La récupération d'eau

Gouttière 7 min de lecture

Matériaux

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Une fois l'eau acheminée jusqu'en bas grâce à un astucieux système de gouttière, qu'en faire ? La laisser s'égayer dans la nature ? C'est possible, mais vu les étés caniculaires qui nous attendent, il pourrait être judicieux de collecter cette eau si abondante quand la bise est venue pour pouvoir chanter tout l'été sans craindre la ruine du potager !

Les règles d'usage

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En France métropolitaine, il pleut entre 500 litres (Marseille) et 1,5 m3 par mètre carré, par an et en plaine. Le tout tombe entre 50 et 160 jours (Brest). Si la moyenne nationale s’établit à 867 litres et varie peu au fil du temps, il existe toutefois une grande diversité au niveau des régions. Certaines manquent régulièrement d’eau. Mais cela provient plutôt des choix de politique agricole et de la concentration urbaine. Quoi qu’il en soit, la tentation de récupérer une partie de cette eau plutôt que de l’envoyer à l’égout est une préoccupation bien légitime. Se pose alors la question de l’usage qui peut être fait de cette eau. La réglementation ne lui permet pas, en l’état, d’être qualifiée de potable, car ce n’est effectivement pas le cas. En revanche, elle permet son usage pour des emplois secondaires, en particulier à l’extérieur de la maison, voire pour laver par terre ou alimenter les toilettes, à condition d’appliquer des règles strictes. La première d’entre elles est de respecter une séparation totale avec le réseau collectif, de manière à empêcher tout risque de contamination. Il faut aussi repérer clairement toutes les canalisations utilisées pour la récupération, jusqu’au robinet de puisage.

À titre expérimental, il est envisageable d’utiliser cette eau pour le lavage du linge, à condition qu’elle soit désinfectée. La réglementation impose aussi au propriétaire de l’installation de la déclarer, de l’entretenir au moins une fois l’an (vidange, curage, désinfection), de tenir à jour un carnet d’entretien et de permettre l’accès aux agents du service de l’eau.

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Une installation assez modeste, conçue pour l’arrosage, permet derespecter les arrêtés de restrictions d’usage de l’eau du réseau, sans faire faner les fleurs ou le potager.

Les différents systèmes de récupération

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Exemple d'installation d'un système de récupération d'eau de pluie avec un stockage enterré et une distribution à l'intérieur et à l'extérieur du bâtiment.

Les équipements nécessaires à la récupération

Au plus simple, le système de récupération se compose d’un collecteur, intercalé sur une descente, et relié à un réservoir. Le collecteur dispose généralement d’un système de trop plein qui ferme le remplissage du réservoir. Ce dernier est proposé en trois versions. La plus courante est aérienne, à poser. Pour des volumes stockés plus grands, il peut être enterré, comme une fosse toutes eaux. Il existe enfin des réservoirs souples. Quelle que soit sa nature, le réservoir doit disposer d’un trop-plein et d’une trappe pour l’entretien. L’eau de pluie est filtrée par des grilles et des tamis. Pour d’autres usages, elle peut être désinfectée, par stérilisation UV par exemple.

Pour utiliser l’eau, un simple robinet placé en bas de cuve peut suffire. Sinon, l’eau est distribuée par une pompe de surface ou immergée. En période de gel, il est prudent de désaffecter l’installation et de stocker les appareils dans un local hors gel.

Est-ce vraiment utile ?

L’intérêt d’étudier la mise en place d’un système de récupération d’eau de pluie dépend des motivations et de l’investissement à y consacrer. En métropole, pour des usages de l’eau domestiques, hors applications professionnelles, les restrictions d’accès au réseau sont rares et ne concernent que les usages annexes, sauf lorsque la ressource est polluée, auquel cas elle est substituée. Au passage, l’eau de pluie récupérée, puis stockée avant usage, n’apporte aucune assurance supplémentaire de potabilité, surtout que ces installations individuelles ne sont pas contrôlées. Ainsi, sauf dans le cadre d’un engagement militant qui repose sur d’autres principes, les intérêts écologiques et économiques de la récupération d’eau dans un projet autonome ne sont pas avérés.

En revanche, une installation beaucoup plus modeste, conçue pour l’arrosage - le lavage de véhicule est interdit chez soi – permet de respecter les arrêtés de restrictions d’usage de l’eau du réseau, sans faire faner les fleurs ou le potager. Quelques dizaines d’euros suffisent alors pour un réservoir de 500 litres équipé de son collecteur. Il permet de tenir quelques semaines, entre deux averses, pour des utilisations limitées. Pour le gazon, en revanche, les besoins d’arrosage et de stockage sont beaucoup trop importants. Laissez-le griller.

Eau stagnante : danger

BS Bon à savoir

Le tigre de nos campagnes ...

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Celui-là fait la une de l’actualité car son nom claque comme un étendard. Mais le moustique tigre n’est qu’un général qui dissimule une armée entière et c’est le dernier arrivé en métropole.

Il existe trois grandes familles de moustiques :

- Les Culex sont les plus courants (768 espèces). En métropole, c’est surtout le culex pipiens qui sévit. C’est le moustique gris classique, qui fait passer des nuits inoubliables. La femelle pond 150 œufs tous les 2 à 3 jours et peut vivre trois mois. Les larves forment des virgules sous la surface des eaux stagnantes.
- Les Anophèles (464 espèces) se sont spécialisés dans la transmission du paludisme pour 68 d’entre eux. Ils font tout le charme des vacances en Camargue et piquent sans faire de bruit. La femelle vit jusqu’à 2 mois et pond jusqu’à 200 œufs, mais en une seule fois.
- Les Aedes sont les voisins de chambrée des anophèles. Leur vol est audible. Le moustique tigre, l’aedes albopictus, n’est qu’un membre de la famille (263 espèces). Il est célèbre car c’est un vecteur de la dengue, du chikungunya ou du zika. Il s’est installé en métropole, a fait souche et se développe. Il existe désormais des cas autochtones, 100 % territoire métropolitain, sans lien avec un retour d’un territoire affecté. Sa zone d’influence remonte les fleuves et suit la carte du réchauffement climatique. Il est présent dans, au moins, 42 départements. La femelle vit un mois environ. Elle pond jusqu’à 80 œufs tous les trois jours. Ces œufs, pondus à l’automne ou pendant une sécheresse, peuvent patienter plusieurs mois (diapause).

Les représentants de ces familles qui nous importunent partagent le fait d’avoir des femelles qui piquent tout ce qui bouge pour assurer le renouvellement de l’espèce. Elles ne sont pas spécialisées. Un autre point commun est la nécessité de disposer d’un point d’eau stagnante pour assurer le développement de la nouvelle génération. Inutile de disposer d’un grand lac. Pour certains moustiques, le volume d’eau de pluie d’une capsule de bière suffit. Enfin, compte tenu de leur vitesse de prolifération, du renouvellement accéléré des générations et de leur capacité d’adaptation – ils étaient déjà là au temps des dinosaures – il est parfaitement illusoire d’espérer en venir à bout avec des pesticides ou des manipulations génétiques.

Un moyen de lutte efficace reste la suppression de tous les points d’eau stagnante. Outre les coupelles de plante en pot, les flaques et les regards en tous genres, cela concerne évidemment les récupérateurs d’eau de pluie. Il est possible de les protéger à condition qu’ils disposent de couvercles parfaitement hermétiques, maintenus fermés, et que leur alimentation soit équipée d’un disconnecteur antimoustique, comme un siphon ou un filtre. Le pire reste le vieux bidon ouvert, posé au pied de la descente de l’abri de jardin. Si vous pensez vous en sortir en pulvérisant un pesticide dedans, rappelez-vous que vous allez utiliser cette eau dans votre environnement proche, ou même votre alimentation, en arrosant le potager, par exemple. Pas bien bio les salades…