Qui dit cloison, dit mince et dit relative fragilité. Il est sûr qu’on ne peut pas demander la même résistance à une paroi cartonnée de 13 mm qu’à un mur en béton armé. Mais côté charge et réseaux encastrés, tout reste possible, à condition de prendre quelques précautions.
Ce que la cloison peut supporter
Parmi ces précautions, la première est de se poser la question de l’utilité d’encastrer une canalisation ou de suspendre une charge lourde. Et il est fortement recommandé de s’interroger avant la construction. Car cela permet de réfléchir à la meilleure répartition des réseaux, à prévoir leur parcours, éventuellement leur détournement, et à envisager toutes les solutions alternatives comme leur pose en apparent, sous baguettes, ou encore l’utilisation d’équipements autoportants, au sol, et non suspendus (sanitaires, rangement, plans de travail divers,…). Intervenir sur une cloison mince crée toujours un point de fragilité et peut en limiter les performances de résistance mécanique, mais aussi d’isolation thermique ou acoustique, en créant des vides interstitiels ou des passerelles d’un parement à l’autre.
Le moment de renversement
En ce qui concerne la suspension de charge lourde, il faut étudier deux éléments, le premier étant la résistance du système de fixation à l’arrachement et le second étant la rupture d’équilibre qui provoque le basculement de la cloison elle‑même. Car celle-ci est réputée stable sur sa base lorsqu’elle est construite, c’est pour cela que les DTU existent.
Mais une charge suspendue crée un déséquilibre du côté de la cloison où elle se trouve. L’importance de ce déséquilibre augmente avec la distance où elle est située par rapport au point de bascule. Sur une cloison, une charge près du sol occasionne moins de déséquilibre que la même placée sous le plafond, ou encore près du rebord extérieur d’une étagère profonde. L’instant où ça pète et où la charge emporte la cloison s’appelle le moment de renversement. Il est réglementairement quantifié dans les DTU. Il est par exemple de 30 daN/m (environ 30 kg) maximum pour une cloison en maçonnerie de petits éléments.
Cette notion étant plutôt délicate à interpréter pour de l’aménagement intérieur, il est prudent de se cantonner à des règles simples : pas de charge excessive sur une cloison ou la placer à proximité du sol s’il est impossible de faire autrement.
Sur une cloison, une charge près du sol occasionne moins de déséquilibre que la même placée sous le plafond.
Fixer dans la plaque de plâtre et les parements mince
Les fixations légères jusqu’à 10 kg peuvent être réalisées à l’aide de crochets X en veillant à bien planter le clou en biais.
Entre 10 et 30 kg, les charges peuvent être fixées selon deux techniques. Pour des applications ponctuelles, la plus courante est la cheville métallique à expansion.
La plaque est d’abord prépercée au diamètre de la cheville. Celleci est introduite dans le trou et compressée au dos de la plaque en utilisant une pince spéciale. Il est aussi possible de poser la cheville en serrant à fond la vis, jusqu’à bloquer la cheville, puis dévisser pour utiliser la vis avec le montage souhaité. La distance entre deux points de fixation doit être de 40 cm.
Pour des meubles ou des équipements importants et permanents, il est plus sûr de les fixer directement dans l’ossature métallique. Cela implique généralement de prévoir cette installation lors de la construction de la cloison afin d’insérer, si nécessaire, des renforts horizontaux. Après la pose et avant le revêtement de finition, il est possible de repérer les ossatures pour les marques enduites des têtes de vis. Sur une cloison entièrement terminée, le repérage s’effectue au détecteur de métaux.
Il est également possible d’intégrer des bâtis spéciaux, entre les montants d’ossature, pour des toilettes suspendues par exemple.
Le renfort est obligatoire pour des charges supérieures à 30 kg. Il convient toutefois de limiter les charges à des valeurs n’introduisant pas de moments de renversement supérieurs à 30 daN/m pour des charges localisées (lavabo) ou à 15 daN/m pour des charges filantes (éléments de cuisine). Cela se limite donc à de petits éléments, un ballon d’eau chaude de 50 litres maximum par exemple.
Saignées et encastrement
Éviter ces parcours encastrés
C'est la première des précautions et d’envisager d’autres solutions. S’il n’est pas possible de faire autrement, ces saignées, encastrements, percements et découpes, exécutés après coup dans les cloisons, doivent l’être après le durcissement des joints et raccords, et avant exécution des enduits et revêtements prévus, le cas échéant.
L’exécution de saignées d’encastrement continues en parcours horizontal n’est pas admise dans les cloisons d’épaisseur brute de 35 mm et 40 mm pour les éléments de terre cuite, 50 mm pour ceux en béton cellulaire ou 60 ou 70 mm pour les carreaux de plâtre.
Les règles concernant la profondeur sont adaptées en fonction des matériaux de la cloison mais elle reste limitée à 20 mm maxi, parfois moins.
Ces règles dépendent également de la nature de la canalisation, pour l’électricité ou pour l’eau, et de son parcours, vertical ou horizontal. Dans la plupart des cas, ce dernier est limité à quelques dizaines de cm seulement.
Évidemment, tout cela ne concerne pas les cloisons à parements minces sur ossature qui, au contraire, disposent de montants perforés spécialement conçus pour le passage des réseaux.
Une cloison reste un mur mince sensible au renversement. Les charges sont donc nécessairement limitées et il convient de multiplier les points de fixation de manière à les répartir au mieux.
Fixer dans la maçonnerie
Pattes à sceller et chevilles
Le DTU 20.1 recommande de fixer les charges à l’aide de pattes à sceller.
Il est toutefois nettement plus pratique d’utiliser le perforateur ou la perceuse et toute la gamme des chevilles proposées par les fabricants. Bon princes, ces derniers indiquent la nature du matériau de destination (creux, plein, terre cuite, béton cellulaire, etc.), la charge maximale admissible par point de fixation et la distance minimale entre ceux-ci. Il existe même des chevilles universelles compatibles avec la plupart des matériaux constitutifs de cloisons en maçonnerie.
Les chevilles courantes pour maçonnerie sont également compatibles avec les carreaux de plâtre pleins ou alvéolés, pour des charges légères ou moyennes.
Pour des charges particulièrement lourdes, il est toujours possible de recourir aux scellements chimiques. Attention, une cloison reste un mur mince sensible au renversement. Les charges sont donc nécessairement limitées et il convient de multiplier les points de fixation de manière à les répartir au mieux. Une autre solution consiste à utiliser des fixations par boulon, rondelles et contreplaques qui traversent la cloison de part en part.
Il n’est pas conseillé d’utiliser la percussion pour percer dans les matériaux creux en terre cuite ou en béton afin de ne pas pulvériser les parois des alvéoles.
Le béton cellulaire nécessite l’emploi de chevilles spéciales, de gros diamètre et au filetage marqué qui se posent par vissage.
En savoir plus
Les DTU concernés
Tous les DTU précédemment cités concernant les différents types de cloisons comportent des paragraphes spécifiques pour les passages de canalisation ou la suspension de charges lourdes. Ces règles sont reprises dans les DTU traitant de la plomberie, des séries 60 ou 65 par exemple, ou la norme C15-100 en ce qui concerne l’électricité.