La pose d'un plancher hourdis est un travail délicat, qui demande une grande précision et beaucoup de minutie car un plancher mal posé peut se voiler ou même s'effondrer. Etant donné les différentes spécificités techniques à connaître, la pose d'un plancher hourdis n'est pas à la portée de n'importe qui. Mieux vaut laisser faire les professionnels.
Les 6 moments clés de la mise en oeuvre
1 - La pose des poutrelles
Avant la mise en place des poutrelles, les arases d’appui sont vérifiées et nettoyées. Puis les poutrelles portées à la main ou par un moyen de levage. La portée, les écarts respectent le plan de pose. Il faut vérifier l’absence de fissures, de déformation.
2 - A minima, fermer les travées
Ici des rupteurs de ponts thermiques ferment les travées et maintiennent l’écart entre poutrelles mais il pourrait s’agir de simples obturateurs qui ne jouent pas le rôle de rupteurs.
3 - Etayer... bien sûr
L’étayage est très important. Il est mis en place selon les préconisations du plan de pose, et, selon le cas, avant ou après l’installation des poutrelles. L’ensemble doit être stable, uniforme, réglé de niveau.
4 - Pose des entrevous
Les entrevous simples sont en plastique, en fibre de bois ou en polystyrène. Ils se posent de la périphérie vers le milieu de la travée, par emboîtement. Les entrevous lourds, en béton ou terre cuite, se posent côte à côte. Certains entrevous bénéficient d’une finition intérieure déjà réalisée.
5 - Découpes et trous
Les découpes sont réalisées sur mesure, à la main, à la scie sabre ou à la meuleuse, selon le type d’entrevous, simple ou lourd. Ainsi l’entrevous s’adapte aux chevêtres, réservations. On peut aussi le percer à la scie cloche. En revanche, il est interdit de marcher sur les zones comportant des entrevous découpés.
6 - Treillis et coulage
Le treillis de la dalle de répartition, en maille de 20 x 30 cm est posé selon le plan. Il est posé sur cales ou pas selon la nature de l’entrevous. Le béton de la dalle est coulé de manière classique, livré au godet ou par toupie, puis étalé, réglé, avant d’être débullé et lissé, en évitant les surcharges ponctuelles. Au bout d’un mois seulement on peut envisager le retrait des étais.
Les étapes de la mise en oeuvre
La réalisation d’un plancher est une opération longue et fastidieuse, particulièrement avec le procédé à poutrelles et entrevous. Elle est toutefois simple à comprendre dans le principe. Attention, le diable se cache toujours dans les détails, et un plancher n’échappe pas à la règle. Il faut donc une grande rigueur d’exécution pour chaque étape, car il n’y a pas de droit à l’erreur. La sanction intervient souvent lors du coulage de la dalle de répartition, depuis l’apparition de fuites localisées jusqu’à l’effondrement du plancher aux origines multiples (appuis, écartement, répartition des poutrelles, choix des entrevous, mauvais étayage, etc.).
Les arases
Elles constituent le support des poutrelles, en neuf comme en rénovation. C’est une couche de mortier, parfaitement réglée et lissée de niveau, conformément aux tolérances. Évidemment ce niveau est réglé d’un mur à son opposé et les arases sont réalisées sur des appuis parfaitement propres.
La pose des poutrelles
Les poutrelles sont disposées parallèlement, entre deux appuis, des murs porteurs ou de refend dans le cas d’une maison individuelle. Il faut d’abord faire attention à leur manutention, de manière à ne pas les déformer lors du levage ou à abîmer le talon, en particulier aux extrémités.
La largeur d’appui du talon en béton (pas des armatures qui dépassent) sur l’élément porteur est de 2 cm seulement pour du béton armé et de 5 cm dans les autres cas. Il faut s’assurer que les poutrelles ne bougent pas sur l’arase, qu’elles reposent en plein, à plat et bien droites.
L’espacement entre les poutrelles est déterminé par la largeur de l’entrevous, avec un jeu de 5 à 8 mm. Le procédé recommandé consiste à placer des entrevous aux extrémités pour faire office de gabarit. S’ils sont légers, les entrevous sont parfois installés en même temps que les poutrelles.
L'étayage
Il est parfois d’usage d’utiliser tout et n’importe quoi en guise d’étayage et de calage. C’est le meilleur moyen pour obtenir un plancher voilé ou le ruiner au coulage. Les files d’étais sont disposées perpendiculairement aux poutrelles, selon les préconisations du plan de pose. Ils sont tous identiques, parfaitement droits et reposent sur un support solide, une lisse de répartition, par exemple.
Pour des poutrelles en béton armé, les étais sont installés avant leur mise en place et réglés de niveau par rapport aux appuis.
Dans le cas de béton précontraint, les étais sont ajustés au contact de la poutrelle, sans la soulever ni laisser de jeu. Les étais sont montés avant la mise en place des entrevous lourds et peuvent l’être après s’il s’agit d’éléments légers. Certains entrevous isolants comportent une sous-face qu’il faut protéger par un madrier plat ou des griffes traversantes.
L'installation des entrevous
Ils sont déposés entre les poutrelles, parfaitement serrés entre eux, de manière à ne pas laisser de passage au béton de coulage. En règle générale, pour une même travée, il est fréquent de reporter les découpes à proximité d’un appui. Il est également possible, pour des entrevous isolants, de les poser à partir des extrémités et d’effectuer la recoupe d’ajustement au milieu. La largeur d’appui sur la poutrelle est d’au moins 15 mm. Ces appuis doivent être parfaitement propres pour faciliter la mise en place et éviter les désaffleurements. Il est possible de marcher sur les entrevous lourds. Pour les autres, un platelage est recommandé. La circulation est interdite sur les zones découpées.
Les armatures de chaînage et de liaison
Le ferraillage complémentaire s’adapte en fonction des configurations et des exigences du chantier. Couramment, il y a d’abord le treillis soudé (maille de 20 x 30 cm) nécessaire à la dalle de répartition. Il est posé au contact des éléments en béton, ou sur cales dans le cas d’entrevous d’autre nature, de manière à assurer un enrobage correct. Viennent ensuite les chaînages périphériques, au droit de tous les éléments porteurs, ainsi que les liaisons d’angle à chaque croisement de chaînage, horizontal ou vertical. L’ensemble est éventuellement liaisonné par des armatures en chapeau, des aciers profilés à l’équerre, disposés et ligaturés au-dessus du treillis soudé.
Les chapeaux sont nécessaires en cas d’appuis encastrés, d’appuis intermédiaires ou de porte-à-faux. Des armatures de renfort doivent enfin être mises en place sur les poutrelles à treillis raidisseur métallique.
Le coulage
Le béton utilisé doit disposer d’une classe de résistance minimale égale à C25/30. Le plancher est copieusement humidifié, sauf les poutrelles à treillis métallique.
Le principe général est d’éviter les surcharges ponctuelles susceptibles de provoquer le fléchissement du support, voire son effondrement : tant que le béton n’a pas durci, il faut toujours se rappeler que l’ensemble est instable. Le béton est déversé à partir des appuis vers le milieu des travées, transversalement aux poutrelles et en le débullant à l’avancement.
L'enlèvement des étais
Si le béton le permet, cette opération peut être effectuée au bout de 7 jours. Dans tous les cas, la mise en œuvre des revêtements fragiles ou le montage des cloisons ne peut se faire que 30 jours après l’enlèvement des étais (et non le coulage du béton). Dernière consigne, il ne faut pas laisser les étais en place (dans un vide sanitaire, par exemple), car ils constituent des points durs, pouvant provoquer des déformations.
3 types de poutrelles
Modes de fabrication
Il existe plusieurs types de poutrelles classées selon leur mode de fabrication, qui est toujours réalisé en usine. Il n’existe pas de critère de choix déterminant pour un type de poutrelles en particulier. Les poutrelles en BP sont peut-être plus fréquentes. Notez qu’il existe des poutrelles qui ne nécessitent pas d’étayage. Mais il faut que cela soit clairement spécifié par le fabricant. Dans tous les autres cas, la mise en place d’étais, et leur maintien en place jusqu’au durcissement du béton, est obligatoire.
Les poutrelles en béton armé (BA)
Il s’agit d’éléments comportant un talon inférieur, qui servira de support aux entrevous, armés de filants métalliques et d’un treillis supérieur.
Les poutrelles en béton précontraint (BP)
Dans ce cas, les poutrelles sont fabriquées à partir d’armatures filantes prétendues avant le coulage du béton.
Poutrelles sans étai
Certaines poutrelles se passent d’étayage. C’est pratique, lorsque la hauteur disponible est faible (vide sanitaire), que le sol est meuble ou que les étais sont difficilement récupérables après la réalisation du plancher. Cette technique n’est pas universelle et doit être validée par le fabricant ou le bureau d’étude. Ce type de poutrelles précontraintes contiennent des fils d’acier et des raidisseurs en partie haute qui facilitent leur prise en main. Le modèle ci-contre peut atteindre 9 m de portée pour seulement 130 kg.
En savoir plus
Un travail sur plan
En matière de conception et de réalisation d’un plancher, quelle que soit la technique utilisée, le maçon est un exécutant qui doit suivre à la lettre les indications du fabricant du procédé ou du bureau d’étude en charge du projet. Chaque chantier est un cas particulier. Le plan d’exécution détaille avec précision tout ce qui découle de l’étude technique, sur les produits utilisés, leur mise en place, les renforts, les lignes d’étais, les chaînages, etc.
Il ne s‘agit donc en aucun cas d’un travail de bricolage et le bagage technique minimum commence par savoir lire le plan de pose. La réalisation des planchers n’est donc pas à la portée du grand public.
Les entrevous en rénovation
Un plancher à poutrelles et entrevous est compatible avec les chantiers de rénovation, moyennant quelques adaptations simples. La première d’entre elles concerne l’organisation du chantier et sa mise en œuvre pratique. Lorsque plusieurs niveaux sont prévus, la progression des planchers et leur étayage s’effectue vers le haut, en tenant compte des surcharges sur les niveaux les plus bas. Le démontage des étais suit le sens inverse.
Compte tenu des difficultés d’accès et de stockage dans un chantier de rénovation, il est préférable de recourir à des entrevous de coffrage simple, en plastique ou en fibre de bois. Notez au passage que la mise en place des poutrelles doit toujours s’effectuer par-dessous, à partir de plateformes de travail en hauteur sécurisées.
La principale différence de pose par rapport au neuf concerne les appuis. Comme les murs supports existent déjà, il est nécessaire d’engraver (encastrer) les poutrelles dedans. Cette opération est déterminée par la nature du mur et son épaisseur, tout en respectant un niveau d’arase parfait.
Une première méthode, lorsque c’est possible, consiste à découper une saignée horizontale sur toute la longueur du mur, aux dimensions suffisantes pour loger les appuis de poutrelle, le chaînage périphérique, les chapeaux et la dalle de répartition.
Si ce n’est pas possible, en cas d’appui insuffisant, il convient de mettre en place une lisse de rive et d’ajouter un chaînage plat posé au-dessus d’un entrevous négatif.
Pour la liaison avec la rive non porteuse, les consignes pour le neuf sont à adapter, à savoir la mise en place d’une poutrelle de rive ou le départ sur une travée d’entrevous posés sur le mur. La première solution est souvent privilégiée. Le choix relève du bureau d’études.