Dresser un mur avec des pierres et du mortier demande d'obéir à des règles ancestrales. Il faut réussir l'appareillage, bien choisir chaque pierre et utiliser niveau et fil à plomb !
Précautions et protections avec les pierres
La comparaison avec une séance de musculation n’est pas fortuite. Il faut travailler penché, poser, reprendre, caler, enlever, remettre… réfléchir. La première précaution avant de débuter est donc de procéder à un échauffement, et de s’équiper en conséquence, avec des gants épais d’abord, et une ceinture de renfort lombaire éventuellement. Pour soulever les plus gros blocs, conservez le dos droit et faites travailler les cuisses.
Les pierres
La construction d’un muret, même modeste, exige de disposer d’un stock suffisant de pierres. Il est possible de trouver dans le commerce des pierres à bâtir, en palettes, relativement assorties. Sinon, il faut travailler avec les moyens du bord selon les deux méthodes ancestrales : la première consistait à sortir les pierres des champs, à les entasser en muret en bord de chemin et à s’en servir à l’occasion.
Pour trouver les bonnes pierres, on peut récupérer celles des champs ce qui arrange les agriculteurs, ou celles des ruines mais il faut demander l'autorisation
Le choix essentiel du matériau
La seconde était du recyclage avant l’heure, en récupérant les pierres de maçonneries ou de bâtiments abandonnés. Cette méthode est plus rapide. Les ruines ne manquent pas à la campagne. En revanche, elles ont toujours un propriétaire, à qui il faut demander l’accord avant de se servir. La ressource étant locale, il n’y a pas de règle universelle sur le choix des pierres. Les plus chanceux disposeront de pierres tendres, faciles à ajuster. Mais d’autres devront se contenter de blocaille disparate.
Le mortier
Une maçonnerie en pierre est presque un écosystème complexe qui sert de support à toute une panoplie de faune et de flore. L’ensemble forme un équilibre changeant, directement lié à la nature du liaisonnement. Dans certains cas, il est possible de bâtir sans mortier, à pierres sèches, ou avec une pâte composée d’argile, de paille et de crin.
Traditionnellement, c’est le mortier de chaux qui l’emporte, préparé avec de la chaux hydraulique, qui durcit plus rapidement. Aujourd’hui, c’est plutôt le mortier bâtard, c’est-à-dire un mélange de ciment Portland et de chaux hydraulique, qui améliore les propriétés mécaniques du scellement.
Finalement, le seul à bannir est le mortier de ciment, beaucoup trop rigide. Pour préserver la durabilité de la maçonnerie, il est nécessaire de la couronner, c’est-à-dire d’installer par-dessus une protection contre la pluie. Celle-ci peut prendre plusieurs formes, comme des pierres plates, des tuiles ou même une bonne semelle de gazon.
La pose en vidéo
La pose en douze étapes
Les points-clés
1- Pose en panneresse.
Selon le Littré, il s’agit d’une pierre qui est placée dans un mur de manière à laisser voir sa longueur et sa hauteur. Le Larousse pour tous réduit la définition à sa face la plus longue en parement.
2-Pose en boutisse.
Pour une boutisse, c’est l’inverse. La pierre montre sa face la plus petite. Elle est donc posée perpendiculairement à l’axe du mur.
3- Pose en parpaing
Originellement, le parpaing est une pierre taillée qui traverse toute l'épaisseur du mur. Ce nom a été repris par les blocs béton qui remplissent le même office. Un parpaing peut être posé en long ou perpendiculaire.
Les règles à suivre
La semelle de fondation
Un mur en pierre, même de faible hauteur, représente une masse particulièrement élevée sur une surface d’appui limitée. A cela s’ajoute un nombre incalculable de joints de liaison, qui sont autant de points de faiblesse. Ce sont les raisons pour lesquelles il est nécessaire de bien fonder le muret. Autrefois, la règle était simple, c’était autant dans le sol qu’au dessus, une valeur réduite au tiers jusqu’à 1,50 m. Il s’agit là de mesures réservées à des murets ou des murs d’enceinte qui n’étaient pas destinés à supporter des charges. La fouille était remplie de matériaux, bien tassés et damés, sans liaison maçonnée, plus large que l’épaisseur du mur. On obtenait alors une sorte de hérisson, stable et drainant. Aujourd’hui, le béton simplifie les règles. Comme les fondations sont masquées, il est possible de tricher par rapport à la tradition et d’appliquer les recommandations des DTU, 13‑11 en particulier, pour leur réalisation. Il s’agit, entre autres, d’appliquer un béton de propreté faiblement dosé avant de couler la semelle à pleine fouille, sans coffrage. Concernant un muret, le ferraillage n’est pas utile, mais cela reste une sécurité supplémentaire, quelle que soit la hauteur de l’élévation.
Autres techniques, autres pierres
La forme des pierres utilisées et leur qualité déterminent directement leur mode d’assemblage, leur appareillage. Dans notre mise en œuvre, elles sont disparates, avec des angles saillants, le montage est irrégulier. Les deux faces sont séparées sauf de place en place, avec des pierres "parpaignes" qui font office de clé. Les arrêtes de ces pierres facilitent leur blocage.
Appareil régulier
Dans le cas de galet, c’est plus compliqué, notamment en parement. Dans ce cas, c’est le mortier, le choix et l’orientation des pierres qui assurent leur stabilité. L’appareil est alors plus régulier, organisé en rangs horizontaux, à assises réglées. La rigueur des assemblages prend une nouvelle dimension dès qu’il est possible de tailler les pierres, au moins sur une face. L’apparence gagne en régularité, même si dans l’épaisseur du mur règne le tout-venant. Ce n’est donc jamais l’appareil qui choisit la pierre, mais l’inverse.