Construire sur un sol argileux est possible, mais comment faire lorsque la maison existe déjà ? La première étape est de s’informer et la deuxième est de ne pas s’en remettre aux autorités divines pour trouver une solution.
Etat des lieux
N’attendez pas de voir apparaître les premières fissures pour vous inquiéter des risques encourus par votre maison. Car, si elle est construite sur un terrain sensible au risque de retrait gonflement des argiles (RGA), elle en subira tôt ou tard les conséquences. Une visite à la mairie ou sur le site georisques.gouv.fr vous apportera la réponse. Vous pourrez ainsi envisager les travaux de confortement possibles, estimer leur coût et prévoir leur financement. Car le comportement des sols vis‑à‑vis de l’eau n’est pas le seul à provoquer des désordres ou à les favoriser. Il faut aussi citer leur hétérogénéité, la présence de végétation, le relief, les défauts de construction ou de conception, les vibrations, le gel, etc.
Etablir un diagnostic
Le plus souvent, ce sont les premiers désordres qui alertent sur l’existence du risque et c’est l’expert mandaté par l’assureur qui en dresse le bilan. Son diagnostic porte sur la gravité de la situation, à quel degré les fissures affectent l’habitabilité de la maison. Il établit aussi la typologie des fissures, leur emplacement, leur taille et leur évolution, par l’installation de témoins mobiles. L’étude porte encore sur la structure de la maison, celle du sol et de l’environnement. Ce diagnostic a pour but de déterminer l’origine exacte des désordres, d’abord s’ils sont le fruit d’un risque RGA ou pas, ce qui intéresse l’assureur pour l’indemnisation, ensuite pour déterminer la meilleure méthode pour conforter l’édifice, dans l’hypothèse où cela reste possible. Le traitement des désordres fait généralement appel à trois types d’actions distinctes. Mais il ne permet pas de résoudre toutes les situations, du fait de l’état du bâtiment, de la présence de constructions alentours ou de la qualité du bâti.
L’action principale et souvent la plus spectaculaire est l’intervention sur les fondations, afin d’en augmenter la profondeur.
Les différents points d'action
Agir sur l'environnement
Cela consiste d’abord à améliorer la gestion des eaux de surface par l’imperméabilisation des sols au pied des façades, la collecte et l’évacuation des eaux de ruissellement, la reprise du réseau des eaux usées et la mise en place d’un système de drainage périphérique. A cela s’ajoute la coupe ou l’élagage des arbres et l’installation de barrières anti‑racines.
Agir sur les fondations
C’est l’action principale et souvent la plus spectaculaire. Comme, dans la plupart des cas, le bâtiment n’est pas assez fondé, il suffit d’augmenter la profondeur des fondations. Cela signifie qu’il faut intervenir sous le bâtiment existant pour renforcer, prolonger, voire créer des fondations correctes. Il existe de très nombreuses techniques, qui ont toutes en commun de faire intervenir des entreprises spécialisées ou hautement qualifiées. Le choix de l’une d’entre elles dépend du désordre à rectifier et du compte rendu d’expertise. Dans le cas d’un dallage sur terre‑plein, impossible à réparer, la seule technique envisageable consiste à construire un plancher désolidarisé au‑dessus, ancré dans les murs porteurs. Mais même cette solution n’est pas applicable en cas d’argile gonflante.
Agir sur la structure
Une fois l’équilibre hydrologique des sols rectifié et les fondations stabilisées, il est possible de réparer la structure, mais pas avant. Cela consiste à ajouter des sutures, comme sur la créature de Frankenstein, pour stabiliser les fissures, compléter les liaisons avec des chaînages rapportés et rigidifier tout ce qui peut l’être. Cela peut aussi passer par de la découpe, pour insérer des joints de rupture. Ce n’est qu’à la fin de ces travaux qu’il peut être envisagé… de reboucher les fissures. En prévention, il est possible d’intervenir sur la maison (fondation ou autres) mais aucune aide n’est à espérer des assureurs.
Mode de renforcement en 4 exemples
Aussi incroyable que cela puisse paraître, on peut renforcer les fondations d'une maison !
1. Les plots jointifs
Les fondations sont localement mises à nu et renforcées par des massifs en béton armé de dimensions limitées, mais de profondeur suffisante, coulés sous les semelles existantes. Les intervalles entre les plots sont ensuite remplis par de nouveaux massifs de manière à disposer d’une portance continue.
2. La longrine de rigidification
Elle peut être employée seule ou en complément d’une autre technique. Son rôle est de bodybuilder des fondations existantes trop maigrelettes. Il s’agit donc de béton fortement armé.
3. Les micropieux
Il s’agit de tubes métalliques creux de section réduite, introduits dans des forages de 14 à 25 cm et d’une longueur pouvant atteindre 20 m. Le tube sert à injecter un coulis de béton sous pression qui remplit le forage. Les pieux sont ensuite liés aux semelles existantes.
4. L’injection de résine
L’opération vise à injecter dans le sol, sous le bâtiment, une mousse expansive au moyen de longues cannes. La résine comble les vides et stabilise le terrain. Cette technique est précédée d’un plan d’intervention précis, résultant d’une étude de sol complète.
Et le risque sismique ?
Le tremblement de terre du Teil en novembre 2019 a rappelé la rémanence du risque sismique en France. Il ne s’agit pas d’un aléa lié au dérèglement climatique, mais les techniques pour protéger les bâtiments sont comparables à celles mises en œuvre pour prévenir le risque RGA. Mais la grande différence entre un risque RGA et un séisme est la soudaineté du second qui ne permet pas de mettre les occupants à l’abri.
Il existe des règles pour le neuf et la rénovation en zones 3 et 4 notamment (création ou suppression de surface de plancher supérieure à 20 ou 30 %).
Il existe un PPR (Plan de Prévention des Risques) spécifique pour le risque sismique.