Nicolas Mathéus
Devant cette puissante ferme italienne, un hangar échappa en partie à la démolition. Les architectes l’ont conservé en partie et ont ouvert ses murs pour réaliser une cuisine extérieure de premier niveau. Pour autant, tout le monde n’a pas un hangar à récupérer devant chez lui, alors nous avons imaginé la conception de cette cuisine en partant de zéro : sans pilier, sans toiture. Voilà ce qu’il faudrait donc mettre en œuvre pour obtenir un résultat similaire et cuisiner enfin la pasta en plein air !
Cuisiner en plein air
C'est l'idéal sous les latitudes où les étés sont chauds et les soirées estivales douces. La cuisine en plein air offre l'occasion de préparer de bons petits plats et de les déguster tout en profitant d'un panorama incomparable.
Adapter le mobilier
Qui dit cuisine en plein air, dit aussi d'adapter les différents éléments aux aléas climatiques. Car si la cuisine ne servira qu'aux beaux jours, elle doit pourtant supporter sans s'abîmer des températures et un climat plus rigoureux. Les différents éléments de la cuisine seront donc composés en matériaux qui ne craignent ni l'humidité, ni le froid. Ici nous avons choisi le béton, camouflé par un parement de briques, et du bois massif pour constituer la table. L'ensemble de la cuisine, lui, est en acier inox.
Que dit la loi ?
Du côté de la législation, si la cuisine extérieure fait moins de 20m2, une déclaration préalable suffira, à moins que votre maison ne soit située dans un périmètre dépendant des Bâtiments de France. Par contre, si la surface de la cuisine extérieure dépasse les 20m2, il sera nécessaire de déposer une demande de permis de construire auprès de votre mairie.
Dans la recette à suivre les briques ne servent qu’à l’habillage, la charge est supportée par le béton.
9 étapes pour créer une cuisine extérieure
1. Les fondations
Un mur de soutènement est édifié à l’extrémité de la terrasse, opposé à la maison. Le terrain est nivelé, la terre de déblai est utilisée pour créer une pente douce de part et d’autre du futur emplacement de la terrasse. Les dés de fondation à l’emplacement des piliers qui soutiendront la charpente sont creusés, ferraillés et remplis de béton. Les réseaux qui desservent la cuisine sont mis en place avant de couler le béton.
2. Le ferraillage
Des carrés de fer à béton sont mis en place dans du béton frais disposé au fond des trous de fondation des poteaux. Ils sont parfaitement d’aplomb.
3. Le coffrage
Un coffrage en bois est fabriqué sur mesure pour chaque poteau. Les planches sont toujours clouées par l’extérieur pour un décoffrage facile.
4. Le bétonnage
Une fois ferraillés et coffrés, les piliers de soutien de la charpente sont remplis de béton. C’est la petite astuce qui renforce la tradition : les briques ne servent qu’à l’habillage et la charge est supportée par le béton.
5. Le calepinage
L’appareillage du parement est réalisé avec des briques placées dans la longueur, les “panneresses”, alternant avec des briques présentant leur petit côté, les “boutisses”. Mais le calepinage est complexe : il alterne ces briques irrégulièrement d’un rang sur l’autre mais sans jamais que deux joints verticaux se superposent.
6. Les découpes
Comme l’habillage des piliers n’est pas plus large qu’une brique, de nombreuses coupes sont nécessaires pour figurer les boutisses (en demi briques), suivre l’appareillage (coupe au quart). Pour garder l’effet “rustique”, les découpes sont obtenues d’un coup sec au ciseau à brique, après avoir entaillé le tracé.
7. Les assises
Pour les supports de table et de cuisine, les masses de briques sont creuses. Les côtés sont maçonnés, avec le même procédé que pour les piliers. Notez qu’il s’agit d’assises réglées : chaque rang est au même niveau. Surtout, les briques sont scellées dans un épais lit de mortier bâtard.
8. Les supports
Deux barres de fer en forme de T sont scellées dans le dernier rang de briques. Les joints en mortier les rendront invisibles. Ces barres supportent le plateau de bois massif de la table. Celui-ci est creusé de deux rainures par dessous pour loger les barres de fer tout en les cachant. Le même procédé est utilisé (mais à une hauteur plus basse) pour porter les éléments de la cuisine.
9. La finition
Les supports de la table et de la cuisine sont remplis de sable jusqu’à l’avant dernière rangée de briques. Celui-ci est damé. Un treillage à mailles carrées est mis en place et scellé dans le lit de mortier qui sert d’assise à la plateforme en briques. Les joints sont beurrés à la poche à douille puis lissés au fer. Le sol de la terrasse est habillé de la même manière.
Détails pratiques
Le montage de la table et des éléments de cuisine
Une autre méthode pour fabriquer le plateau de table consiste à arrimer aux plots maçonnés un cadre métallique, soudé grâce à des tiges filetées. Le cadre est alors garni de panneaux de ciment armé de fibres, doublés de tasseaux de bois pour les chants visibles de la table. Le cadre est également revêtu d’un panneau de contreplaqué marine, réplique d’essence fine, verni en 5 couches. Au final, la table offre un aspect massif tout en demeurant relativement fine.
La cuisine est réalisée entièrement sur mesure en acier inox. Elle est portée par les côtés sur des consoles scellées dans le pilier et le plot
Un coup d'oeil sur la charpente
Bien trop massive pour la charge qu’elle doit supporter, c’est-à-dire une simple couverture en canisses de roseau posées en triple couche, cette charpente est avant tout esthétique. Elle repose sur des pannes doubles qui relient les piliers par paire. Chaque panne est vissée sur le pilier par l’intermédiaire de deux tiges filetées de gros diamètre, scellées dans le béton. Les chevrons sont tout aussi impressionnants puisqu’ils sont d’une seule pièce sur toute la portée.
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