Le toit est refait. Le volume intérieur est créé. Il est éclairé. Reste à le rendre habitable. Il s’agit donc d’habiller les murs, d’installer les équipements, de distribuer l’espace. Avant cela, il faut bien saisir les particularités techniques d’un comble aménagé.
Création d'un nouvel étage sous les toits
Un volume en étage et un plafond à pans multiples : la traduction technique d’un comble aménagé est relativement simple. Le fait que cet espace soit le dernier dans le sens de la hauteur est important. Cela a déjà une influence sur le comportement saisonnier, avec un risque de surchauffe en été, d’humidité et de pollution de l’air en hiver. D’autre part, l’aménagement du comble renvoie les exigences de régulation des transferts de vapeur d’eau, d’étanchéité à l’air et d’isolation thermique à la seule épaisseur de protection comprise entre le plafond et la couverture.
L'importance d'une bonne conception
Le volume est désormais entièrement intégré à la surface habitable de la maison avec laquelle il communique directement, ne serait-ce que par son accès. L’effet de cheminée joue à plein : l’air vicié des étages inférieurs monte et se stocke dans le comble. Ce phénomène peut être amorti par une isolation complémentaire du plancher du volume créé. Il est surtout contrôlé par une ventilation performante. D’autre part, il n’est pas normal de recourir à du chauffage d’appoint en hiver ou à de la climatisation en été, sauf circonstances exceptionnelles, vague de froid ou canicule.
Le plafond à pans multiples est véritablement un cas particulier. Par rapport aux autres pièces de la maison, il est unique. Sa hauteur variable conditionne les possibilités d’aménagement. En outre, il occupe la plus grande surface de paroi, supérieure à celle des murs éventuels. Cela le transforme en système multifonction, chargé de faire transiter les réseaux d’électricité et de ventilation, de conserver l’étanchéité à l’air et à la vapeur d’eau, tout en permettant le passage des conduits desservant les étages inférieurs, en restant suspendu sous la charpente. Il n’est pas inutile de prendre le temps de bien le concevoir.
Dans les combles, où l’espace est plus contraint, tout ce qui peut contribuer à augmenter visuellement la sensation d’espace est bienvenu.
Des conseils pour l'aménagement
Home staging
La surface habitable est délimitée conventionnellement par une hauteur de 1,80 m sous les rampants. Cette mesure a été choisie à une époque où elle constituait une bonne marge par rapport à la hauteur moyenne de la population. Aujourd’hui, bien enkystée dans la réglementation, elle ne risque pas de changer. Les plus grands sont sommés de baisser la tête. Mais il ne s’agit là que d’une norme réglementaire.
Les volumes situés en deçà de cette hauteur ne sont pas perdus pour autant. Ils peuvent servir au couchage, en coin détente (canapé) ou au rangement. C’est le degré de pente des rampants qui détermine l’aménagement le plus utile. Plus il se rapproche de la verticale, plus c’est facile.
La surface utile est encore limitée par les espaces de circulation, le palier et la trémie de l’escalier, les dégagements nécessaires à l’ouverture des portes, à l’aménagement de chaque pièce, de manière à ce qu’il soit possible de se déplacer sans se cogner.
La décoration, éclairer naturellement le comble est compliqué. Tout ce qui peut contribuer à augmenter visuellement la sensation d’espace est bienvenu. Le dépouillement, les couleurs claires, les jeux de perspective sont de mise.
Du sol au plafond
Longtemps, le lambris frisette a fait les beaux jours des aménagements façon chalet raclette. Les derniers vestiges qui résistent sont tous repeints ou cantonnés aux locations saisonnières prohibitives des stations de sports d’hiver. Pour l’habillage des parois, les murs et les rampants, la plaque de plâtre s’est majoritairement imposée car elle associe les avantages, sans guère d’inconvénients. En effet, c’est une structure légère, mince, posée sur ossature, autoportante pour les murs ou suspendue pour les rampants. Elle est parfaitement adaptée aux exigences spécifiques d’isolation thermique et d’étanchéité. Par exemple, pour les rampants, c’est son système de suspensions qui permet l’embrochage de l’isolant et la mise en place continue du pare-vapeur. Enfin, question déco, son caractère universel est inégalable. Elle peut être peinte ou recouverte par tous les revêtements décoratifs possibles, même du lambris frisette pour les nostalgiques ! Cette souplesse de choix permet d’associer le comble à l’harmonie du volume habitable de l’ensemble de la maison.
Les applications en bois sont marginales
Les panneaux, de fibre ou multiplis, peuvent remplacer la plaque de plâtre pour les mêmes applications et choix constructifs, sur ossature. Le bois massif est également présent, sous la forme des voliges traditionnelles, lorsque les chevrons sont apparents et que l’isolation est rapportée par l’extérieur (sarking, caissons, …). Attention, dans ce cas, le plafond n’est plus utilisable pour faire passer les réseaux.
Le plancher du comble
Il est généralement une structure légère, même si elle a été renforcée pour résister aux charges d’exploitation. En clair, il est rare de disposer d’une dalle en béton. Mais cela ne présente pas de contraintes particulières pour le choix du revêtement. En revanche, il faut apporter une attention spécifique sur les transmissions sonores, surtout en cas de maintien de chambres à l’étage inférieur. Les procédés classiques d’isolation acoustique, mis en œuvre dans les appartements, sont parfaitement adaptés à ce type de configuration. Il est également nécessaire de prendre en compte le risque de fuites et d’infiltration, si un équipement sanitaire est installé dans le comble, une salle d’eau et/ou un coin cuisine. Par exemple, il est prudent d’éviter de créer une douche à l’italienne sans receveur…
Une salle de bains ?
Il est fréquent de souhaiter transformer le comble en espace de vie indépendant, pour des enfants devenus grands ou pour le mettre en location. Cela revient alors à aménager un studio complet avec une pièce principale, un coin cuisine et un espace pour la toilette. Pour ce dernier, même dans un comble, il faut respecter les volumes de sécurité dans leur version actuelle (NFC 15- 100 amendement A5 de novembre 2015). Or, plus l’espace est réduit, plus les contraintes sont élevées pour respecter les distances définies à commencer par celles du volume 2, soit 60 cm autour du volume 1 dans le plan horizontal et sur 2.25 m de hauteur.
L’astuce consiste alors à ne pas créer une salle de bains indépendante mais à installer une cabine de douche. En effet, le volume 1 est strictement limité par les parois de la cabine faisant obstacle aux jets. D’autre part, toute paroi fixe et pérenne, jointive au sol, limite les volumes lorsque sa hauteur est supérieure ou égale à celle du volume concerné et en appliquant alors la règle du contournement horizontal. Ainsi, des parois de douches en plaques ou en carreaux de plâtre, posées du sol au plafond, répondent à ces exigences. Le volume 2 est alors circonscrit à l’espace situé devant l’accès. Attention, des parois vitrées ne sont pas considérées comme pérenne. D’autre part, un lavabo ne génère pas de volume de sécurité particulier.
Si un espace de toilette et une cuisine sont installés dans le comble, il est également nécessaire de renforcer les moyens de ventilation (bouche cuisine, bouche hygro, arrivée d’air…).
La ventilation et le réseau électrique
En matière d’électricité, il peut être utile de créer un tableau secondaire qui regroupe les protections mises en œuvre dans le comble, lorsque celui-ci est conçu comme un espace indépendant. Ce tableau secondaire est relié au tableau de répartition principal par une ligne directe calibrée en fonction de la puissance souhaitée et de la longueur de la liaison, au moins 6 mm2 et souvent plus. Il comporte les équipements habituels comme les disjoncteurs divisionnaires (coupe-circuits) et au moins une protection différentielle à haute sensibilité. Dans le tableau principal, il est seulement protégé par un disjoncteur divisionnaire, d’un calibre suffisant pour la puissance souhaitée.
La ventilation pose deux difficultés distinctes.
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La première est d’assurer un renouvellement suffisant de l’air intérieur. L’idéal est donc de relier le comble aménagé au système de ventilation mécanique de la maison, au moins pour l’extraction, au mieux en double flux. Des extracteurs peuvent éventuellement servir de pis aller, s’il est possible d’assurer l’évacuation de l’air vicié à l’extérieur sans créer une nouvelle autoroute à calories au travers du toit.
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La seconde difficulté de la VMC est de déplacer l’installation existante lorsque le moteur de celle-ci était mis en place dans le comble perdu. C’est l’occasion de remplacer le groupe d’extraction, voire de passer au double flux. La nouvelle installation peut alors prendre place en plénum sous le faîte, si la hauteur sous plafond le permet. Sinon, elle peut être logée en bas de rampant, dissimulée derrière des portes de placard. Dans les deux cas, le moteur doit rester accessible. Il faut également faire attention au bruit engendré, notamment l’aspiration dans des conduits rigides.
Fractionnement des combles
La distribution des cloisons
Si vous avez la chance de disposer de plus de 30 m2 de surface habitable d’au moins 1,80 m de hauteur sous plafond, vous pouvez distribuer les pièces comme un aménagement classique, en le complétant par les espaces sous les rampants. La division des pièces doit tenir compte de la diffusion de la lumière. Il faut également privilégier l’espace central et réduire le plus possible les zones de circulation.
Il est envisageable de concevoir une salle d’eau sans fenêtre vers l’extérieur, mais ce n’est pas le cas pour une pièce à vivre, un espace de repos, une salle de jeu ou une chambre. Les volumes de rangement sont fermés par des portes coulissantes et des placards sur-mesure.
Le cloisonnement n’est pas conseillé dans un petit volume. Il vaut mieux opter pour la modularité d’un seul espace multi-usage. Lorsqu’elle est nécessaire, la division prend la forme de cloisons démontables, bloquées en tête et en pied sous les rampants et au sol. Cela permet d’aménager rapidement des alcôves ou des compartiments, qu’il est possible de déplacer à sa guise, en fonction de l’évolution des besoins. Les panneaux suspendus, type japonais, le claustra ajouré ou le paravent, constituent d’autres alternatives qui permettent de matérialiser les usages sans contrainte importante.