Un récupérateur d'eau de pluie est une source d'or "bleu" pour nos jardins et nos potagers. Une descente de gouttière, un réservoir, un couvercle hermétique, des tuyaux, des robinets, de l'ombre sont les éléments nécessaires pour installer un récupérateur d'eau. Et nos explications apportent de l'eau à votre "moulin" !
Récupération, stockage et utilisation de l'eau de pluie
Récupérer l’eau, c’est bien. L’utiliser à bon escient, c’est mieux. Car cette opération illustre bien les nécessités d’adaptation que les bouleversements climatiques imposent désormais. Il faut en effet apprendre à adapter sa consommation à une ressource réduite.
Longtemps, récupérer l’eau de pluie était réservée aux jardins ouvriers et aux cabanes des potagers de retraités. Longtemps, les vieux fûts d’huile et d’essence à moitié rouillés ont dispensé une eau qui faisait de beaux légumes. Difficiles à trouver aujourd’hui, ces fûts sont remplacés par leurs cousins en plastique bleu, tout aussi esthétiques mais légèrement moins polluants. Outre la qualité douteuse de l’eau stockée, ces fûts à ciel ouvert sont surtout des réservoirs à moustiques particulièrement efficaces.
Quelle que soit la surface du jardin et les usages envisagés, une contenance maximale de 1000 litres suffira pour un récupérateur d'eau.
Et la lumière fut dans le fût
Cet univers bien ordonné a connu un premier alignement de planètes lorsqu’un crédit d’impôt a été institué pour l’achat d’un récupérateur d'eau. De ringard, le fût est devenu tendance et les fabricants ont vu l’émergence d’un nouveau marché à forte valeur ajoutée.
- Les épisodes de sécheresse successifs de ces dernières années ont achevé d’instaurer le récupérateur d'eau comme la solution idoine pour affronter les foucades d’un climat en perdition.
- Le résultat en est une offre pléthorique aux prix stratosphériques qui placent le prix de l’eau stockée au niveau de celui des grands crus bourguignons.
- Il est peut-être temps de revenir à la raison.
Récupérer l’eau pour quel usage ?
Avant d’investir une part non négligeable de revenus pour une eau non potable - il convient toujours de le rappeler – il faut d’abord estimer les besoins. C’est la clé de la réussite. Car un récupérateur d'eau n’a pas la vocation de substanter le gaspillage passé. En période de sécheresse et de restriction d’eau, celle qui est stockée est également concernée. On oublie donc l’arrosage des pelouses, le lavage des voitures, ou celui du carter de tondeuse, le rinçage de la terrasse, etc. Au final, il ne reste que l’arrosage parcimonieux des plantes sensibles qui demandent un minimum d’eau pour survivre. Dans ce contexte, quelques centaines de litres suffisent pour arroser entre deux orages.
Le cas du potager
Faire pousser ses légumes est une autre tendance annoncée comme nouvelle, ce qui fait bien rire des générations de retraités. La réalité est que les légumes, chics ou nourriciers, réclament beaucoup d’eau. Là encore, des moyens existent pour faire face au rationnement. Les plus efficaces sont la couverture du sol pour qu’il ne soit jamais à nu. Cela passe par accepter les mauvaises herbes si elles ne sont pas trop envahissantes et par le paillage en couche épaisse (débris de tonte, de taille, feuilles mortes, etc.).
- Pour faciliter l’arrosage à l’arrosoir, le partenaire obligé du récupérateur d'eau, il suffit de découper le fond d’une bouteille en plastique et de l’enterrer à l’envers au niveau des racines lors du repiquage des légumes. Le premier avantage est d’apporter l’eau directement là où elle sera le plus utile. Et le second est de pouvoir doser la quantité d’eau, par le volume de la bouteille utilisée.
- Ainsi, même pour le potager, les besoins s’avèrent modestes. Surtout si le maraîcher amateur choisit des cultures peu consommatrices.
Le récupérateur d'eau idéal
En conséquence, il n’est pas nécessaire de se lancer dans des calculs compliqués pour estimer la quantité d’eau récupérable et celle effectivement récupérée, pour aboutir à une installation surdimensionnée qu’il faudra, de toutes façons, vider entièrement à l’approche de l’hiver. Quelle que soit la surface du jardin et les usages envisagés, une contenance maximale de 1000 litres suffira pour un récupérateur d'eau. Et s’il n’y a plus d’eau ? Et bien tant pis. C’est ça la résilience !
- Le système de collecte est un autre critère important. Car le récupérateur doit impérativement être fermé en permanence pour éviter la prolifération des moustiques. Pour cela, il n’y a pas d’autre solution que d’installer un collecteur d'eau sur la descente de gouttière. Il en existe différentes sortes qui nécessitent de percer le tuyau ou de le sectionner.
- Envisager de récupérer l’eau de pluie pour des usages domestiques comme l’alimentation des toilettes ou le lavage du linge est un autre projet, de plus grande ampleur qui demande des équipements complémentaires, plutôt onéreux. Se pose alors la question de la pertinence de cet investissement en regard de son coût.
Difficulté de mise en œuvre : 2/5
Temps d'exécution : 1 heure
Surface traitée : -
Personnes : 1
La pose en vidéo
La pose en 15 étapes
Le geste Pro
Si le robinet de puisage est placé trop haut, il ne permet pas d’utiliser l’eau stockée en bas du récupérateur d'eau. Et s’il est trop bas, il ne permet pas de remplir correctement l’arrosoir.
1 - Le compromis est de creuser le sol devant le récupérateur ou de le surélever en le posant sur des briques. Le robinet peut alors être placé plus bas, sans gêner le remplissage de l’arrosoir.
2 - Une autre solution est de relier directement le récupérateur à un système d‘arrosage de type microporeux ou goutte-à-goutte qui serpente sur le sol. Pour arroser, il suffit d’ouvrir le robinet.
3 - Il est également possible d’utiliser l’eau grâce à une pompe électrique, immergée ou de surface. Dans ce cas, il n’y a plus de robinet de puisage. En revanche, le réservoir doit quand même rester fermé en permanence.
Utiliser l'eau, oui mais ...
Fermeture hermétique
La réserve d’eau doit être parfaitement isolée de tout contact direct avec l’air ambiant. La lutte contre la prolifération des moustiques en est la première raison et c’est aussi un excellent indicateur. Si vous constatez de petites larves en forme de virgule sous la surface de l’eau, votre réservoir n’est pas protégé. Il est possible de traiter l’eau. Il est plus sûr de vider – entièrement- le réservoir et de le sécher.
- Un réservoir d’eau en contact direct avec l’air extérieur se charge aussi plus rapidement en matière organiques et en polluants. Cela favorise la dégradation de sa qualité et son eutrophisation. Une fois encore, si l’eau est croupie, nauséabonde, plutôt visqueuse, le réservoir doit être vidé, nettoyé et séché.
- Attention enfin à la température. Un récupérateur d'eau exposé en plein soleil une grande partie de la journée s’échauffe considérablement – c’est le principe du chauffe-eau solaire – et l’eau s’évapore rapidement. Le volume tant espéré se réduit d’autant. Comme il est rarement possible de déplacer le récupérateur, tributaire de la gouttière, le moyen le plus simple de limiter cet échauffement est de protéger la cuve du soleil direct, en le dissimulant derrière un habillage en bois, en le peignant en blanc, en l’associant à un massif végétal, …
Les arrêtés sécheresse
En cas de sécheresse, les préfets prennent des arrêtés pour limiter ou suspendre certains usages de l’eau en application de l’article L.211-3 II-1° du code de l’environnement. Ces arrêtés concernent des zones géographiques et une durée définies.
Quatre niveaux de limitation ont été définis :
1. Le premier niveau (vigilance) se limite à l’incitation à faire des économies.
2. Alerte :
- Réduction des prélèvements à des fins agricoles inférieure à 50% (ou interdiction jusqu'à 3 jours par semaine)
- Interdiction de manœuvre de vanne, d'activité nautique, du remplissage et de la mise à niveau des piscines.
- Interdiction à certaines heures d'arroser les jardins, espaces verts, golfs, de laver sa voiture,
3. Alerte renforcée :
- Réduction des prélèvements à des fins agricoles supérieure ou égale à 50% (ou interdiction supérieure ou égale à 3,5 jours par semaine)
- Limitation plus forte des prélèvements pour l'arrosage des jardins, espaces verts, golfs, lavage des voitures, ..., jusqu'à l'interdiction de certains prélèvements
4. Crise :
- Arrêt des prélèvements non prioritaires y compris des prélèvements à des fins agricoles. Seuls les prélèvements permettant d'assurer l'exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité).
Il convient de noter que l’agriculture représente à elle seule 80 % des prélèvements effectués entre juin et août. Les arrêtés sont consultables en mairie, sur le site internet de chaque commune ou à l’adresse http://propluvia.developpement-durable.gouv.fr/