Son aspect est plus esthétique que du béton brut : le béton désactivé se prête parfaitement à la réalisation d'une allée. Sa réalisation demande une bonne connaissance du produit afin que le résultat soit à la hauteur de vos espérances. Trop décapé, le béton se désagrège de façon anarchique, pas assez, il conserve son aspect de béton brut.
Qu'est-ce que le béton désactivé ?
Pour comprendre, il faut revenir à la composition originelle du béton à savoir du gravier, du sable et un liant, du ciment en l’occurrence. Les premiers sont là pour faire du volume et le dernier est là pour solidariser l’ensemble. Mais cette dernière action est progressive. Le ciment effectue d’abord une prise relativement rapide grâce à l’eau ajoutée, puis ne cesse de durcir par la suite, durant des semaines, voire des années. La réglementation prévoit de vérifier sa résistance à 28 jours, l’essentiel de celle-ci étant acquise à cette date. Si le mélange est mal dosé, si les conditions lors du chantier ne sont pas réunies, la recette est ratée, le béton se désagrège.
Opération de lavage
La désactivation du béton, qui peut être réalisée 2 ou 3 heures après l’avoir coulé (selon la température extérieure), vise à provoquer volontairement cette désagrégation et à la contrôler, afin d’obtenir un résultat esthétique original. Le béton désactivé est donc une opération de lavage, une fois la prise effectuée mais avant le durcissement complet, qui consiste à éliminer le ciment, la laitance, afin de faire ressortir les granulats. C’est possible de le faire sans autre artifice, sur une petite surface, en surveillant minute par minute la prise du béton. Mais le recours à des produits chimiques « de désactivation » facilite grandement l’opération.
Le béton désactivé est une opération de lavage qui consiste à éliminer le ciment, la laitance, afin de faire ressortir les granulats.
Du granulat pétrifié
La recette
La désactivation est donc une opération esthétique. Le maçon peut agir sur tous les paramètres pour obtenir le résultat recherché par son client. Il est ainsi possible de choisir la couleur du liant (gris, blanc, ajout de pigments), la nature (roulé, concassé), le calibre, la variété et la densité des granulats. En revanche, le dosage des différents constituants reste comparable à celui d’un béton standard, adapté en fonction de la destination de l’ouvrage. Pour une terrasse ou une allée, la base est celle d’une part de 350 kilos de liant par mètre cube de granulats.
La technique
Le terrassement, la préparation de la fouille et le coulage de la dalle sont strictement identiques à une opération courante, ferraillage éventuel compris. Le béton de masse, c’est-à dire l’épaisseur de la dalle, effectue sa prise de manière classique, dans les mêmes délais. La pulvérisation du désactivant sur le béton frais est la seule étape originale et remplace celle d’un produit de cure. Le lendemain, le lavage est réalisé au nettoyeur à haute pression (100 bars) en tenant la buse le plus haut possible pour bien décaper mais sans déchausser les granulats. Il est prudent de prévoir une petite rigole dans le sens de l’écoulement de manière à évacuer les eaux de lavage de la zone traitée.
La pose en vidéo
La technique en douze étapes
Les points-clés
Pour permettre cette opération, il suffit donc d’empêcher la prise du ciment en surface de la masse de béton. C’est le rôle du désactivant, une solution chimique complexe qui a un effet retardateur sur la prise. Le composé doit être en concentration telle que le principe actif (le retardateur) pénètre sur une profondeur inférieure au tiers du plus grand diamètre des granulats. Le retardateur est associé à un produit de cure qui ralentit le dessèchement en surface. La composition exacte du produit varie beaucoup d’un fabricant à l’autre (résines aminoplastes, styrène butadiène, acide carboxylique,…).
1-Le passage du laveur haute pression fait apparaitre les gravillons.
2-Couche de mortier dont la prise a été retardée par le désactivant
3-Désactivant
4-Profondeur de creuse du désactivant
En savoir plus
Choisir le désactivant
Comme tout produit inhibiteur d’une réaction préalablement attendue, le désactivant doit être choisi avec soin. En effet, s’il est trop efficace, il va bloquer le durcissement d’une importante épaisseur de ciment, au point de déchausser les granulats les plus fins.
A l’inverse, avec une formule moins agressive, la laitance de ciment ne sera pas suffisamment éliminée pour faire apparaître le résultat souhaité. C’est la raison pour laquelle le désactivant est toujours choisi en fonction du mélange de béton utilisé et, surtout, du calibre des granulats les plus gros (2/4, 4/10, 12/20, …).
C’est généralement la proportion de retardateur dans le mélange qui influe sur l’efficacité du désactivant. D’autre part, la taille des granulats influe directement sur l’aspect du béton et même sur son confort. Pour simplifier, le gros gravier, est pour l’allée du garage, le plus fin, pour la terrasse.