Une des caractéristiques principales de la cloison est son absence de rôle dans la structure de la construction. Comme elle n’est pas porteuse, il suffit de la concevoir de façon à éviter qu’elle tombe sur les occupants. Ce qui laisse une grande liberté de création et nos ancêtres ne se sont pas privés. Au programme : brique de terre crue, pisé, bauge ou encore torchis.
La terre et la paille pour une cloison
Ces cloisons « alternatives » ne sont pas traitées dans les DTU. Au mieux, certaines bénéficient d’un ATec (avis technique) ou d’un DTA (document technique d’application). Mais ces sésames, s’ils permettent de normaliser les pratiques de construction, ne sont pas pour autant des impératifs, en particulier dans le second œuvre, dans l’habitat individuel, par exemple. Il revient toutefois au professionnel qui utilise ces solutions originales de prouver les moyens et les résultats mis en œuvre en cas de problème. C’est l’une des raisons pour lesquelles elles sont principalement utilisées par les autoconstructeurs qui n’ont de compte à rendre à personne, sauf à leur assureur et tant qu’ils ne louent pas leur production.
Les cloisons alternatives
L'adobe : un bon coût de brique
Qu’est-ce que c’est ?
Traditionnellement, c’est un mélange de terre brute (argile, sable, gravier) et des fibres, si la qualité de la terre le nécessite. Le tout est mélangé à de l’eau pour former une pâte molle, moulée dans un cadre, arasée à la règle, démoulée et laissée à sécher à l’air libre pendant au moins un mois.
Comment fait-on ?
L’adobe s’utilise comme une brique classique, sur un soubassement en pierre pour l’isoler du sol et des remontées capillaires le cas échéant. La cloison est maçonnée avec un mortier de terre comme liant. L’épaisseur de la cloison dépend de l’appareillage et du format de la brique. Elle débute à 5 cm. ´
Les variantes
BTC : La brique de terre compressée est fabriquée mécaniquement avec des matériaux sélectionnés et l’ajout d’un stabilisant (chaux ou ciment) qui en fait un produit parfaitement calibré puisqu’il est moulé sous pression. Le montage s’effectue de préférence avec un mortier terre/chaux ou terre/sable.
La brique extrudée. C’est simplement une brique pleine destinée à passer au four, mise à sécher à l’état cru. Le montage s’effectue au mortier de terre.
Le pisé : brut de décoffrage
Qu’est-ce que c’est ?
L’invention de la banche, c’est ici. Le matériau de base est une terre limoneuse non végétale comportant idéalement entre 15 et 25 % d’argile. Pressée dans la main, une boulette de terre humide ne s’effrite pas et ne se fendille pas une fois sèche.
Comment fait-on ?
La terre est rendue plastique avec juste ce qu’il faut d’eau. Elle est versée entre les parois d’un coffrage en bois claveté puis damée (au « pisoir ») pour obtenir un lit d’un dizaine de centimètres d’épaisseur, jusqu’à remplir la banche (environ 1 m de hauteur pour 2 à 4 m de longueur). Puis celle-ci est démontée et remontée pour la levée suivante, sans interruption de séchage et en décalant les « joints » de coffrage.
Les variantes
La version moderne utilise des coffrages coulissants et des presses pneumatiques. L’épaisseur est de 50 cm, pour des refends ou des murs accumulateurs.
La terre-paille : en descendant du colombage
Qu’est-ce que c’est ?
Cette technique est également dénommée terre allégée. Le matériau de base est de la paille, mélangée à un coulis de terre argileuse à raison de 10 à 20 % du volume, de manière à enrober les brins.
Comment fait-on ?
La cloison comporte une ossature bois, lisses et montants, enfermée dans un coffrage provisoire, fixé dessus. Le mélange est tassé dans les espaces libres et compacté, à la main ou avec une dame adaptée. Puis le coffrage est remonté de moitié. Le séchage dépend de l’épaisseur de l’ouvrage, environ 15 cm pour une cloison.
La bauge : une pâte de terre et de fibres
Qu’est-ce que c’est ?
Le matériau de base est la terre environnante épierrée et émottée, argileuse mais pas trop pour ne pas fissurer. Elle est mélangée à de l’eau en bonne proportion et une certaine quantité de fibres disponibles sur le chantier. Cela peut-être de la paille hachée, du roseau, de la bruyère, du crin, etc. Les proportions exactes relèvent du savoir-faire et des caractéristiques locales.
Comment fait-on ?
Le mélange bien travaillé, plutôt pâteux, est levé en tas d’environ 60 cm de hauteur, à la fourche sur un soubassement en pierres. Il est compacté à la main, par foulage ou à coups de pelle. Il faut attendre 3 à 4 semaines de séchage avant de passer à la levée suivante. On peut intercaler des lits d’assise en brique, en pierre. L’épaisseur est comprise entre 80 et 50 cm, plus large à la base qu’au sommet du mur (fruit).
Le panneau de paille : un carton
Qu’est-ce que c’est ?
Le procédé a été mis au point lors de la reconstruction d’après-guerre en Angleterre. La paille est hachée, nettoyée, compressée fortement et chauffée sous pression à 240 °C. Ce traitement barbare assure la cohésion du panneau « autocollé ». Le tout est habillé d’un parement en carton. Les panneaux mesurent une hauteur d’étage, pour 80 cm ou 1,20 m de large, en 40 ou 58 mm d’épaisseur.
Comment fait-on ?
Les panneaux sont montés sur une semelle en bois et maintenus par un système de clavettes métalliques. Une variante consiste à visser les panneaux de paille en parements sur une ossature bois. Les panneaux ne doivent pas être manipulés à plat. Ils se découpent à la scie. Le traitement des joints et les finitions compatibles sont semblables à ceux des plaques de plâtre standard.
Le torchis : un air d'autrefois
Qu’est-ce que c’est ?
Lorsqu’il est grossier, c’est un enduit « bousillé ». Le matériau de base est un produit de recette, adapté localement en fonction des circonstances, mais universel dans son usage puisque le torchis est présent dans le monde entier. Dans nos contrées, il est fabriqué à partir d’une terre plutôt argileuse, mélangée à des fibres courtes ou hachées de toutes provenances, mais principalement végétales. On peut aussi ajouter du gravier, de la bouse, de la chaux… Ce mélange pâteux est hourdé (plaqué) sur une ossature en bois. Correctement réalisée, la cloison n’est pas bousillée, mais bien torchée ! ´
Comment fait-on ?
L’armature du torchis est aussi diverse que sa composition. Cela peut être un clayonnage (tressage), des éclisses, des branchettes, des palissons (ou palançons), des lattis, placés entre des montants de bois, séparés d’un intervalle variable de 10 à 80 cm, qui resteront apparents ou seront masqués derrière un enduit. Bref, une séance de formation auprès d’un connaisseur local est recommandée.
Les variantes
Aujourd’hui, le procédé est standardisé avec un mélange prêt à l’emploi et un lattage calibré et cloué.
La brique de chanvre : le bon bloc
Qu’est-ce que c’est ?
C’est un bloc calibré composé d’un mélange de chènevotte et de chaux qui en fait un produit résistant, performant sur le plan de l’isolation thermique ou acoustique et facile à manipuler. Ce n’est pas un matériau porteur. (Photo : Isohemp)
Comment fait-on ?
Le montage s’effectue à joint croisé hourdé au mortier de chaux. Il est possible pour cela de s’inspirer des DTU correspondants (20.1 ou 20.13, par exemple). La cloison est enduite au mortier de chaux, de terre crue ou de plâtre. Les découpes s’effectuent à la scie à plâtre.
Les variantes
Le béton de chanvre, de composition similaire, est utilisé en projection ou par coulage entre banches, principalement pour des doublages ou des murs extérieurs.
La plaque d'argile : facile
Qu’est-ce que c’est ?
C’est un carreau de terre et de fibre de coco moulé, séché et calibré de 22 mm d’épaisseur, et 100 x 62,5 cm de dimensions pour un poids unitaire de 20 kg.
Comment fait-on ?
Le carreau se pose comme une plaque de plâtre, sur une ossature en bois ou métallique, à raison de 8 vis TTPC par élément. Les découpes sont réutilisables en mortier. Les joints sont traités et la cloison est recouverte d’un enduit à l’argile en deux passes (photo: @ Argilus).