Monter un mur en pierres sèches

Du Lot au Lubéron en passant par la Corse et bien d’autres régions, on sait depuis toujours monter ses murs sans le moindre mortier. Les chainages et la stabilité s’obtiennent en jouant avec les pierres plus ou moins longues.

La pierre sèche : une technique ancienne

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La technique du montage de mur en pierres sèches ne date pas d'hier. Quasiment disparue aujourd'hui - excepté pour la création de charmants petits murets de jardin ou pour consolider un talus - elle était utilisée autrefois pour le bâti utilitaire. On faisait alors avec ce que l'on avait sous la main : des pierres tirées des champs ou ramassées à la suite d'un éboulis. Tout pouvait servir : de la petite pierre qui servirait à caler les plus grosses aux plus imposantes qui constitueraient l'assise et le parement.

Bâti utilitaire

Cette technique a été beaucoup utilisé dans le Lot, par exemple, où l'on peut voir encore aujourd'hui, de nombreux petits murets ceinturant les champs ou délimitant les propriétés. Cette technique de construction était également utilisée pour construire des cabanes de bergers ou de vignerons. La construction en pierre sèche n'était pas destiné à l'habitat régulier pour la simple raison que, les pierres n'étant pas solidarisées entre elle à l'aide d'un mortier, elles laissent passer les courants d'air et le froid. Par ailleurs, la technique convient parfaitement aux petites constructions, mais devient beaucoup plus complexes, voire périlleuse, lorsqu'il s'agit d'édifier des murs hauts.

Rien ne vous empêche cependant de vous attaquer à la construction d'un petit muret dans votre jardin. Il délimitera l'espace tout en y apportant un petit air ancien et charmant. Mais pour un résultat réussi et durable, prenez le temps de composer correctement votre mur et de caler convenablement les pierres. La construction d'un mur en pierre sèche demande un vrai savoir-faire.

Mise en place de la base du mur

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1. Les plus grosses pierres sont placées à la base du mur, et dans les angles du mur. Ces dernières font office de « chaînes d’angle ». Comme des contreforts, elles bloquent les pierres de parement.

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2. Des piquets sont plantés aux angles du mur à reconstruire. Des cordeaux sont tendus pour matérialiser le niveau des rangs de pierres, l’épaisseur et l’inclinaison du mur.

3. Les pierres de parement sont posées avec une légère inclinaison vers l’intérieur. Cela permet d’épauler les pierres les unes contre les autres, et de faire converger l’eau de pluie vers le centre du mur.

Placer les pierres comme un puzzle

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4. On recherche la meilleure imbrication possible. La main appuie avec la paume sur la tête de la pierre pour l’incliner, l’emboîter dans les autres, et éviter qu’elle ne bascule vers l’extérieur.

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5. Les pierres de parement doivent être bloquées avec des cailloux dans six directions afin de ne pouvoir ni monter, ni descendre, ni aller à gauche, ni à droite, ni en avant, ni en arrière.

6. Le mur étant formé de deux parements et d’un blocage interne, il faut relier l’ensemble régulièrement par des pierres traversantes ou “boutisses” (dotées d’une face de parement), pour les solidariser. Ces boutisses traversent une partie du mur pour s’enfoncer dans l’autre parement. De temps en temps, on peut placer, de part et d’autre, deux demi-boutisses dont les queues se recouvrent.

Blocages entre les parements et couronnement

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7. Les vides entre les pierres sont comblés avec un blocage (ou fourrure), constitué de petites pierres (appelées mitrailles), disposées de façon à ce qu’elles s’emboîtent et s’entrecroisent.

8. Le blocage entre les parements doit être soigné. Le réaliser à la hâte, c’est prendre le risque de voir le mur prendre du ventre et chasser les pierres vers l’extérieur.

9. À mesure que les rangs sont montés, il faut veiller à ce que les pierres soient mariées dans l’œuvre, c’est-à-dire montées avec des joints qui se croisent pour ne pas créer de coups de sabre. Exceptionnellement, quelques pierres longues (« panneresses »), peuvent être placées sur le mur. Elles se posent dans le sens de la longueur, avec une légère inclinaison.

10. Des dalles permettent de couronner l’épaisseur du mur pour le protéger de l’érosion et lester la maçonnerie. Elles sont hissées par 3 ou 4 personnes, en recherchant la meilleure stabilité possible. Les « vides » restant entre les dalles et le sommet des parements sont comblés avec des petites pierres, pour garantir une répartition uniforme des charges et éviter tout basculement.

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Te Technique

Difficile à réaliser, mais tellement beau

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La stabilité d’une élévation en pierres à bâtir est notamment assurée par les chaînages aux angles et en tableau des ouvertures. Les pierres sont alors spécialement choisies. Il s’agit de blocs rectangulaires présentant au moins deux parements réguliers, posés en alternance d’un côté et de l’autre de l’angle. En maçonnerie de béton, c’est le ferraillage qui assure la stabilité. Dans le cas présent, c’est l’assise, l’empilement des blocs qui remplit cet office. Il ne doit pas dépendre de la couche de mortier. Il faut donc procéder à des essais, voire rectifier les blocs avant de les mettre en place définitivement. Il est envisageable de construire en pierre naturelle en zone sismique à condition de respecter des règles strictes. Ces dernières sont généralement absentes des constructions traditionnelles.