Maison des Vosges

La maison des Vosges est souvent massive abritant grange, étable et cuisine. Villages-rues, fermes, villes thermales signalent la présence humaine et un ingénieux sens de l’adaptation… et on s’adapte très bien à ce massif tout de granit et de grès. Randonnées, escalade, ski, séjour thermal, les Vosges invitent à de vivifiantes activités ! Trouée de lacs, traversée de sources, rivières et cascades, cette montagne (née il y a 300 millions d’années) s’élève de plateaux en collines, de prairies d’altitude en monts arrondis pour culminer à 1425 m au Ballon de Guebwiller.

Styles

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Les fermes allongées et isolées dans la montagne vosgienne alternent avec des villages-rues caractéristiques des plaines et vallées de l’est de la France.

le nuancier des vosges
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Côté Architecture

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Villages-rues : quand maisons et voirie s’associent

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Les fermes et maisons s’étirent souvent en bandes formant des bourgs et villages compacts. En retrait de part et d’autre d’une rue centrale, cet alignement délimite un terrain appelé « l’usoir », sorte d’espace public où les habitants entreposaient charrues, bois, fumier… Alentour s’étendent des champs ouverts : prairies, terres labourées, vergers et arpents de vignes. Cet habitat organisé en village-rue a sans doute été adopté pour faciliter la pratique de l’assolement triennal. Les paysans possédaient trois types de parcelles qu’ils devaient ensemencer, récolter ou laisser en jachère (ou en pâture), suivant un calendrier précis. La ferme reprend le principe de la construction en travées percées de portes qui révèlent leurs fonctions d’habitation et d’exploitation. Ainsi se distinguent la maison à trois travées du laboureur (propriétaire d’un attelage), la maison à deux ou une seule travée pour les manouvriers. L’entrée s’effectue par une porte piétonne accolée à une grande porte charretière. Couverte d’un arc en plein cintre ou en anse de panier, la porte de la grange est l’élément d’animation majeur de la façade avec ses deux vantaux en double épaisseur de planches montrant à l’extérieur des motifs verticaux, horizontaux ou en chevron. Une imposte en bois chantourné ou dessinant des motifs « en demi-soleil » les surmonte souvent.

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Cet habitat organisé en village-rue a sans doute été adopté pour faciliter la pratique de l’assolement triennal.

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Massive d’aspect mais délicatement sculptée

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Dans les Hautes Vosges, la ferme allongée réunit sous le même toit exploitation et habitation. Etirée sur trois travées, percée d’autant de portes, elle abrite une grange, une étable et l’habitation avec sa cuisine, sa pièce à vivre chauffée par un poêle et un cellier. Depuis la cuisine, un escalier raide conduit aux chambres logées sous le comble. Imposante, la toiture était jadis couverte de bardeaux de sapin ou d’épicéa (les « essis »). Désormais, la tuile plate, à emboîtement, la tôle ou le bac acier les remplacent. La façade est enduite à la chaux et soulignée par les encadrements des baies en grès rose tandis que la porte de l’habitation est surmontée d’un imposant linteau en grès rose gravé avec une niche qui abrite une statue de saint ou de la Vierge. Au sud-ouest, la ferme adopte un plan presque carré. D’aspect massif, elle regroupe aussi le logis, la grange et l’étable. Particularité : l’accès s’effectue par le « charri », sorte d’avant-grange (ou vestibule) dallée qui abrite une fontaine. Il dessert les portes de l’habitation (souvent disposée au sud, à gauche), de la grange (au centre) et de l’étable (à droite). Délimité par des murs de refend, le logis bâti sur cave (pour conserver les fromages) abrite une cuisine avec sa cheminée (prolongée en extérieur par un four à pain) et une pièce commune chauffée par un poêle.

Côté Culture

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Histoire et géographie

Forestières et rurales, les Vosges n’en furent pas moins une terre d’industries. Dès le Moyen Age, l’extraction minière (fer, cuivre, argent), rythment les vallées tandis que les cours d’eau actionnent les roues des moulins qui transforment le bois en papier. Au XIXe siècle, le textile connaît un âge d’or grâce à la proximité de Mulhouse, centre de production des indiennes (toiles de coton peintes ou imprimées), et la présence d’une abondante main-d’œuvre paysanne. Cœur de l’économie montagnarde, l’exploitation forestière fournit le bâtiment et la marine en bois d’œuvre, l’industrie minière, les verreries et cristalleries en combustible.

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« Le roi se Meurt ! »

Comme une longue clairière couverte de prairies, cernée de sapins et de hêtres, la plaine occupe le centre du département. Des sources d’eaux chaudes aux vertus médicales ont fait naître les stations thermales de Vittel et Contrexéville tandis que leurs sources d’eau froide sont à l’origine d’un florissant commerce. Plus au sud, couverte d’une épaisse forêt, la Vôge forme un plateau entaillé de vallées et de gorges. L’eau s’y écoule en fleuve, rivières, sources et cascades. Dans la vallée de l’Augronne, Plombières-les-Bains est riche de 2000 ans de thermalisme. Grands amateurs d’eau, les Romains captèrent ces eaux sortant de terre à 62 °C et les canalisèrent dans des thermes. Au Moyen Age, les ducs de Lorraine y prennent les eaux. En 1715, Louis XIV atteint d’une infection au pied, se voit prescrire de l’eau de Plombières. Mais, lorsque les précieuses bouteilles parviennent à Versailles, le roi se meurt ! Station verte, le Val-d’Ajol s’étend sur plus de 7 000 hectares, regroupant 60 hameaux disséminés à travers bois. S’y égrènent croix et calvaires aux fonctions multiples : expression de la foi, station de processions et de prières, bornes de commémoration (crimes, épidémies…).

Des hautes chaumes à la ligne des crêtes

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A l’est, se dressent les Hautes Vosges qui étagent prairies, sapinières et hautes chaumes (pelouses d’altitude où poussent myrtilles, gentianes et bruyères). Inscrites dans le Parc naturel régional des ballons des Vosges, elles élèvent leurs cimes arrondies de 600 à 1 425 m. Installée sur les rives de la Meurthe, Saint-Dié-des-Vosges, sa capitale, a vu naître Jules Ferry en 1832 à qui l’on doit l’école primaire laïque et gratuite ainsi que l’obligation de l’instruction (et non de la scolarisation). Ici fut imprimée en 1507 la première carte de l’Amérique. Depuis 1990, la ville célèbre cette initiative en organisant un festival international de géographie. A l’est, se dresse la ligne des Crêtes. De l’annexion de l’Alsace-Lorraine (en 1871), à la victoire (en 1918), elle marquait la frontière entre la France et l’Allemagne, symbolisant la limite des territoires à reconquérir. Au sud, s’ouvre la vallée des lacs de Gérardmer, émaillée de cascades, sauts et sources.