Avec la prédalle en béton, tout est prévu dès la feuille de route. Ici, aucune improvisation. Le procédé relève d’une remarque simple : et si le coffrage nécessaire au béton coulé en place restait en place ? Un vrai gain de temps… et de place.
Les usages
• Maison neuve.
Un plancher prémâché
Evidemment, comme c’est le cas le plus souvent, il y a un univers entre l’idée et l’application concrète. Voilà pourquoi le CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) et les bureaux d’études rédigent des avis techniques d’avis techniques (Atec) ou de DTU.
Trois types de prédalles
Justement, celui pour les prédalles, fruit d’une gestation pachydermique (première parution prévue en 2014), a enfin vu le jour en juillet 2021. Il constitue désormais le document de référence pour ce type d’ouvrage, auquel il convient de se référer pour leur réalisation.
Le DTU vise trois types de planchers. Il y a ceux constitués de prédalles précontraintes (avec précaution et préparation) dont l’épaisseur est comprise entre 50 et 180 mm. Il y a ceux constitués de prédalles en béton armé d’une épaisseur de 40 à 180 mm. Enfin, il y a les planchers à dalle pleine constitués de prédalles pouvant comprendre des treillis raidisseurs ou dont la prédalle sert seulement de coffrage perdu.
Le principe déjà énoncé est plutôt simple. La prédalle est de faible épaisseur. Elle est fabriquée sur mesure, en usine, en béton précontraint ou armé. Elle sert de peau de coffrage. Dans le second cas, elle reçoit également les raidisseurs à treillis, identiques à ceux des poutrelles d’un plancher classique. Le tout est fabriqué en usine et arrive sur le chantier avec le plan de pose qui reprend toutes les caractéristiques utiles, à commencer par le sens de mise en place des dalles, en plus des règles classiques concernant l’étayage.
Le levage et la mise en place des prédalles demande une aire de manœuvre dégagée, ce qui rend l’usage des prédalles compliqué en rénovation.
Mise en œuvre théorique
Les arases peuvent être établies au préalable (pose à sec) ou coulées avec le béton en place. Dans ce cas, le voile du mur en béton est alors arasé 2 cm en-dessous du niveau inférieur du plancher pour assurer un bétonnage correct en sous-face de la prédalle. Une planche de coffrage est ajoutée sous la prédalle pour fermer la cueillie, sinon le décalage est bouché au mortier.
L’étayage est l’étape suivante. La répartition des files d’étais, leur constitution, leur réglage et leur calage sont comparables aux solutions précédentes. Il n’y a pas de poutrelles secondaires.
Le levage et la mise en place des prédalles. Il est inutile de préciser qu’il faut une aire de manœuvre dégagée, ce qui rend l’usage des prédalles compliqué en rénovation, sauf à passer par la dépose complète du toit. Chaque élément est centré sur ses repos, égaux de chaque côté, de 5 cm pour des murs porteurs en maçonnerie ou de 4 cm s’ils sont en béton armé.
Vient ensuite la mise en place des armatures de chaînages et de toutes les pièces de ferraillage qui permettent de solidariser l’ensemble du plancher, en reportant correctement les efforts sur les supports (chapeaux, coutures, etc.).
C’est le moment d’installer les réseaux qui seront noyés dans le béton coulé en place, selon les mêmes règles que le plancher de cette nature. Un parallèle identique doit être appliqué pour le renfort des chevêtres, des trémies et des passages divers, dont les ouvertures sont préalablement prévues dans les prédalles concernées lors de la fabrication (pas de découpe sauvage sur chantier).
Le coulage du béton en œuvre est alors réalisé dans les règles de l’art (classe de résistance C25/30 mini), toujours en évitant les surcharges ponctuelles et en réglant l’épaisseur avec soin. La dépose de l’étayage n’intervient jamais avant une semaine, voire plus selon les conditions de chantier.
Quelques règles particulières
Aucune gaine ou canalisation ne doit être incorporée, sans accord du bureau d’études de l’entreprise de gros œuvre, dans les chaînages, les chevêtres, les bandes noyées et les consoles courtes.
Des armatures complémentaires d’ancrage peuvent être nécessaires au droit de certains appuis. Ces armatures, positionnées au-dessus de la prédalle, doivent être ancrées sur l’élément porteur. Elles doivent être maintenues pour éviter tout déplacement pendant le coulage du béton.
Avant le coulage du béton en œuvre, la surface des prédalles est préalablement nettoyée et généreusement humidifiée, afin d’assurer la meilleure liaison possible entre les deux éléments. Il est possible de réaliser des percements de faibles dimensions dans les prédalles, à condition de les ouvrir par sciage ou carottage. Le burinage au marteau piqueur ou au perforateur est interdit.
La prédalle suspendue est un procédé de construction dans lequel la prédalle ne repose pas sur ses appuis porteurs, mais elle est soutenue par des armatures coulées en attente dans les murs.
Cette liaison particulière est renforcée par des dispositions spécifiques comme des suspentes, des armatures de renfort et des filants de renforts dont la nature et les caractéristiques sont détaillées dans le plan de préconisation auquel il ne faut pas déroger.
Les 8 moments clés d'un plancher avec prédalle
1 - Arase et niveau
La hauteur des arases est vérifiée à partir du trait de niveau général et selon le mode de pose choisi (à sec, bain de mortier ou lisse de rive). La largeur des appuis (repos) est également contrôlée.
2 - Etayage en règle
Lorsque les prédalles ne reposent que sur deux appuis opposés, un platelage de rive, étayé et réglé de niveau, est établi afin de relier les deux supports et assurer la continuité du coffrage.
3 - Le bon sens
L’étaiement central est disposé perpendiculairement au sens de pose des prédalles, de manière à reprendre les charges, et des lisses de rives, placées à moins de 30 cm des appuis, complètent l’ensemble.
4 - Levage de plaques
Le levage des prédalles respecte des règles précises. Il doit s’effectuer à plat. Toutes les boucles d’ancrage doivent être utilisées. Le cas échéant, un garde-corps de sécurité est ajouté en bordure.
5 - Un palonnier à la rescousse
Un palonnier ou un système auto équilibrant prévient les risques de renversement. Des cordes libres permettent d’accompagner l’orientation de la prédalle avant de l’ajuster sur ses appuis.
6 - Chaînage périphérique
Le cas échéant, toutes les prédalles sont placées et calées côte à côte. Les chaînages périphériques sont mis en place ainsi que les chapeaux. Ces éléments sont liés pour ne pas bouger lors du coulage.
7 - Couture
Le raccordement entre deux prédalles est renforcé par une couture, un treillis métallique déposé dans le sens de la longueur, directement sur le support. Tous les points singuliers sont renforcés.
8 - Epaisseur
Le béton est coulé dans les règles de l’art avec les phases de réglage de l’épaisseur, de vibrage, de débullage et de curage. Il faut penser à racler les coulures de laitance sous les prédalles.
Quelques précisions
Entreposage et levage
Les prédalles sont des produits fragiles, par le simple fait qu’elles arrivent sur le chantier sans que le béton ait acquis toutes ses performances. Elles sont même fabriquées en fonction du délai de stockage prévu sur le chantier, de deux ou trois semaines par exemple pour des produits précontraints. En cas de dépassement, l’accord du fabricant est nécessaire avant l’utilisation. En conséquence, toutes les opérations de manutention, chargement, déchargement et levage doivent se faire dans les règles.
Le stockage doit être fait horizontalement, sur une aire spécialement aménagée, dégagée et facile d’accès. L’empilement est réalisé au moyen de chevrons ou de planches, alignés verticalement, ceux d’extrémité étant placés à moins de 50 cm des appuis. L’empilement ne peut pas dépasser 1,50 m. L’entreposage sur un sol meuble est interdit.
La manutention et le levage ne s’effectuent qu’avec l’aide de matériels adaptés. Les crochets de levage sont ancrés dans les boucles prévues dans la prédalle ou les diagonales des treillis raidisseurs. D’autre part, l’angle de levage des élingues par rapport au plan de la prédalle doit être supérieur ou égal à 60 °. L’utilisation d’un palonnier ou d’un système auto-équilibrant est recommandée. Le levage doit être lent et progressif, sans à-coups, de manière à réduire les effets dynamiques sur la prédalle elle-même et ses points de préhension.
1. Terrain horizontal stabilisé
2. Chevron
3. Prédalle
4. Crochet de levage