De nombreux insectes et champignons apprécient le bois pour ses qualités nutritionnelles. Le problème est qu'ils détruisent nos habitats pour se nourrir. Quelles sont les solutions pour faire face à ce problème ? Le partage est désormais la meilleure stratégie : un petit peu, mais pas trop.
Ravageurs : quelle solution ?
Il ne s’agit pas d’une révolution, mais d’un retour à certains principes développés par l’expérience et l’observation. Car tous les bâtisseurs, de tous temps, ont utilisé le bois dans leurs constructions, du plancher au toit. Ils ont tous constaté les dégâts occasionnés par les insectes ou les moisissures. Ils ont tous développé des moyens empiriques pour s’en prémunir. Ces derniers varient d’une région du globe à l’autre, en fonction des ravageurs actifs localement. Mais ils reposent sur des critères communs. Le premier d’entre eux étant le contrôle de l’humidité.
Finalement, l’armada chimique censée éradiquer toute résistance vivante est une invention très récente, de la seconde moitié du XXe siècle. Comme dans ses autres applications (agriculture, santé, …), cette stratégie a atteint rapidement ses limites, soit parce qu’elle s’est avérée inefficace, soit parce que sa toxicité est incontrôlable. Il est donc temps de revenir aux règles en vigueur depuis des siècles.
Mais tout cela doit être adapté, car nous sommes désormais confrontés à des problèmes de délai et d’échange. Là où, autrefois, il suffisait d’abattre un tronc dans la forêt voisine, puis de le stocker les années nécessaires avant de l’utiliser, l’arbre pousse aujourd’hui à des milliers de kilomètres, dans un environnement différent, et il est abattu, transformé, puis mis en œuvre en quelques semaines seulement. Forcément, ça augmente les risques de gerce, de flambe et d’infestation. La colonisation tranquille du territoire métropolitain par le termite l’illustre bien : malgré toutes les précautions prises, il progresse.
Le meilleur moyen de lutter contre les champignons est donc d’empêcher l’eau d’entrer.
Les ravageurs
Des insectes aux champignons
Du côté des insectes, les coléoptères et les isoptères sont les principaux xylophages. Les premiers sont représentés par le capricorne, la vrillette ou le lyctus. Les seconds sont les termites.
Une quarantaine d’espèces de champignons s’attaquent au bois. Comme ils sont dépourvus de chlorophylle, ils doivent développer d’autres stratégies pour se nourrir. Certains ont opté pour la symbiose et les échanges productifs, comme la truffe et son chêne. Mais d’autres, et notamment ceux qui peuvent proliférer dans les maisons, n’ont aucun égard pour leur hôte.
Rester au sec
La réglementation impose d’utiliser – et de conserver – des bois secs. Cela signifie que leur teneur en eau est, au plus, égale à 18 %. Dès 20 %, les champignons peuvent survivre. Ils se réveillent à partir de 30 % de teneur en eau pour le mérule, 40 % pour les pourritures cubiques ou fibreuses et 50 % pour la pourriture molle.
Le phénomène n’est absolument pas nouveau. Les constructions anciennes étaient ouvertes aux quatre vents. Elles agissaient comme des systèmes respirants qui alternaient naturellement des phases d’humidité, en intersaison, et de séchage, en été et en hiver. Les constructions récentes affichent la stratégie opposée : elles sont parfaitement étanches, mais ventilées et restent donc sèches en toutes saisons. Les dégâts surviennent lorsque ces équilibres sont rompus. Pour le neuf, cela provient des défauts de constructions, un trou dans le pare-vapeur, par exemple. Pour l’ancien, le cas le plus fréquent, le champignon s’installe avec l’isolation thermique et le calfeutrage : la charpente n’échange plus avec l’air ambiant, ce dernier est confiné et l’ambiance générale se réchauffe. Des conditions idéales.
Le meilleur moyen de lutter contre les champignons est donc d’empêcher l’eau d’entrer. Pour le toit, cela passe par une couverture en parfait état, une bonne ventilation en sous-face et un écran de sous-toiture. Dans ces conditions, et sans autre moyen de traitement, la charpente peut tenir plusieurs siècles.
Traité ou non traité
Pour être commercialisés, les bois de charpente doivent être secs, naturellement résistants ou spécialement traités pour l’usage prévu. Ils sont concernés par la classe d’emploi 2. En clair, toutes les essences peuvent être utilisées, moyennant un traitement adapté le cas échéant (badigeonnage, trempage, autoclave, modification chimique, …).
Les ravageurs devant la loi
En passant par le mérule
Le mérule est un champignon lignivore particulièrement virulent. Il se contente de conditions minimales pour se développer à une vitesse redoutable et s’attaque aussi bien à la cellulose qu’à la lignine du bois. Il apprécie particulièrement les milieux confinés, sans aération et à l’abri de la lumière. Une définition qui s’applique à tous les bois mis en oeuvre dans un bâtiment, dès qu’ils sont dissociés de l’air ambiant.
La loi Alur rend obligatoire la dénonciation de la présence du mérule. Elle délimite par arrêté préfectoral les zones à risque et impose la fourniture d’une information (diagnostic) en cas de cession.
Le premier moyen de lutte est une surveillance régulière. Toute apparition d’auréole ou de tache humide doit être vérifiée. Les causes courantes (gouttières percées, tuiles cassées, etc.) doivent être réparées.
À l’apparition d’indices, comme des sortes de croûtes de fromage ou de duvet floconneux, contactez un diagnostiqueur qui identifiera les champignons concernés et la stratégie à mettre en oeuvre.
Le termite, à la force de mandibule
Pas moins de 6 espèces de termites se baladent sur le territoire métropolitain, dont 5 sont souterraines et une seule autochtone de bois sec, sans compter celles qui débarquent des tropiques.
Comme son nom l’indique, le termite souterrain vit dans le sol et remonte dans le bois pour se ravitailler, comme au supermarché. Parmi les représentants locaux, on peut citer reticulitermes banyulensis, de Banuyls, reticulitermes flavipes, qui loge au-dessus de la Loire, ou reticulitermes grassei, particulièrement actif en Aquitaine. Il est intéressant de constater que la carte termite se juxtapose à celle du vignoble, exception faite de l’Alsace.
Pour tenter de limiter cette expansion, tout un arsenal législatif et réglementaire a été mis en place à partir de 1999. Depuis cette date, il est obligatoire de déclarer la présence du termite dans un bâtiment ou un terrain, dans le mois qui suit le constat.
Depuis 2007, dans toutes les zones concernées (département entier, un canton, une commune, voire un quartier), les bois utilisés doivent être traités ou naturellement résistants. Il faut aussi mettre en place un procédé qui fasse obstacle au passage du termite ou qui permette de surveiller son activité (barrière physique, physico-chimique ou contrôlable). Un état parasitaire doit être fourni dans les zones concernées par un arrêté.