à cheval sur les deux banchées inférieures, pour éviter que les joints ne se superposent et ne fragilisent le mur. Souvent, on maçonnait un cordon de mortier de chaux sur le lit d’attente de chaque banchée, avant de mettre en œuvre la levée suivante pour les protéger des intempéries.

Côté Culture

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Histoire et géographie

Garde-manger de la ville, cette région livre depuis toujours la richesse de son terroir à la gastronomie lyonnaise. Vins, volailles, poissons, fromages, charcuteries, grenouilles, écrevisses, bœufs… Que de secrets des célèbres mères lyonnaises, de celles qui ont fait la réputation de Lyon, ne tiennent qu’à la qualité de ces produits !

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Et le silence est d’or...

À la lisière des premiers contreforts du Massif Central, le Lyonnais ondule de monts en vallons, de coteaux en plateaux. Petit massif montagneux qui domine la plaine de la Saône et culmine au mont Verdun (625 m), les Monts-d’Or sont renommés pour leurs carrières dont on extrait depuis l’époque romaine un calcaire ocre jaune dont la première grande consommatrice fut… Lugdunum. Au gré des hameaux se rencontrent d’anciennes maisons de vigneron. De plan rectangulaire, on y accède souvent par un escalier extérieur protégé d’un auvent, formant galerie, porté par des piliers de pierre ou des poteaux de bois. Souvent isolée, la ferme jadis tournée vers la polyculture organise ses dépendances et son habitation autour d’une cour fermée.

Les Monts du Lyonnais, par monts et par vaux !

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À l’est, non loin du département de la Loire, les monts du Lyonnais déroulent leurs collines rythmées de prés (élevage laitier), cultures, vignes et vergers (cerises, fraises, pêches de vigne), ceinturés de bocages, bosquets ou murs de pierres sèches. Le relief s’accentue au nord avec les monts de Tarare (1 004 m d’altitude), qui voisinent avec ceux du Beaujolais. Établis sur les versants ou les plateaux, les bourgs et villages étaient jadis clos par un rempart, ce qui explique leurs maisons à étages serrées les unes contre les autres. Aux XVIIIe-XIXe siècle, l’essor de la polyculture (céréales, élevage, vigne) favorise la construction de fermes à cour fermée souvent en U. Dispersées au cœur des herbages près d’une source, elles sont dotées de deux accès : un portail à jambages de pierres de taille couronné d’une corniche à la lyonnaise côté chemin, et une porte plus modeste côté champ. Organisées sur trois niveaux, elles étagent cave et fruitier, niveau d’habitation et grenier pour stocker fourrage et semences. De part et d’autre, elles sont flanquées de dépendances (étable, écurie, grange, remise) nécessaires à l’exploitation.

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L’habitat type reste la maison vigneronne en calcaire gris ou doré par l’oxyde de fer ocre jaune avec son escalier extérieur donnant accès à un balcon juste au-dessus de la cave et des tonneaux.

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Aître ou ne pas aître ?

L’étage de la façade de l’habitation, exposée au sud pour se protéger des vents froids du nord, s’ouvre souvent sur une large galerie au sol dallé de « cadettes » (calcaire dur gris), que rythment des colonnes (pierres de taille jaunes ou granit) dont la base repose sur un soubassement tandis que leur sommet supporte la panne sablière de la charpente (chêne ou châtaignier). À un niveau, pour les plus modestes, ou à deux niveaux portés par des arcs en plein cintre, l’aître est ménagé en retrait des extrémités de la façade afin d’être protégé naturellement par le versant de la toiture coiffé de « lyonnaises » (tuiles canal de 37 cm de long), qui forment ainsi un auvent. Il n’est pas rare d’y trouver une table, un banc ou quelques chaises, voire une cage en bois suspendue à une poulie où l’on faisait jadis sécher les fromages. Ainsi, quand les fermes font galerie se fait jour un petit parfum d’architecture méridionale.

Le Beaujolais nouveau est arrivé !

Chaque année, le troisième jeudi du mois de novembre, dans près de deux cents pays, on déguste ce vin né entre Lyon et Mâcon. Quel incroyable succès pour ce modeste terroir qui s’étire sur 50 km le long de la vallée de la Saône. Les vignes occupent un paysage de collines entrecoupé de vallons boisés qui s’adossent aux derniers contreforts du Massif Central. Plus haut, le beaujolais viticole cède la place aux Monts du Beaujolais où les plantations de résineux l’emportent sur les prairies d’élevage. Villefranche-sur-Saône, dominée par les flèches de sa collégiale, partage ce pays viticole en deux. Au nord, la zone des crus prestigieux (moulin-à-vent, morgon, fleurie, brouilly...), et celle des beaujolais-villages plantés sur des terrains granitiques. Au sud, les terrains argilo-calcaires portent l’AOC Beaujolais. L’habitat type reste la maison vigneronne en calcaire gris ou doré par l’oxyde de fer ocre jaune avec son escalier extérieur donnant accès à un balcon juste au-dessus de la cave et des tonneaux.