Les chapes

Dalles de fondation 6 min de lecture
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Chapes, dalles, dallages, le monde de la maçonnerie joue allègrement avec le sens de ces mots pour en utiliser la définition que chacun souhaite. Même la réglementation s’en mêle et cultive la confusion. Commençons par une mise au point.

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Les usages

• Sur plancher bois solide
• Sur dalle béton

Les particularités de la chape

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Les termes de chape et de dalle, dans le domaine concerné par ce cahier technique, sont tous les deux des ouvrages à base de liants hydrauliques. Cela permet d’évacuer quelques variantes de définition du côté de l’étanchéité ou des revêtements de sols. Pour l’aspect réglementaire, la chape est spécialement détaillée dans les DTU 26.2 et 52.1, alors que la dalle se contente du générique DTU 21. Mais il est exact que le DTU 26.2 traite à la fois des chapes et des … dalles dites « non structurelles ». Et il définit la chape comme une « couche de mortier avec ou sans treillis ». Bref, il est temps de trancher.

Remettre le sol à niveau

Considérons que la dalle, en tant que terme générique, est un élément de gros œuvre qui participe activement à la structure du plancher auquel elle appartient et, par-delà, à l’ensemble de la construction en apportant de la rigidité et de la stabilité.
Ainsi, par opposition, une chape est un ouvrage sans rôle structurel. Elle vient compléter le gros œuvre sur lequel elle est appliquée, soit directement soit avec l’interposition d’une couche intermédiaire. Enfin, si elle est composée de béton et non de mortier, c’est-à-dire qu’elle comporte des granulats (de moins de 16 mm) la rendant plus épaisse, la chape prend le nom de dalle non structurelle.
La fonction principale de la chape est de régler le sol au niveau voulu, en tenant compte du revêtement de sol éventuellement ajouté, et de servir de support correctement surfacé pour les travaux de second œuvre.

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La fonction principale de la chape est de régler le sol au niveau voulu.

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Une grande famille

Maintenant que le terme de chape est qualifié, reste à en définir la nature. Car elle peut-être réalisée en même temps … que la dalle !
En effet une chape incorporée est réalisée en coulant le mortier sur le béton de dalle en cours de prise. Une autre technique consiste à vibrer fortement celui-ci lors du coulage de manière à le stratifier et faire remonter le ciment et les charges fines. Il s’agit alors d’une chape refluée. Toutefois, dans la grande majorité des cas, le mortier est appliqué lorsque le béton de la dalle a effectué sa prise. Il s’agit alors d’une chape rapportée. Mais là encore, il y a des nuances.

Cette chape est dite adhérente lorsqu’elle est exécutée au plus tôt après que le béton du support a commencé son durcissement et directement dessus.
Si une couche d’interposition est mise en place à l’interface avec la dalle support, il s’agit alors d’une chape désolidarisée. Enfin, lorsque cette désolidarisation intègre une sous-couche isolante, il s’agit d’une chape flottante.
Une chape adhérente peut être réalisée quelle que soit la destination des locaux. Une chape désolidarisée ne peut être appliquée que dans des locaux à sollicitation faible ou modérée (P4 classement UPEC). Et la chape flottante n’est en usage que dans les locaux à faible sollicitation (P2 ou P3 classement UPEC).

L'application de la chape

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Attention au support

Une chape est appliquée sur un support à base de liant hydraulique, une dalle en béton dans le cas le plus courant.
Pour une pose adhérente, la planéité du support doit être de type I et de type II pour une pose désolidarisée ou flottante. Le type I est un support dont la tolérance de planéité est de 5 mm sous une règle de 2 m et de 2 mm sous une règle de 0,20 m. Pour le type II, la tolérance passe à 7 mm sous la règle de 2 m (inchangée sous le réglet).
Le cas échéant, ces défauts de planéités doivent être rattrapés. D’autre part, il peut être nécessaire d’intégrer des fourreaux ou des canalisations. Dans ce cas, une couche de ravoirage est réalisée car le passage de ces conduits est interdit dans la chape elle-même. Son épaisseur doit être au moins égale au diamètre des conduits à incorporer, entre 2 et 5 cm.
L’âge du support est important. Le tableau ci-contre indique bien les délais minimaux à respecter. Ainsi, la pose désolidarisée peut être mise en œuvre bien plus tôt que la pose adhérente.

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Le coulage de la chape

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Le mortier de chape est toujours appliqué sur un support propre et dépoussiéré.
Dans le cas d’une chape adhérente, il faut éliminer par grenaillage le produit de cure utilisé en surface de la dalle support. Puis celle-ci est humidifiée et le mortier coulé sur une épaisseur minimale comprise entre 3 cm pour une chape et 5 cm pour une dalle.
Pour une chape désolidarisée et des locaux à faible sollicitation, le film d’interposition en polyéthylène peut être remplacé par une épaisseur de sable de 2 cm, voire un non tissé synthétique. Toutefois, seul le polyéthylène est universel, quelle que soit la sollicitation du local. Dans ce type de configuration, l’épaisseur nominale de la chape est de 5 cm sans être localement inférieure à 4 cm. Un renfort par treillis soudé ou fibres n’est pas nécessaire. Le mortier ou le béton est étalé sur la surface du support ou sur la couche de désolidarisation ou sur la sous-couche isolante, damé puis réglé et taloché et éventuellement lissé suivant l’état de surface désiré.
Le cas échéant, les joints de dilatation du gros œuvre doivent être respectés sur toute l’épaisseur des différentes couches, du ravoirage au revêtement de sol en passant par la chape. Les joints de retrait ou d’arrêt de coulage peuvent être recouverts.
Des joints de fractionnement sont à prévoir si la chape désolidarisée ou flottante mesure plus de 8 m linéaires sur un côté ou plus de 40 m2 de surface. Pour une chape adhérente, la mesure est ramenée à 25 m² pour une surface nue ou peinte et augmentée à 60 m² dans les autres cas. Différentes méthodes permettent d’obtenir ces joints, à sec, par sciage mécanique ou par profilé plastique. Ils doivent concerner au moins les 2/3 de la hauteur de la chape.

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