Inaltérable et durable, le carrelage s’inscrit dans la tendance actuelle des solutions capables d’affronter la vie quotidienne pendant des années. Pour garantir un tel résultat, il n’y a qu’un secret : des sols parfaitement préparés.
L'importance d'un support parfait
Une question d'interface
Le carrelage a toutes les vertus, sauf une, la souplesse. Tant qu’il n’est pas scellé, collé, ou si cela a mal été fait, il reste fragile et cassant. Il l’est également s’il est fixé sur un support lui-même flexible. Comme il ne peut pas suivre le mouvement, il se décolle, dans le meilleur des cas, ou se fend. Ce phénomène est aggravé par la mode des grands formats qui ne tolèrent aucune irrégularité. Pour garantir un résultat impeccable, il faut donc choisir la bonne liaison, c’est-à-dire le mortier de scellement ou le mortier-colle. Le premier est une recette préparée sur place et appliquée en couche épaisse. Les carreaux sont ancrés dedans. C’est exclusivement le talent du carreleur qui garantit le résultat. Aujourd’hui, les planchers et dalles font partie intégrante du gros œuvre et le carrelage est fixé au mortier-colle, en couche mince. La technique est plus facile à maîtriser. La première règle est de choisir le produit adapté au type de carreau (poreux ou pas, format,…) et au support (neuf, ancien, rigide, souple,…). D’autre part, il faut un support parfait.
S'il n'est pas posé dans les règles de l'art, le carrelage reste fragile et cassant.
Neuf ou réno ?
N'allez pas trop vite !
Dans le neuf, le support est majoritairement en béton. L’erreur la plus fréquente est de vouloir aller trop vite. Du béton, ça doit sécher. Longtemps. Et le volume d’eau à évaporer est important. Si le carrelage est posé trop tôt, l’humidité est bloquée, le béton ne durcit pas. En rénovation, la tentation est grande de laisser l’ancien revêtement en place. C’est rarement la meilleure solution, car cela crée deux risques de désordre au lieu d’un, à la liaison entre le carreau et l’ancien support d’abord, puis entre celui-ci et le support, ensuite. Il faut donc idéalement faire place nette et ragréer.
Carreler sur un ancien revêtement
La tentation est grande, car cela fait gagner beaucoup de temps de préparation. Les fabricants de colles et de mortiers proposent des solutions qui ne sont pas retenues dans les DTU. Avant tout, il faut s’assurer que l’ancien revêtement, quel qu’il soit, est collé (pas de pose flottante), en bon état et qu’il est au moins aussi résistant à l’arrachement que le nouveau carrelage. Tous les défauts, les éléments décollés, doivent être enlevés et corrigés. D’autre part, de nombreux revêtements existants exigent des préparations spécifiques, lessivage à la lessive de soude, ponçage, grenaillage, etc. D’autres sont incompatibles (bétons cirés,…) ou imposent une mise en œuvre particulière (confinement dalles amiantées, plancher bois,…). Il existe des nattes de désolidarisation permettant de carreler sur un ancien carrelage.
Si vous ne le faites pas ...
Ça gondole et ça se décolle
En pose collée, laissez un relief d’une épaisseur à peine supérieure à celle du lit de colle et le carreau ne sera pas aligné avec ses voisins, sans aucune possibilité de rectifier la situation. Si le mortier-colle n’adhère pas, les joints autour du carreau vont d’abord s’effriter, le carreau va bouger et se soulever, du fait des débris et poussières qui se glissent dessous. Il faut alors sonder tous les carreaux, décoller ceux qui sonnent creux, les gratter ainsi que le support, puis essayer de les reposer sans les faire dépasser. Une gageure.
Préparer vos sols : retirer un ancien revêtement
En règle générale, l’ancien support doit être enlevé. Un carrelage est décollé au marteau burineur. Les plus gros dépôts de mortier-colle sont grattés ou poncés (couteau, spatule électrique, ponceuse).
Les revêtements souples sont arrachés, généralement à sec. Contrairement au mortier-colle, le fixateur de ces revêtements doit être entièrement décapé par action mécanique (grattage), par action chimique (décapant) ou par action thermique (décapeur).
Avant d’appliquer un ragréage, le bas des murs est protégé en collant un ruban de masquage large. Il sera enlevé après le séchage du produit. Le sol est balayé et aspiré, et particulièrement dans les reliefs en creux.
Le ragréage est largement conseillé sur les supports anciens, car il comble les trous, égalise la surface et uniformise ses performances d’adhérence. Comme il est liquide, il est étalé en couche mince. Autonivelant, il ne crée pas de relief.
Préparer vos sols : avant la pose
Un sol ragréé ou en béton neuf est très poussiéreux. Si un produit de cure a été utilisé lors de la réalisation du support, il doit être éliminé par grenaillage, sablage ou ponçage. Ensuite, la première étape est de passer le balai avec le plus grand soin.
Le balai est nécessaire, mais il ne suffit pas. Il faut aussi longuement passer l’aspirateur en tous sens. Attention, la poussière de ciment est très abrasive et colmate les filtres. Un aspirateur traineau standard ne résistera pas.
L’application d’un primaire garantit l’adhérence du mortier-colle et règle la porosité du support. Il est choisi en fonction de la nature du support. Il est appliqué en couche généreuse. Le carrelage peut être posé dès que le primaire ne mouille plus le doigt.
Si un primaire a été utilisé, il est inutile de mouiller le support. Pour la première rangée de carrelage dans l’axe, de grandes règles métalliques servent de guide. Elles sont calées par des seaux de colle ou des paquets de carreaux.
Préparation de la colle
En cuisine, le tour de main est indispensable pour monter une mayonnaise, une chantilly ou une béchamel. Pour une colle à carrelage, c’est pareil. D’abord, il faut éviter toute approximation sur les quantités et le dosage en eau. C’est la raison pour laquelle il est préférable de préparer des sacs entiers. Sinon, il est plus sûr d’utiliser des pâtes prêtes à l’emploi. Ensuite, il faut un malaxage mécanique, à 500 tr/min, long et régulier. Le mélange s’effectue en effet en plusieurs phases, d’abord eau et poussière, puis gros grumeaux presque secs et liquéfaction progressive. La colle est prête lorsqu’elle est lisse, façon pâte à tartiner
En savoir plus
Le joint de fractionnement
Avec un bon mortier-colle, le carrelage adhère parfaitement sur une chape de béton. Mais il ne faut pas croire que celle-ci est d’une stabilité à toute épreuve. En effet, elle doit s’adapter en permanence aux mouvements de structure, causés par des meubles très lourds, une forte tempête, une sécheresse, voire le froid, la canicule, etc. Sur des surfaces réduites, ces variations sont compensées et ne provoquent pas de dégâts. Mais si la surface carrelée est importante, des tensions se créent, qui finissent par fissurer le béton comme le carrelage, en suivant les joints ou en plein carreau. C’est la raison pour laquelle des joints de fractionnement sont systématiquement prévus, pour le béton (tous les 40 m2 et/ ou 8 m) comme pour le carrelage. Ce dernier doit en effet respecter les joints du support (en périphérie de la pièce notamment)