L'eau de pluie et son stockage

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C’est peut-être un vieux souvenir du Paradis Perdu, une réminiscence génétique d’Adam et Eve, quand on pouvait vivre d’amour et d’eau fraîche. Toujours est-il que la récupération d’eau de pluie est dans l’air du temps et se pare de bienfaits qu’elle est loin de posséder.

Nos a priori sur l'eau de pluie

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Le premier d’entre eux est son caractère virginal car nous croyons tous que l’eau de pluie est pure. C’est faire abstraction de tout ce que l’atmosphère peut véhiculer, à la ville comme à la campagne, en polluants de toutes sortes, qu’ils soient émis juste à côté ou qu’ils proviennent de l’autre côté de la planète, et qui se retrouvent aussi bien dans les nuages que sur les toits.
Le deuxième à priori, le caractère potable de l’eau de pluie est tout aussi faux. Même si elle était naturelle, elle ne serait pas buvable car elle est trop acide (pH 5). De plus, elle contient, entre autres, des sulfates, du sodium, du calcium, de l’ammonium, des nitrates et parfois des pesticides. Enfin, Il convient de définir ce qu’est l’eau de pluie.

Comment la récupérer

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Pour la réglementation, elle doit être récupérée en aval des toitures inaccessibles. Cela exclut donc les caniveaux de sol, les balcons, les terrasses, etc.
Une installation de récupération comprend un réseau de collecte, une filtration éventuelle, un stockage et un système de distribution.

Figure 1 : Exemple d'installation d'un système de récupération d'eau de pluie avec un stockage enterré et une distribution à l'intérieur et à l'extérieur du bâtiment.
Figure 2 : Exemple d'installation avec stockage aérien semi-rigide ou souple et une distribution à l'extérieur du bâtiment.

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Le stockage doit rester à la pression atmosphérique, être opaque, vidangeable, désinfectable et compatible avec l’usage.

Les principes d'installation du stockage

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La récupération doit être conçue de manière à ne présenter aucun risque de contamination vis-à-vis des réseaux de distribution publics grâce à un système à surverse totale qui permet l'évacuation du trop-plein.
Le stockage doit rester à la pression atmosphérique, être opaque, vidangeable, désinfectable et compatible avec l’usage. Il peut être enterré, aérien ou souple.
Dans tous les cas, l’arrivée d’eau de pluie en provenance de la toiture inaccessible est située dans la partie basse du stockage. La section de la canalisation de trop plein est dimensionnée pour évacuer la totalité du débit maximum d’alimentation du stockage. Elle est munie d’un clapet anti-retour.
L’installation du stockage doit être conçue pour éviter tout risque de noyade. Elle doit posséder un accès carré ou circulaire de 400 mm, voire 600 mm pour un trou d’homme, à l’exception du stockage souple.
La filtration comporte des grilles et tamis destinés à retenir les particules, avec des trous de passage limité à 1 mm de diamètre.
Pour l’utilisation de l’eau stockée, le prélèvement s’effectue par une pompe de surface ou immergée, placée de manière à éviter d’aspirer les dépôts, en équipant le tuyau d’une crépine.
En cas d’appoint par le réseau d’eau potable, les dispositifs de disconnexion doivent être des disconnecteurs de famille A et de type A ou B.

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La mise en place d’un stockage enterré s’apparente à celle d’une fosse toutes eaux. Les contraintes d’enfouissement sont comparables. La cuve peut être en matière plastique ou en béton.

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Le stockage aérien ne doit pas se déformer. Il peut être installé à l’intérieur comme à l’extérieur, en restant accessible pour l’entretien et la vidange. Il est recommandé de le poser sur une surface bétonnée, lisse, propre et horizontale, compatible avec la charge de la cuve pleine. Celle-ci est positionnée de façon à pouvoir brancher l’évacuation du siphon de trop-plein vers un exutoire.

Le stockage souple se compose d’une grande poche étanche en polyester enduit, qui se remplit et se vide au rythme des usages. Il peut être mis en place dans un vide sanitaire ou à l’extérieur, dans les mêmes conditions qu’une cuve (support, lisse, propre, etc.), en ajoutant un tapis de sol.

En savoir plus

No Normes

Dimensionnement

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C’est la première question à se poser, avant même de songer à investir. Internet déborde de feuilles de calculs et autres tutos top destinés à calibrer le volume de stockage. Il est utile d’en faire tourner plusieurs et de faire une moyenne statistique des résultats.
Heureusement, parce que la norme NF P06-005 est plutôt aride sur le sujet. Elle part du principe que le dimensionnement résulte d’une analyse de la relation entre la ressource en eau de pluie récupérable d’une part et les besoins des utilisateurs d’autre part. Dans le cas d’une maison individuelle, pour y parvenir, elle propose une approche dimensionnelle simplifiée ( !), une méthode de dimensionnement de référence, ou une simulation.
Il faut d’abord déterminer le volume d’eau potentiellement récupérable qui dépend de la pluviométrie, de sa fréquence, par jour ou par mois, de la surface utile de collecte, rapportée en plan, au sol, et du coefficient global d’absorption K qui tient compte des pertes de collecte, lui-même subdivisé en trois coefficients distincts.
Il faut ensuite déterminer les besoins, au cas par cas, à partir des usages envisagés, de leur fréquence et de leur saisonnalité, pour l’extérieur et, le cas échéant, l’intérieur. Le tout est passé à la moulinette dans une équation déjà assez complexe. Elle englobe les besoins mensuels intérieurs, constants toute l’année, l’arrosage sur les trois mois les plus secs, et exclut les autres usages externes. Elle intègre les statistiques pluviométriques calculées sur les 5 dernières années. Cela aboutit à un coefficient de référence (Cref) qui est la moyenne des 60 coefficients mensuels de la période (5 x 12). Si ce coefficient dépasse 0.65, vous avez gagné le droit d'appliquer une autre formule : Vref = (∑Bm /60) x (0,7/Cref2). En dessous de 0,65, le calcul est encore plus compliqué.

LO Loi

Usages réglementaires

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L’eau de pluie n'est pas potable. Elle peut contaminer les occupants qui la boivent mais aussi le réseau public s’il n’y a pas de disconnexion par surverse totale. Enfin, le stockage de l’eau de pluie peut engendrer des gênes (moustiques, …), des risques parasites (chikungunya…).
La réglementation permet seulement d’utiliser l’eau de pluie à l’extérieur (arrosage, lavage, …), pour le lavage des sols intérieurs et pour l’alimentation des chasses d’eau. Sous conditions et à titre expérimental, il est possible de l’utiliser dans un lave-linge, à condition de la désinfecter avec un dispositif déclaré au ministère de la Santé. Ces usages à l’intérieur sont interdits dans les collectivités.
À l’intérieur, le robinet d’eau de pluie doit être verrouillable, pas dans la même pièce qu’un robinet d’eau potable, (sauf annexe cave, sous-sol). Les canalisations de distribution d’eau de pluie doivent être repérées par le pictogramme eau non potable.
Le propriétaire de l’installation doit, chaque année au moins, nettoyer les filtres, vidanger et désinfecter le stockage. Il doit tenir à jour un carnet sanitaire, déclarer son installation en mairie si les eaux usées issues de la récupération sont rejetées au tout-à-l’égout. Les agents du service de l’eau, habilités à vérifier l’installation, peuvent imposer des travaux, fermer l’arrivée d’eau potable en cas de problème et initier des sanctions administratives ou pénales (3 ans de prison, 45 000 euros d’amende).
Le remplissage des piscines, même l'appoint est déconseillé sinon à la traiter pour obtenir une qualité d'eau sanitaire propre à la baignade.