Le dérèglement climatique peut être facétieux. Dans un pays au climat changeant comme la France, le régime des précipitations est perturbé. Mieux vaut donc anticiper les périodes de sécheresse en installant des récupérateurs d'eau de pluie pour ne pas se trouver au dépourvu quand la pluie se fera attendre.
Récupération de l'eau de pluie
Il est impossible de savoir si le pays va manquer d’eau, quelle que soit l’échéance. Aucun modèle climatique ne le laisse entendre. En revanche, tous s’accordent sur une modification du régime des précipitations. En clair, il devrait continuer à pleuvoir autant, mais pas dans les mêmes conditions, avec des périodes de fortes précipitations entrecoupées de phases de sécheresse. Il faut donc lutter, en même temps, contre les risques d’inondation et tenir le coup entre deux épisodes.
Mieux gérer son eau
Le premier effort est donc d’apprendre à mieux gérer l’eau, à tous les niveaux, de la maison aux bassins hydrographiques entiers (les agences de l’eau). La récupération de l’eau de pluie est une manière modeste d’apporter un complément de réponse. Elle sera toujours moins efficace que la lutte contre les gaspillages, car si la seconde est gratuite, un équipement de stockage ne l’est pas.
Que faire de l'eau récupérée ?
Paradoxalement, le système de stockage le plus répandu ne permet pas d’utiliser l’eau récupérée. Il s’agit en effet des bassins de rétention désormais installés le long des ouvrages d’art et des voies de communication, les autoroutes en particulier. Ils sont seulement conçus pour absorber le ruissellement le plus rapidement possible, sans saturer le réseau d’évacuation.
À l’échelle d’une maison individuelle, voire de la seule surface de son garage ou de sa terrasse, le volume de récupération est plus limité, mais il est aussi plus propre, sans être compatible avec la consommation humaine. L’eau de pluie ne coule pas de source et un arrêté du 21 août 2008 en fixe clairement les usages possibles. Son article 2 indique qu’il est possible de l’utiliser pour arroser des espaces verts, pour évacuer des excrétas (les WC), et pour laver les sols. À titre expérimental, elle peut servir à laver le linge. Les articles suivants de l’arrêté précisent toutes les conditions nécessaires à la mise en place d’un système de récupération, à son signalement, à ses équipements, à son entretien, à son suivi et même à sa déclaration en mairie. Envisager passer outre cette réglementation et chercher à atteindre une sorte d’autonomie peut s’avérer risqué sur le plan sanitaire compte tenu de la piètre qualité de l’eau stockée, à des températures élevées en été. Cette autonomie doit se prolonger jusqu’à la mise en place d’une fosse toutes eaux et d’un ANC (Assainissement Non Collectif).
L’investissement global est important. En conséquence, le stockage de l’eau utile ne doit pas dépasser quelques centaines de litres, un à deux mètres cubes tout au plus. Il servira exclusivement aux usages prioritaires autorisés par les termes de l’arrêté de 2008, entre deux périodes de pluie. Il permet alors de compenser efficacement les restrictions imposées par les arrêtés sécheresse. En clair, cela permet d’arroser le potager en attendant l’orage.
La collecte des eaux de pluie permet de compenser efficacement les restrictions imposées par les arrêtés sécheresse et de pouvoir continuer à arroser son potager.
Collecter son eau
Les composants du réseau de récupération
Avant tout, il est nécessaire de s’assurer de la qualité des eaux récupérées. Pour cela, elle doit être collectée en aval des toitures inaccessibles. Cela exclut donc la descente de l’allée du garage, le sol de la terrasse, mais aussi les toits en fibre‑ciment amiantés ou en plomb. À propos des toitures végétalisées, outre le volume réduit d’eau collectée, celle-ci se trouve chargée en éléments organiques qui accélèrent son croupissement.
Le meilleur taux de collecte est obtenu avec des toitures de type étanche comme la tôle ondulée. Un toit en pente standard, en tuile, évacue en moyenne 80 % de l’eau qu’il reçoit. Pour les stockages importants, à partir de 5 m3 , la collecte est assurée par une dérivation du système de gouttière. Pour des stockages plus réduits, il s’agit le plus souvent d’un collecteur posé sur l’une des descentes. La quantité d’eau récupérée est déterminée par la surface de toiture que dessert la gouttière. Les collecteurs de gouttière comportent un panier filtre et, pour la plupart d’entre eux, un réglage été/hiver qui interrompt la collecte lorsqu’elle n’est pas utile. Le réservoir doit être opaque et ne pas contribuer à la dégradation de la qualité de l’eau. Un vieux bidon de récupération à la provenance douteuse est donc à exclure. Il reste à pression atmosphérique et doit être fermé par un couvercle hermétique. Les plus grands réservoirs peuvent être enterrés. Pour un usage dans le jardin, ce premier équipement suffit, équipé d’un robinet de puisage posé quelques centimètres au‑dessus du fond de cuve afin de permettre aux particules apportées par l’eau de décanter.
Isoler le réservoir
Pour éviter la prolifération des moustiques, il est indispensable d’isoler le réservoir de l’air ambiant à l’aide d’un couvercle hermétique et d’un capteur qui ne laisse passer que l’eau. Ce système assure également un premier filtrage, suffisant pour une utilisation au jardin.
L'installation en dix étapes
Ce que dit la loi
Les arrêtés sécheresse
En cas de sécheresse, les préfets prennent des arrêtés pour limiter ou suspendre certains usages de l’eau en application de l’article L.211-3 II-1° du code de l’environnement. Ces arrêtés concernent des zones géographiques et une durée définies.
Quatre niveaux de limitation ont été définis :
Vigilance : se limite à l’incitation à faire des économies.
Alerte : Réduction des prélèvements à des fins agricoles inférieure à 50 % (ou interdiction jusqu'à 3 jours par semaine). Interdiction de manœuvre de vanne, d'activité nautique, du remplissage et de la mise à niveau des piscines. ‑ Interdiction à certaines heures d'arroser les jardins, espaces verts, golfs, de laver sa voiture,...
Alerte renforcée : Réduction des prélèvements à des fins agricoles supérieure ou égale à 50 % (ou interdiction supérieure ou égale à 3,5 jours par semaine). Limitation plus forte des prélèvements pour l'arrosage des jardins, espaces verts, golfs, lavage des voitures,..., jusqu'à l'interdiction de certains prélèvements.
Crise : arrêt des prélèvements non prioritaires, y compris des prélèvements à des fins agricoles. Seuls les prélèvements permettant d'assurer l'exercice des usages prioritaires sont autorisés (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité).
Il convient de noter que l’agriculture représente à elle seule 80 % des prélèvements effectués entre juin et août. Les arrêtés sont consultables en mairie, sur le site internet de chaque commune ou à l’adresse suivante :