Avec la hausse des prix de l'immobilier, la solution est d'acheter petit et d'agrandir coûte que coûte, notamment en aménageant des combles perdus. L'opération sera plus ou moins facile selon que votre maison dispose d'une charpente traditionnelle ou de fermettes industrielles, mais des solutions existent pour presque tous les cas de figure.
Un étage élevé
Dans ce contexte, le volume situé au-dessus du dernier plancher prend une valeur de Monopoly, quelle que soit sa nature. Car il permet d’augmenter l’espace habitable sans modifier l’emprise au sol, un atout inégalable lorsque le terrain lui-même est à peine plus grand qu’un souvenir.
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La transformation de cet espace inutilisé est envisageable dans tous les cas, ou presque. Les freins les plus courants sont avant tout des contraintes administratives, qui peuvent interdire ces modifications pour des aspects esthétiques (percement d’ouverture, respect d’alignement, de hauteur d’étage, lotissement, …). Sur le plan technique, tout est possible. Mais encore faut-il que l’investissement soit rentable. Le mètre carré ainsi créé revient parfois plus cher que le prix du marché immobilier. Il faut alors une situation exceptionnelle pour justifier l’opération.
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Les caractéristiques du comble à transformer ont une influence directe sur le coût des travaux.
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Une charpente traditionnelle est la solution idéale car le volume intérieur existe déjà dans la plupart des cas. Les transformations éventuelles sont limitées. Dans un secteur immobilier spéculatif, ces toits sont déjà transformés depuis longtemps. Ceux qui ne le sont pas sont rares. Il faut aussi noter que le nombre de charpentes tradi dans le neuf est infinitésimal. De ce fait, le stock disponible décroît inexorablement.
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Largement répandue et majoritaire depuis les années 60, la charpente en fermettes industrielles est le cas le plus répandu. Mais cela englobe de très nombreux cas de figures. En schématisant, il est possible de distinguer les combles aménageables et les autres. Les premiers présentent déjà un volume intérieur, prévu lors de la construction, qu’il est possible de rendre habitable sans (trop) toucher à la charpente. Les seconds sont un fouillis inextricable de fiches, contrefiches et contreventement, où même les rongeurs se prennent pour des aventuriers. Pour les rendre habitables, il faut reprendre le toit, en partie ou en totalité.
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Le dernier cas de figure est celui des combles déjà aménagés, mais dans les années 70 à 90. Les plafonds fraîchement repeints cachent souvent la misère d’un environnement dégradé, d’une isolation insuffisante, d’une ventilation déficiente et d’un niveau de confort attendu sans aucune comparaison avec les standards actuels. En résumé, il faut refaire, avec la grande inconnue de découvrir l’état de ce qui se cache derrière les parements.
Un chantier très technique
Comprendre les transferts de charge
Avant toute modification, il convient de bien connaître le rôle de la charpente dans l’équilibre général du bâtiment. Les lois générales de la physique conduisent à fiche par terre tout ce qui dépasse. Certes, cela nous évite de flotter dans l’air, mais cela impose une charge permanente sur tout ce qui se trouve sur terre et les bâtiments n’y échappent pas. Il faut rechercher un équilibre stable.
Dans le cas d’un mur, la force est exercée dans l’axe vertical de la maçonnerie. Le transfert des charges s’effectue du haut vers le bas, jusqu’aux fondations. Dans le cas d’un plancher, la force exercée est perpendiculaire au plan horizontal. Elle est transmise aux murs par les ancrages. Si la distance entre deux points est trop grande, la force augmente au milieu, le plancher fléchit. Dans le cas d’un toit en pente, la force est toujours verticale, mais son transfert suit le versant jusqu’à la tête des murs, comme la pluie qui ruisselle sur un plan incliné. La charge est donc oblique et pousse effectivement les murs vers l’extérieur. Ainsi, quelle que soit sa nature, la charpente doit supporter la force de la gravité et la charge de la couverture sans se déformer. Elle doit aussi transférer ces charges au sommet des murs pour que ceux-ci les acheminent jusqu’au sol. Elle doit enfin retenir ces derniers pour qu’ils ne s’ouvrent pas comme des bananes.
La création d’un volume habitable sous comble affecte toutes les fermettes d’une charpente industrielle…
Une charpente en fermette
Modifier des fermettes
La fermette industrielle est un ouvrage d’ingénieur et se base exclusivement sur des règles de calcul. Elle peut être fabriquée avec n’importe quel matériau, pour peu qu’on connaisse ses caractéristiques physiques. Le principe est de favoriser le travail en équipe plutôt que l’exploit individuel. La fermette est un jeu géométrique qui se compose d’un triangle principal, divisé en triangles secondaires. Plus la section des pièces mises en œuvre est réduite, plus il faut ajouter de fermettes, ou de triangles secondaires. Ainsi chacune d’entre elles ne supporte qu’une faible partie des charges, compatible avec ses caractéristiques physiques. Si l’une d’elles est abîmée, cassée ou enlevée, cela ne modifie l’équilibre de l’ensemble qu’à la marge. Mais si la majorité d’entre elles est transformée, tout s’écroule. Or, la création d’un volume habitable affecte toutes les fermettes, ou presque. Il est donc nécessaire de reprendre la totalité des calculs avant de sortir la tronçonneuse. Surtout que la base horizontale des fermettes fait office de plafond du dernier étage habité. Si elle est transformée en plancher de volume aménagé, les charges augmentent, les équilibres sont modifiés, le sol fléchit ou se transforme en trampoline.
Pour résumer, en plus de la création d’un espace ouvert, la modification des fermettes a pour but de rendre le support de couverture et le plancher indépendants, de revoir les transferts de charge du toit et de disposer d’un sol porteur. Il s’agit d’une transformation importante qui a des conséquences sur les façades et le dernier étage habité. En pratique, la charpente et le plancher existants sont d’abord renforcés, avant que le volume à créer soit désencombré.
Surélever le toit
Pour fourrer une génoise, le pâtissier la découpe proprement dans le sens de l’épaisseur, enlève le chapeau, garnit l’intérieur et réassemble le tout. Surélever un toit s’apparente à cette opération. Différentes méthodes sont envisageables. Mais peu d’entreprises les maîtrisent toutes. L’idéal est donc de pouvoir comparer les devis, en termes de coût et de bénéfice/risque, pour chaque procédé adapté à votre configuration. Les opérations de surélévation peuvent être associées aux travaux de modification de charpente. Tout dépend de l’espace disponible, des possibilités d’élévation ou de la configuration des locaux.
La surélévation par recouvrement
Cette méthode consiste à construire un nouveau toit par-dessus le précédent, à la hauteur souhaitée, avant de démonter l’ancien. La maison conserve ainsi une protection contre les intempéries durant toute la durée du chantier. En pratique, seuls les débords du toit existant et le chaînage supérieur des longs pans de façade (en bas de pente) sont découverts. Dans le cas de fermettes, le plancher de comble est alors renforcé. Les maçonneries sont remontées à la hauteur voulue, chaînées de nouveau en couronnement. La nouvelle charpente est bâtie sur cette nouvelle assise et vient doubler le toit existant. Une fois le nouveau toit terminé, l’ancien est démonté.
La surélévation par levage
Cette technique est celle qui se rapproche le plus de l’exemple de la génoise. Elle permet de conserver l’intégralité du toit existant, sans modification. Il faut donc qu’il soit en parfait état. L’autre difficulté est de dénicher une entreprise compétente dans le domaine. En pratique, les façades sont doublées de structures indépendantes en poutrelles métalliques qui vont supporter la charge du levage durant l’opération, également réparties en périphérie. Le principe de levage est celui de plusieurs transpalettes hydrauliques qui lèveraient les pannes sablières de manière coordonnée. Il est ainsi possible de monter jusqu’à 3,50 m de hauteur, à un rythme soutenu. Après contreventement (calage), les parois verticales de l’espace libéré sont bâties.
Aspects pratiques
La dépose / repose
La méthode traditionnelle et, de loin, la plus courante, revient à travailler dans l’ordre. Le toit et la charpente d’origine sont déposés. Le plancher d’étage est renforcé. Les façades sont prolongées, chaînées. Puis le nouveau toit est installé pardessus.
Cette mise en œuvre est maîtrisée par toutes les entreprises de maçonnerie générale. Elle constitue toujours une angoisse pour le maître d’ouvrage, avec la survenance de fortes intempéries une fois l’ancien toit déposé. Le savoir-faire des artisans est alors à l’œuvre, pour réduire le plus possible cet aléa.
La dépose/repose convient particulièrement bien aux surélévations partielles qui concernent une partie du comble seulement.
Les accès
La trappe du grenier, même équipée de son échelle escamotable, ne constitue pas un accès suffisant pour un comble aménagé. Il faut nécessairement installer un escalier. Son implantation est plutôt compliquée puisque l’encombrement nécessaire affecte aussi bien l’espace nouvellement aménagé que l’étage inférieur. Par exemple, à l’arrivée, l’escalier doit déboucher sur un espace dégagé, avec un minimum de hauteur sous rampant, éventuellement protégé par des garde-corps. Ce débouché est rarement situé en face d’un rampant. Il est souvent dans l’axe des pignons.
À l’étage inférieur, l’implantation de l’escalier doit être intégrée dans un espace où il n’était pas prévu à l’origine. Cela conduit souvent à des modifications dans la distribution des pièces, voire à la suppression de l’une d’entre elles. Ce qui revient à réduire la surface habitable à l’étage pour en créer dans le comble. Dans ces conditions, l’escalier hélicoïdal offre un bon compromis, avec la même occupation au sol à l’étage et dans le comble, la possibilité d’orienter le débouché et un encombrement minimum. Autant ne pas lésiner sur son diamètre afin de le rendre confortable à l’usage.