Prendre soin de son toit

Personne ne songe à s’inquiéter de l’état du toit de la maison, avant que la pluie ne traverse les planchers ou que les tuiles partent avec la tempête. Mais réparer les dégâts n’est pas la meilleure solution pour préserver sa charpente et sa couverture. Un peu d'anticipation ne nuit pas et cela commence par diagnostiquer régulièrement l'état de sa toiture.

La restauration

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Etablir un premier diagnostic est une démarche relativement simple, à la portée de chacun. En guise d’équipement, vos yeux suffisent. A la manière d’un médecin, l’auscultation se concentre sur l’examen des détails, des indices qui révèlent une pathologie particulière. Car le toit d’un bâtiment s’inscrit dans l’environnement quotidien, au point de se faire oublier. Une fois par an, accordez-lui toute l’attention qu’il mérite.

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Une fois par an, accordez à votre toit toute l'attention qu'il mérite.

L'examen extérieur

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En ville ou dans les zones à forte densité, il est parfois difficile de prendre suffisamment de recul pour inspecter les différents points de faiblesse de la toiture. L’escabeau ou l’échelle et le recours éventuel à une paire de jumelles constituent la méthode classique. Il est également possible d’examiner les alentours depuis une fenêtre de toit. Aujourd’hui, le drone s’avère une aide utile. Un modèle jouet, de moins de 800 g, suffit, à condition qu’il embarque une caméra et une carte de stockage type microSD pour les images. Une fois son maniement maîtrisé – ce n’est pas le plus facile, notamment en vol stationnaire – il permet d’effectuer un survol général puis de se rapprocher de points singuliers, sans prendre le risque de chuter soi-même ou de subir une attaque de frelons asiatiques.

Les points à surveiller sont :

L'environnement immédiat

Les arbres ou les bâtiments en surplomb présentent des risques s’ils viennent à tomber en cas d’événement climatique. Les propriétaires voisins sont responsables des dégâts occasionnés sur votre bâtiment. Autant les prévenir avant de devoir batailler avec les assurances. Attention également aux conditions d’assurance : les dégâts que les arbres occasionnent sont rarement garantis dans les contrats multirisques standards. Ces derniers se contentent souvent de rembourser les frais d’abattage. Dans d’autres cas, la prise en charge est liée à un entretien régulier, attesté par des factures d’élagage, par exemple.

L'orientation des versants

Les pans de toiture exposés au soleil une grande partie de l’année ne présentent généralement pas de désordres importants, à l’inverse de ceux à l’ombre. C’est là que la couverture tarde à sécher après la pluie, que les feuilles mortes pourrissent et que les mousses se développent. Comme elles n’ont pas de racines, elles retiennent l’eau comme des éponges et vivent de leur propre humidité. Le côté sympathique de la mousse, c’est sa capacité à retenir les poussières et donc les polluants. En revanche elle fait stagner l’eau sur la terre cuite alors qu’elle est supposée s’écouler… Avec l’aide précieuse des intempéries, comme la grêle, la neige ou le gel, cette situation favorise les infiltrations et les désordres liés à l’humidité.

Les pénétrations

Le terme pénétration regroupe tout ce qui traverse le toit de part en part. Longtemps, cela ne concernait que le(s) conduit(s) de cheminée. Aujourd’hui, il faut ajouter les ventilations diverses, celles de la couverture elle-même, les entrées et sorties de VMC ou les passages de réseau (télévision, capteurs solaires, compresseurs de climatisation, etc.). Chaque passage nécessite une imperméabilisation adaptée. Sur les bâtiments récents, les solins souples ont remplacé les boudins de mortier bâtard mais restent sensibles au vieillissement (craquèlement, décomposition). S’il faut vérifier autour de la pénétration, il faut aussi en contrôler l’intérieur, notamment pour les conduits les plus larges : leur couronnement doit éviter les infiltrations par la pluie. Il faut enfin inspecter les fissures éventuelles, les emboîtements, les fixations des accessoires (brides d’antenne ou de parabole, capteurs, …).

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Le risque survient lorsque l’affaissement du toit est soudain ou s’aggrave rapidement. Il s’agit alors d’un défaut structurel qui modifie l’équilibre général.

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La forme générale de la toiture

Corneille, l’écrivain pas l’oiseau, l’a signalé en son temps : aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. Une belle charpente affronte les décennies sans dommage si elle bénéficie d’un minimum d’attention et d’entretien. Il est normal que, l’âge venant, son faîte fléchisse et se courbe. Cela n’a aucune conséquence tant que l’ensemble est préservé et qu’il reste étanche. Même les toits récents en fermette industrielle connaissent ce type d’évolution. Mais le risque survient lorsque l’affaissement est soudain ou s’aggrave rapidement. Il s’agit alors d’un défaut structurel qui modifie l’équilibre général. Il peut être provoqué par la casse ou l’affaiblissement d’éléments de charpente (pourrissement, insectes) ou être la conséquence d’un désordre plus général comme le phénomène de retrait-gonflement des argiles qui affecte le bâtiment dans son ensemble. Il faut aussi surveiller les changements de pente, les noues, les lucarnes ou les croupes, ainsi que toutes les couvertures annexes, celles de la terrasse ou du porche par exemple.

L'état général de la couverture

Les infiltrations proviennent toujours d’un défaut dans l’ordonnancement du matériau de couverture, qu’il s’agisse de tuiles, d’ardoises, de pierres, de panneaux, de bois ou de chaume. Or, ce sont les éléments les plus exposés aux intempéries. En plus de l’eau sous toutes ses formes, déjà citée, le vent peut occasionner d’importants dégâts en découvrant ou en déplaçant quelques tuiles seulement ou des pans entiers. Il suffit d’une tuile manquante en bas de pente exposé pour déverser des litres d’eau dans le grenier à chaque averse.

L'état général du réseau de collecte

Le dernier point à contrôler de l’extérieur est l’ensemble du réseau de collecte, les gouttières ou chéneaux horizontaux, les descentes verticales, jusqu’au raccordement à l’évacuation éventuelle. Vérifiez l’absence de perforations, de contrepente, d’obstructions. Les premières peuvent être provoquées par la grêle, des réactions chimiques (décomposition acide, oxydoréduction cuivre/zinc, …), des problèmes de soudure. La contrepente est souvent la conséquence d’importantes chutes de neige qui déforment les gouttières. Et les obstructions peuvent survenir plusieurs fois par an (feuilles, jouets, nids, démoussage, …).

L'examen intérieur

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Plutôt que de recourir à la méditation de pleine conscience, équipez-vous d’une lampe de poche, voire d’un capteur d’humidité. L’inspection est facile lorsque la charpente et la sous-toiture sont visibles et accessibles, mais ça l’est bien moins dans un comble aménagé. Il faut alors se contenter de traquer les indices. La difficulté est alors de lier la découverte du problème à son origine.

Les infiltrations

Écoulements, taches, auréoles signalent un défaut d’étanchéité. Mais il peut être distant de plusieurs mètres, en amont, dans le sens de la pente. Parfois aussi la couverture n’est pas en cause. Il suffit, par exemple, d’un passage dans l’épaisseur de l’isolant pour favoriser les échanges thermiques, donc la vapeur d’eau, donc la condensation et donc les taches. Le cas est fréquent sur les menuiseries des fenêtres de toit, en cas de mauvaise ventilation ou si une salle d’eau a été aménagée sous les combles.

Un taux d’humidité important est le précurseur de la plupart des dégâts. Il favorise le développement des moisissures et des champignons qui se nourrissent du bois. Ces micro-organismes forment une association interactive redoutable avec la grande famille des insectes xylophages qui prennent possession des lieux pour se loger, se nourrir et se reproduire. Les moisissures se repèrent à l’œil. Pour les insectes, la majorité vit à l’intérieur du bois et n’est décelable que par sondage. Celui-ci permet aussi d’estimer le niveau d’infestation, l’étendue des dégâts et la nature du traitement à envisager.

Les nuisibles

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Première espèce : les insectes
Parallèlement aux insectes mangeurs de bois, les xylophages, d’autres se contentent du refuge confortable qu’offre le toit, à commencer par la famille des hyménoptères, avec une mention particulière pour les guêpes, les frelons européens et les frelons asiatiques. S’il est possible d’intervenir soi-même sur des nids de petite taille, inférieurs à quelques alvéoles ou une balle de ping-pong, toute intervention sur un nid établi doit passer par un professionnel spécialisé. Les pompiers n’effectuent plus ce type d’intervention, sauf sur le domaine public.

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La deuxième catégorie : des locataires indésirables
regroupe les rongeurs de tous poils, comme les loirs, lérots, rats, campagnols, souris. Leur présence n’est pas discrète. Ils ont une affection particulière pour les laines isolantes en tous genres et les produits en vrac. Il est souvent difficile de les déloger et, plus encore, de les empêcher de revenir. Enfin, ils illustrent un paradoxe moderne : ainsi, la réglementation thermique impose une étanchéité parfaite de l’enveloppe du bâtiment. Celle-ci doit être garantie et attestée au moment de la construction. Mais qu’en reste-t-il après l’installation d’une petite famille de lérots ? Pudiquement, la technostructure réglementaire se garde d’aborder le sujet.

Le troisième groupe d’occupants opportunistes est : celui des oiseaux. Ils nichent à l’extérieur (hirondelles, martinets, …) ou à l’intérieur (pigeons, rapaces, …). Ils occasionnent peu de dégâts sur le bâtiment lui-même, mais sont des gênes pour les occupants. Notez que la destruction de nids d’hirondelles est un délit, punissable, selon l’expression consacrée, d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Les rapaces, la chouette effraie en particulier, sont des hôtes occasionnels des granges, vastes greniers et clochers. Elles sont les victimes collatérales de la rationalisation et de la modernisation des bâtiments. Alors, si vous avez la chance d’offrir l’asile à ces oiseaux dans une vieille grange, protégez-les.