Revêtement de façade en enduit traditionnel

Appliquer un enduit de façade est une opération courante que tout maçon, professionnel ou amateur, se doit de maîtriser du bout de la truelle. La méthode classique, à la main dans la plupart des cas, est éprouvée par des siècles de pratique. Ce qui n’exclut pas des règles élémentaires.

Bien choisir son enduit

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Le meilleur enduit est celui qui est compatible avec la nature et l’état du support et son orientation. Il dépend aussi des moyens et techniques d’application, de la finition recherchée et du revêtement éventuel à recevoir (peinture, RPE,…).

Les principales qualités de l'enduit

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Les premiers critères sont la résistance à l’arrachement du support, celle de l’enduit et la compatibilité des deux. La première est déterminée, comme toujours, par un classement de résistance à l’arrachement du support (Rt).
Pour la résistance de l’enduit, une différence est faite entre celui qui est préparé sur place (de recette) et celui prêt à l’emploi (performanciel). Dans le premier cas, le dosage en liant est dégressif de la première à la dernière couche. Dans le second, la résistance en compression CS de l'enduit de finition ne doit pas être supérieure à celle du corps d'enduit.
Pour assurer la compatibilité de l’enduit au support, dans le cas d’un mortier de recette, les dosages sont indiqués dans le DTU. Par exemple, pour un mur Rt3 (blocs béton), il faut 500 à 600 kg de ciment CEM I ou II par m3 de sable sec pour le gobetis. Le dosage n’est plus que de 350 à 450 kg pour le corps d’enduit et tombe entre 250 et 350 kg pour la finition.
Pour un mortier performanciel, la compatibilité de l’enduit au support est indiquée par sa classe de résistance CS, inscrite sur l’emballage. D’autres critères conditionnent le choix d’un enduit performanciel, comme son imperméabilité (absorption d’eau par capillarité) classée de W0 à W2, sa conductivité thermique (T1 ou T2) ou encore sa rétention d’eau. Cette dernière caractérise l'aptitude du mortier frais à conserver son eau de gâchage pour permettre une bonne adhérence et cohésion finale. Une forte rétention est recommandée sur des supports poreux, absorbants, s’il fait chaud ou s’il y a du vent.

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Le meilleur enduit est celui qui est compatible avec la nature et l’état du support et son orientation.

Tout savoir sur l'enduit

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Un enduit ça sert à quoi ?

Un enduit, épais dans le cas présent, remplit trois fonctions : La 1ère est le dressage, qui consiste à rattraper les irrégularités du support. La 2ème est la protection de la paroi contre la pluie. Et la 3ème est l'aspect final.

Le mortier et les colorants

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L'enduit, c'est du mortier

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Le produit est appliqué sur la paroi. C’est un mélange composé d’un liant, de charges, d’eau, d’additifs, de résines et de colorants.
Les liants utilisables sont très nombreux, puisqu’ils comportent la plupart des types de ciments, de chaux et même de plâtre (MPC). Chaque liant peut être choisi en fonction de ses caractéristiques, selon la couche d’enduit considérée, la formule du produit prêt à l’emploi ou la recette préparée sur place.
Les charges comportent d’abord les granulats, principalement le sable pour un mortier d’enduit. Il peut être accompagné de granulats plus légers pour les supports faiblement résistants à l’arrachement. Les charges peuvent comporter des fines, des adjuvants en poudre destinés à modifier les caractéristiques du mortier, frais ou durci.
Les additifs ajoutés servent de conservateurs, de rétenteurs d’eau, de rétenteurs d’air, mais aussi d’hydrofuges, d’assouplissants, d’adhérents, etc.

Les colorants

Du fait de leur plus grande absorption du rayonnement solaire, les enduits foncés subissent des contraintes thermiques plus fortes, qui peuvent entraîner des dégâts comme la fissuration ou l'éclatement du support, ainsi que l’apparition d’un nuançage ou d’efflorescences.
En complément du mortier, l’enduit peut être renforcé au moyen d’armatures métalliques, de treillis en fibre de verre, de cornières ou de profilés, en métal ou en plastique.
L’un des principaux critères de performance d’un enduit est son comportement mécanique défini par sa résistance à la compression à 28 jours, répartie en quatre classes. Un enduit ne doit jamais être plus dur que son support.

Un enduit, sur quoi ça se pose ?

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Un enduit sur quoi ça se pose ?

L'enduit minéral épais est destiné aux parois extérieures en maçonnerie et en béton. Ils doivent être propres, cohésifs et stabilisés. Les enduits ne peuvent être réalisés que sur des supports terminés depuis au moins 30 jours, ou 45 jours pour du béton banché. Ces derniers peuvent rester apparents.

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Un bon dosage en eau est primordial pour disposer d’une consistance idéale pour l’application

Un enduit selon support neuf ou ancien

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Enduit pour support neuf

Une distinction est faite entre les supports courants et soignés, selon les désaffleurements constatés sous la règle de 2 m ou de 20 cm. Les balèvres trop saillantes, qui dépassent les tolérances, doivent être arasées. Il est également possible, sur les maçonneries, de compenser les défauts de planéité par un enduit de dressage (renformis) de composition identique au corps d’enduit, qui ne sera alors appliqué que passés 7 jours. Les maçonneries sont toujours humidifiées. Si elles sont en terre cuite, il faut arroser moins de 30 minutes avant l’application ou à l’avancement, particulièrement par temps chaud ou venteux. Si le béton banché est trop lisse, sa surface est piquée, sablée et brossée au décoffrage et reçoit un gobetis. Les défauts de planéité sont rectifiés avec un mortier de réparation.

Enduit pour support ancien

Leur préparation est adaptée après l’établissement d’un diagnostic de leur état. Les supports nus sont nettoyés, dépoussiérés et purgés. La surface des maçonneries est vérifiée, piquée si nécessaire et réparée. Les joints sont particulièrement inspectés : ils sont dégarnis sur 20 à 50 mm s’ils sont friables. Toutes les réparations sont effectuées avec un mortier identique au corps d’enduit. Un ancien enduit est piqué s’il est friable, décollé, faïencé. Les parties saines, qui résistent au piquage, sont conservées. Elles sont considérées comme des supports neufs. Les fissures sont ouvertes et réparées, avec ou sans armature de renfort selon leur degré d’évolution. Les enduits au plâtre et les peintures doivent être entièrement éliminés. L’inspection passe aussi par le traitement des origines des dégradations constatées (fuites de gouttières ou de descente, des remontées capillaires en soubassement). Ces travaux doivent être exécutés avant la réfection des enduits.

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Un enduit, comment ça se pose ?

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Le mortier d’enduit est préparé à l’avancement, en fonction des besoins, en mélangeant les produits secs d’abord, puis en ajoutant l’eau, de préférence par malaxage mécanique. L'emploi d'un mortier rebattu qui débute sa prise est interdit. Un bon dosage en eau est primordial pour disposer d’une consistance idéale pour l’application, améliorer l’accroche et le dressage, éviter le nuançage et limiter le retrait au séchage.

Le mortier est appliqué à la main (jeté truelle) ou mécaniquement. Dans le second cas, on peut utiliser un pot de projection pneumatique ou une machine à projeter à gâchage continu ou discontinu. Cette dernière convient le mieux pour les mortiers performanciels.

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Le mortier est ensuite dressé à la règle et/ou serré à la taloche. Le dressage égalise. Le serrage renforce la cohésion et l’imperméabilité de l’enduit. Au final, l'épaisseur de l’enduit appliqué doit respecter une certaine valeur.

Un enduit trop mince n’est pas imperméable et laisse apparaître l’aspect du support (spectre). S’il est trop épais, les risques de fissuration sont augmentés. Il faut aussi qu’il soit plan, c’est-à-dire pas plus de 5 à 10 mm de décalage sous la règle de 2 m. Enfin, l’aspect est déterminé par le geste et l’outil de finition, ainsi que par la granulométrie de la dernière couche.

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En savoir plus

RA Règles de l'Art

Prescriptions générales

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L’enduit doit être appliqué entre 5°C, voire 8°C pour les chaux, et 30 °C. Il faut éviter le gel, les supports surchauffés ou desséchés, le vent sec et, à l’inverse, une forte humidité pour la finition (brouillard, bruine, pluie, …). Le grillage d’un mortier survient par temps chaud et sec. Il devient friable et se décolle. Pour l’éviter, il faut humidifier l’enduit 3 jours après l’application.

L’enduit n’est jamais appliqué sur des parties horizontales, sauf en sous-face, ou inclinées. Un mortier hydraulique peut être descendu jusqu’au sol sauf s'il est à base de chaux. Dans ce cas, il est arrêté 15 cm au-dessus. Pour une paroi hétérogène (chaînage, linteau, coffre de volet roulant, …), les jonctions entre les différents supports sont renforcées par une armature métallique ou un treillis en fibres de verre, d'environ 80 cm de largeur, incorporé dans l'enduit. Celui-ci est peigné et doit sécher avant l'application du corps d’enduit.

Les joints de structure ne sont pas enduits, mais remplis avec un mastic élastomère ou un profilé déformable. Les joints de modénature (moulures et reliefs de façade) ne sont réalisés qu'en finition et doivent rester couvert d'au moins 12 mm de corps d’enduit.

Les arêtes d’angle peuvent être protégées par une cornière. Une truelle d’angle est recommandée pour les angles rentrants. L’enduit ne doit pas être plus épais que les modénatures de chaînage ou d’encadrement en pierre.