Comprendre ce qu’est un plancher surélevé est facile pour tous les amateurs de spectacle en plein air, puisqu’il s’agit ni plus ni moins d’une estrade. L’avantage principal est de disposer d’une plateforme indépendante et adaptable en fonction des besoins et de constituer un espace où l'on peut faire circuler les réseaux électriques.
Podium, estrades et autres scènes
Cette plateforme, en effet, n’a plus qu’à supporter les charges d’exploitation, le reste, les charges structurelles, étant intégré de façon classique dans le support, une dalle en béton, par exemple. Cela provoque d’ailleurs une certaine confusion dans les termes, puisque le mot « plancher », désigne à la fois le support, la dalle en béton, et l’élément rapporté par-dessus, la plateforme.
Plancher surélevé
Pour compliquer encore, l’espace fermé sous la plateforme s’appelle aussi un plénum, comme en plafond suspendu. En conséquence, la dénomination réglementaire au sens du DTU 57.1 est un « plancher surélevé à libre accès composé de dalles amovibles reposant sur une ossature réglable en hauteur, constituant un plan horizontal, délimitant un plénum, au-dessus du support des locaux où il est implanté ». Cela fait beaucoup de détails pour désigner… une estrade intérieure !
Cacher les réseaux
La simplicité n’est pas l’apanage de la technostructure.
En pratique, le plancher surélevé permet de ménager un vide technique continu sous la surface d’usage. Comme en plafond suspendu, cet espace est mis à profit pour faire circuler tous les réseaux encombrants qui ne cessent de se multiplier dans le bâtiment, résidentiel compris.
Un autre intérêt est d’apporter une réponse pertinente aux transmissions sonores entre deux étages, en isolant le gros œuvre des bruits d’impact.
Un troisième atout est, dans la plupart des cas, de séparer la fonction de circulation de réseaux de celle de l’isolation thermique, qui demeure souvent intégrée dans le support ou en sous-face de celui-ci. D’autre part, le choix du revêtement de la zone de circulation est le même que pour un système classique.
Si le format carré des dalles est un standard pratique, le revêtement lui-même peut être un parquet bois, une moquette, un lino, une céramique, une dalle minérale, etc. Rien n’interdit de changer d’ambiance au gré des humeurs, avec le minimum d’intervention.
Une mise en oeuvre facile
Installer un plancher surélevé est un chantier sec, qui repose sur la modularité de ses éléments, propre à chaque fabricant.
La première étape est un calepinage au sol de manière à centrer le dallage et à répartir les coupes en périphérie (au moins 10 cm de large). Le tracé reprend le damier du plancher final. A chaque croisement est mis en place un pied réglable ou un vérin, qui soutient les traverses métalliques qui encadreront chaque dalle. Au-delà de 50 cm de hauteur de pied, la structure est renforcée par des entretoises.
En cas de découpe, la pose des dalles ne débute jamais en rive, mais par des éléments entiers placés soit au centre de la pièce, soit à partir d’un côté ou d’un angle. Lorsque toutes les dalles entières sont posées, serrées entre elles et réglées de niveau, les découpes viennent compléter l’ensemble.
Le réglage de niveau s’effectue par vissage ou dévissage des vérins, qui restent accessibles après la pose des dalles. Au final, les différences de niveau ne peuvent pas dépasser 10 mm entre deux points pris au hasard et même 3 mm pour une surface inférieure ou égale à 5 x 5 m. Le désaffleurement entre deux dalles ne doit pas dépasser 1 mm.
La mise en place des réseaux s’effectue avant ou pendant la réalisation de l’ossature. Les accessoires comme les trappes, grilles de ventilation et autres boîtiers encastrés sont installés à l’avancement. Si un garde-corps est prévu, il est obligatoirement fixé au plancher support.
S’agissant d’un concept modulaire, toutes les adaptations sont possibles moyennant l’utilisation d’accessoires adaptés. Citons par exemple les plinthes ou les jouées pour des bords d’estrades, les marches et contremarches, les cloisonnements et les compartiments d’ossature pour gérer les circulations d’air, les renforts de châssis divers, pour supporter des charges lourdes ou franchir des vides comme des trémies, etc.
Pour l’entretien, le réglage et la remise à niveau restent toujours possibles. Pour déposer une dalle, il faut généralement un crochet adapté pour ne pas abîmer les bords. Le cas échéant, une dalle abîmée ou tachée se remplace facilement. Le seul interdit d’entretien est celui du lavage à grande eau. Mais cela relève du bon sens.
Vers une généralisation ?
Deux révolutions à venir
Le plancher surélevé est une pratique courante dans le tertiaire et certains commerces. Car il s’adapte facilement à la modularité des locaux, en complément des cloisons amovibles, en plus de faciliter le passage et la maintenance des réseaux. Ces atouts ne sont pas encore exploités dans l’habitat, mais c’est pourtant une piste d’avenir prometteuse. Ainsi, il ne fait pas de doute qu’à l’avenir l’affectation d’un bâtiment, collectif dans un premier temps, ne sera plus définie lors de sa construction. L’enveloppe et l’usage seront indépendants. La première sera conçue pour répondre à toutes les exigences réglementaires bioclimatiques, de fabrication décarbonée ou de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et chaque étage, devenu plateforme technique, s’adaptera de manière simple et rapide, en appartement, bureau ou commerce, en fonction des besoins de l’économie locale ou des aspirations des habitants. Le procédé n’est pas nouveau puisqu’il se pratique déjà pour la seule activité tertiaire. Il suffit aux architectes d’étendre le concept à tous les usages.
Dans un second temps, cette polyvalence s’étendra également à la construction individuelle. Car une maison, sur la durée de son ACV (cycle de vie théorique de 50 ans), va connaître plusieurs propriétaires et occupants. Ils seront tous différents, par leur nombre, leurs usages et leurs besoins. Aujourd’hui, les transformations sont lourdes, avec abattage de cloisons, détournements de réseaux, modification des accès. Demain, il suffira de déplacer les cloisons amovibles, les planchers surélevés et les réseaux en pose libre, pour créer un bureau, une chambre, agrandir le salon ou installer un bain à remous à côté des toilettes.