Tout commence avec les matériaux. Ceux de la maison d'abord et ceux qu'on apportent. Ils portent la performance énergétique et doivent être choisis avec la plus grande attention, en vérifiant leurs performances. Il faut aussi penser au recyclage des produits, au vieillissement des matières, à leurs effets polluants. Bref les matériaux donnent le 'la' de la durabilité du chantier. Rien que ça !
Performances techniques et mise en oeuvre
Quel que soit le chantier, il existe toujours un grand choix de matériaux. C’est déjà difficile d’arbitrer entre le prix, les performances techniques et les particularités de mise en œuvre, à cela s’ajoute désormais l’impact environnemental. Dans ce domaine, à chacun sa chapelle.
Faisons simple. Dans un chantier de revêtement de sol, le choix entre le carrelage, le parquet, le stratifié ou la moquette est déjà difficile. Et cela ne tient pas compte des revêtements vinyles, pas plus que de la décoration coulée en place (béton ciré, résine, …). Surtout qu’au sein de chaque catégorie, il existe une multitude de solutions. Au moins, il est possible de se baser sur des critères objectifs, le prix au mètre carré par exemple, la surface à couvrir, le coût de la main d’œuvre, éventuellement comparés à l’aide de différents devis. Ajoutons à cela la volonté de nuire le moins possible à la planète. C’est le rôle de l’ACV (Analyse du Cycle et Vie). La difficulté est que cela ne figure pas dans un devis, qu’il faut un moteur de calcul pour l’établir et que le résultat est sujet à caution.
Pour le choix des matériaux en rénovation, il faut du pragmatisme, du bon sens et de la certitude.
Les matériaux en rénovation... tout change et rien ne change
En pratique, les choix que nous effectuons quotidiennement n’ont qu’un lointain rapport avec la rationalité. Ils sont largement subjectifs et dépendent de très nombreux critères, aussi fiables que l’ACV, à l’exemple du classique « j’aime, j’aime pas ». Sinon, évidemment, il n’y aurait qu’un seul produit par catégorie, le meilleur, unanimement reconnu comme tel. Comme ce n’est pas le cas, il faut donc constater que la panacée universelle reste à inventer. Le choix des matériaux en rénovation relève donc de la même démarche. Il faut du pragmatisme, du bon sens et la certitude qu’il y aura toujours quelqu’un pour trouver à redire. Voici donc quelques clés de choix qui facilitent les arbitrages.
Le choix des produits ... des voeux pieux
Réduire l’impact environnemental d’un produit passe aussi par une démarche volontaire du maître d’ouvrage, qui se transforme en maître d’œuvre par la même occasion. Il est ainsi possible de choisir des matériaux produits, par exemple, avec de l’énergie renouvelable, ou de manière locale voire les deux. La récupération est une autre piste à exploiter. Mais cela ne s’adresse qu’à des projets bien précis, impossibles à généraliser. Dans un chantier de rénovation classique, il est nécessaire de faire des choix et d’être pragmatique. L’impact environnemental est à considérer en même temps que l’efficacité énergétique, la durabilité, la réversibilité, sans négliger l’équilibre économique de l’opération.
Les matériaux à la carte
La durabilité.
La mode jetable connaît ses derniers feux. Dans l’univers de la maison aussi. Il faut réapprendre la constance et ne plus changer de déco pour changer d’humeur. Mais cette durabilité a ses limites, à commencer par le vieillissement du matériau, conditionné par sa constitution et par son usage. Ainsi, un matériau durable n’est pas éternel. En conséquence, avant son utilisation, il faut se poser la question de son démontage et de son remplacement.
Facilité de mise en œuvre
Elle s’articule avec la durabilité. Vaut-il mieux un matériau difficile à poser mais pour les décennies à venir, plutôt qu’un autre vite fait, mal fait, vite jeté. Dans cette catégorie il faut aussi tenir compte de la production de déchets et de la consommation d’eau ou d’énergie du chantier lui-même.
Le coût
C'est une valeur particulièrement variable selon le point de vue. Par exemple, pour une solution de chauffage, faut-il privilégier le prix d’achat, les frais de main d’œuvre pour sa réalisation ou le coût d’exploitation ? Et s’il faut intégrer à l’équation le jeu des subventions, toujours conditionnées, comme le recours à un artisan RGE, voire les taux d’intérêt en cas de financement à crédit, cela devient très compliqué.
Impact des matériaux sur notre vie
Confort de vie :
Il faut enfin songer à préserver la qualité de vie et la santé des occupants du bâtiment rénové. Les matériaux de gros œuvre sont peu concernés car ils émettent peu ou pas de COV (Composés Organiques Volatils) ou de poussières ultrafines. Dans le cas contraire, ils sont généralement revêtus. C’est donc principalement sur ce poste que se posent les interrogations. La majorité des produits de décoration neufs émettent des COV en quantité importante comme le mobilier, les textiles, les revêtements muraux, les peintures et vernis, etc.
Taux d'émission des produits :
L’origine « naturelle » d’un produit ne garantit pas l’absence d’émissions. Il est possible de comparer les taux d’émissions de certains produits. Dans tous les cas, le principe de précaution s’impose et les pièces rénovées doivent être quotidiennement aérées tant que l’odeur de neuf est perceptible.
Entre disparition et innovation
La crise des métaux
Les « experts » refont les calculs dans tous les sens et s’arrachent les derniers cheveux qu’il leur reste : il n’y en aura pas assez.
Les difficultés d’approvisionnement en «terres rares», qui sont principalement des métaux, sont désormais bien connues. Ce sont des matériaux introuvables, difficiles à extraire et à produire, dans des contrées bien définies, alors que tout le monde en veut, pour répondre aux enjeux de la transition énergétique tout autant que pour échanger en visio avec Mamie.
Aujourd’hui, on en recherche dans les terrils, dans toutes les couches géologiques et on pense même … au recyclage ! Ce qui laisse à penser que cette crise pourrait trouver une réponse, à l’exemple du pétrole dont la fin, dans les années 50, était annoncée pour la décennie 70 … du siècle dernier (Peak Oil de Hubbert). Mais se profile une autre pénurie, celle des métaux courants, à commencer par le cuivre. Car, là aussi, il y en a partout, mais en bien plus grosse quantité que les poussières de terres rares. Il en faut, par exemple, de 4 à 8 tonnes dans une éolienne, de 70 à 90 kilos dans une voiture électrique, entre 5 et 10 grammes dans un smartphone, etc. Les besoins explosent. Les ressources exploitées le sont à plein. L’impact énergétique et environnemental des nouvelles mines, à condition de les trouver, pose question. Et le recyclage ne suffit pas. Le même problème se pose avec le nickel, le cobalt, le zinc, …
En pratique, cela signifie surtout que tous les produits qui utilisent ces matières premières vont voir leur prix s’envoler.
L'intelligence artificielle générative
Actuellement, l’IA est clairement une aubaine. Et les promesses sont alléchantes. Le domaine du bâtiment n’échappe pas à l’engouement. Ainsi, grâce à elle, il est déjà possible de choisir, voire de personnaliser, ses matériaux en fonction des critères de chacun. À partir d’une simple question, tout est pris en compte, des performances techniques attendues jusqu’aux engagements environnementaux du propriétaire et ses principes éthiques.
Mais la promesse est-elle tenue ? Pour le vérifier, il faut comprendre comment fonctionne une IA générative. Matériellement, elle existe grâce à des supercalculateurs, des data centers et des algorithmes de traitement de masse. Pour vivre, elle se nourrit de données et son appétit est énorme. Car là où une IA banale, comme un moteur de recherche classique, se contente de dénicher une information dans un grand catalogue bien référencé, l’IA générative va créer la réponse. Ainsi, en théorie, elle fonctionne comme un esprit humain lorsqu’on demande à quelqu’un selon vous, que faut-il choisir ?. Votre interlocuteur ne va pas chercher dans un livre la réponse adaptée, il va seulement formuler sa pensée selon votre demande et l’humeur de l’instant.
Le biais est que si un humain normalement constitué comprend le sens de sa réponse, l’IA générative n’en a aucune idée. Elle se contente de vérifier la variabilité des occurrences, d’en peser l’importance statistique et d’assembler d’autres occurrences associées aux premières pour formuler sa réponse, sans savoir, à aucun moment si cela a un sens, si c’est juste ou complètement idiot.
Il y a donc une armée de petites mains, humaines et très mal payées, qui est chargée de faire le tri, d’entraîner l’IA générative et de lui signaler lorsqu’elle déraille.
En résumé, l’IA générative n’est ni intelligente, ni artificielle mais seulement générative. Elle est donc imbattable pour les sujets généraux et toute aussi incapable pour des sujets précis. En effet, un second biais du procédé est son alimentation en données. Elle aspire littéralement tout ce qui est produit et disponible sur un sujet, sans aucune hiérarchie. Cela concerne donc ces lignes, celles des sites officiels, mais aussi le contenu de tous les apprentis mal inspirés qui postent leur story lnsta. Là ou un lecteur avisé du Guide de la Maison peut faire facilement la différence entre une information fiable et le reste, l’IA générative va associer les deux et même privilégier l’incompétence parce qu’elle est très largement plus répandue.
En conclusion, l’IA générative se présente comme un outil supplémentaire d’aide à la décision mais elle ne doit en aucun cas se substituer à la prise de décision elle-même.