Dans une maison, plus de 56 % des chutes ont lieu dans la salle de bains. Il est donc raisonnable de considérer que cette pièce est la plus dangereuse. mais les chutes sont loin d’être le seul danger… nous allons vous montrer comment les éviter.
Anticiper et réduire les dangers
Chuter dans sa salle de bains n'est pas une fatalité. Si la pièce, mal conçue, peut représenter un danger certain pour une personne âgée ou à mobilité réduite, bien conçue elle peut se révéler parfaitement sécurisée. Il suffit de faire les adaptations adéquates.
Ces modifications et adaptations concernent tous les éléments de votre salle de bains ou presque. Les concepteurs ont fait des merveilles pour faciliter la vie des personnes âgées et de leurs accompagnants. Prenez le lavabo, il se fait désormais adaptable et peut se lever et se baisser pour être mis à la hauteur de la personne, même si celle-ci est en fauteuil roulant.
La baignoire, elle aussi se transforme pour ne plus représenter un obstacle. Avec l'apparition de porte hermétique, il suffit désormais d'ouvrir une porte et de s'installer dans son bain sans avoir à enjamber le tableau de cette dernière. Un grand progrès.
Toutes les solutions que nous allons vous exposer ici sont conçues dans le même esprit : sécuriser l'environnement des personnes utilisant cette salle de bain en leur permettant d'utiliser les différents éléments dans une position confortable, le plus souvent assis et assurer leur stabilité par des barres de maintien placées au bon endroit.
Le miroir parlant ... c'est demain !
Un miroir qui réfléchit et qui parle, voilà qui peut être utile aux personnes en perte d’autonomie… Car ce miroir intelligent, développé conjointement par le CHRU de Lille et trois entreprises de la région Haut-de-France, interroge (oui, interroge) le patient sur sa santé, à travers des questions du genre (et l’exemple est hypothétique) : «Avez-vous ressenti des douleurs en urinant ?», question qui pourrait être posée à un homme d’âge mûr fraîchement opéré d’un cancer de la prostate. Un écran tactile permet de répondre au miroir et des procédures d’intervention sont lancées si nécessaire. Quand tout va bien, les informations sont néanmoins stockées pour un meilleur suivi des patients. Le miroir est associé à une balance qui, outre sa vocation d’origine, déclenche une web cam équipée d’un système de reconnaissance faciale. Ainsi, il ne brille par sa curiosité que lorsqu’il reconnaît le patient.
Les solutions pour les PMR
1. Le sol
La solution la plus radicale, et certainement la plus efficace, est de poser un carrelage antidérapant (en grès cérame le plus souvent). Mais pas n’importe lequel : il existe en effet plusieurs niveaux d’adhérence dont chacun correspond à un besoin bien particulier. Comment calcule-t-on l’adhérence d’un carreau ? Avec la méthode du « plan incliné » (norme XP P05-11) : un opérateur, chaussé (PC) ou pied nu (PN), marche sur un revêtement à inclinaison variable badigeonné de lubrifiant. On observe ainsi à partir de quelle inclinaison le cobaye (consentant et harnaché) perd l’équilibre. Par exemple, un indice PN 24 signifie que le carreau ne glisse pas sous les pieds nus, même avec une pente de 24°. Pour la salle de bains, un classement PN 12 suffit. En effet, si le niveau d’adhérence est trop élevé, l’entretien du carrelage sera difficile, en raison du relief de la surface. Notez que les carreaux sont souvent classés selon un indice « R » qui correspond à une norme allemande basée sur les mêmes principes (R10 maxi pour la salle de bains). Mais pour garder les pieds bien ancrés au sol, il existe des méthodes plus économiques : outre les carrelages antidérapants, qu’il ne faut pas négliger, on peut vaporiser un produit antidérapant sur le carrelage ou bien apposer des autocollants antidérapants.
2. La baignoire
Une porte
Vous pouvez faire installer une porte étanche sur votre baignoire sans avoir à en changer. Pour les personnes en fauteuil on peut choisir d’installer une planche de bain pivotante qui permet de se positionner dans la baignoire en toute sécurité et de faire sa toilette. Il est également conseillé de s’équiper de poignées de baignoire, à fixer sur le rebord.
Un siège
Placer un siège de baignoire qui facilite les levées. Ou bien un siège élévateur équipé d’un moteur, certains modèles permettent une immersion totale (ou presque). Ou encore un réducteur de baignoire, sorte de bac qui s’adapte aux dimensions de la baignoire.
3. Le lavabo
Il existe des meubles rétractables qui permettent leur utilisation assis (en position déployée) comme debout (position normale). Mais aussi des meubles dont la hauteur varie selon les besoins. Ces meubles, dotés d’un système anti-écrasement, sont électriques ou manuels. Il faut savoir que les modèles électriques sont beaucoup plus chers. Si toutefois, vous optez pour le lavabo fixe, faites-en sorte de le poser à 85 cm du sol, c’est la norme. Pour éviter les brûlures, le siphon devra être déporté. La distance qui sépare le robinet de l’utilisateur est à prendre également en compte : 60 cm est une distance pratique. Par ailleurs, installer un robinet de préhension avec douchette facilite la toilette.
4. Les toilettes
On installera là aussi des barres de maintien, coudées de préférence, et un rehausseur de toilettes. La cuvette doit être placée à 40 ou 50 cm du sol pour faciliter les levées.
Toilettes intelligents !
Dans un futur très proche, aller aux toilettes pourrait bien s’apparenter à du tourisme médical. Toto, numéro un japonais des sanitaires, a mis au point il y a moins de trois ans une nouvelle génération de toilettes qui fonctionnent littéralement comme un mini laboratoire d’analyses. Prenez place sur «le trône» et, ces «toilettes intelligentes», comme on les a baptisées, vous prélèveront un peu d’urine pour mesurer votre taux de glycémie et votre température ; vous pèseront. Et grâce à un bracelet intégré, calculeront votre pression sanguine. Un mini bilan de santé vous sera alors envoyé par courriel, ainsi qu’à votre médecin, bien entendu. Economiques, ultra confortables, les toilettes Toto ont une autre particularité : elles sont munies d’un système qui masque les bruits incongrus. On est très loin, en somme, des latrines de nos aïeux.
5. La douche
La solution la plus commune est d’installer une douche à l’italienne, c’est-à-dire, une douche dont le siphon est au sol, et le receveur extra plat. Parlons maintenant carrelage. Nous avons vu les carreaux testés chaussés. Pour la douche, on préférera bien sûr des carreaux testés pieds nus sur sol humide. L’adhérence préconisée pour un bac de douche est l’adhérence moyenne (PN24) résistant à une inclinaison de 24°. La pente du receveur étant très douce (2°), tout va pour le mieux. En revanche, si vous souhaitez conserver votre douche telle quelle, un marchepied résistant à l’eau recouvert d’une surface antidérapante peut s'avérer indispensable. Certains modèles sont réversibles et permettent ainsi d’adapter la hauteur de la marche (vous aurez le choix entre 10 et 15 cm le plus souvent). D’autres encore sont emboîtables, se transforment en petits escaliers. Pour les personnes en fauteuil, on conseillera plutôt une rampe d’accès.
Il faut placer des barres de maintien coudées à fort diamètre, car plus faciles à empoigner, sur les parois de douche. Mais au fait, pourquoi coudée ? Parce qu’ainsi on peut poser son avant-bras sur la partie horizontale pour plus de stabilité. La hauteur de la barre dépendra de la taille de la personne, idéalement elle doit être posée à hauteur de son coude. Quand on ne veut pas s’ennuyer à prendre ses mensurations, on place généralement ces barres à 90 cm ou 1 m du sol. Le choix des fixations maintenant : les plus sûres, sont les fixations à vis, adaptés aux personnes corpulentes. Seulement, il arrive que les personnes isolées ne veuillent pas ou ne puissent pas percer leurs parois, il arrive aussi que le mur ne soit pas adapté. Pour pallier ces problèmes, on se munira de barres à ventouses qui ont certes l’avantage d’être facilement installables (et déplaçables) mais qui sont moins résistantes aux lourdes charges. Toutefois, les plus sophistiquées d’entre elles sont munies de témoins de verrouillage. Ça rassure.
6. Le siège
Il est préférable de prendre sa douche assis. Or, à chaque cas, à chaque situation, son siège. Posez-vous les bonnes questions. Si vous avez besoin de l’aide d’une tierce personne pour vous laver, pour effectuer les transferts, nous vous recommandons de vous procurer des sièges à roulettes. Si vous êtes une personne âgée mais autonome, optez plutôt pour le siège de douche escamotable ou fixe avec pieds antidérapants, pourvu si nécessaire d’un dossier et d’accoudoirs. Et puis, ne nous leurrons pas, la question du budget est essentielle. Alors qu’il faut compter environ 90 euros pour un siège fixe simple, pouvez-vous vous permettre de dépenser plus de 600 euros pour le même type de produit agrémenté d’une assise pivotante ? Quant aux sièges amovibles, ils vont généralement de 600 à 900 euros, voire un peu plus, ils sont plus « techniques », c’est la raison.
7. Le sol
Posez donc un tapis de bain antidérapant fixé au sol. N’ayez pas peur de mettre un grand tapis (80 × 130 cm). Et placer les serviettes à portée de main. Ou bien, si vous aimez les appareils hi-tech, faites poser dans la douche un séchoir corporel, sorte d’immense sèche-cheveux, pour sortir tout sec. Mais enfin, c’est très cher, pas moins de 900 euros !
8. Les parois
Il faut apporter un soin particulier aux parois de douche que vous installerez. Elles doivent être en verre transparent de haute résistance, parfaitement hermétiques, et s’ouvrir vers l’extérieur pour éviter l’auto-enfermement en cas de chute. Les parois hautes, peuvent aller jusqu’à deux mètres, et limitent les risques d’asperger la salle de bains. Pour les personnes en fauteuil, les parois s’arrêteront à 45 ou 50 cm du sol, cela facilite la relation aidé/aidant et, seront complétées par des rideaux de douche, pour éviter les « bavures » et autres dommages collatéraux. L’eau éclabousse… et l’eau chaude brûle équipez-vous d’un robinet thermostatique doté d’un système anti-brûlure.
En savoir plus
Plusieurs salles d'eau dans votre maison ?
Ce que dit la loi et le bon sens.
Une seule de ces salles de bains ou d’eau doit être rendue accessible. Le choix se portera bien évidemment sur la pièce la plus facile d’accès ou celle dont la transformation est la plus simple à réaliser. Sachez aussi que la loi oblige seulement à prévoir des aménagements ultérieurs pour une salle de bains. Autrement dit, si vous pensez louer votre bien dans un temps lointain, vous devez seulement prévoir la transformation sans la faire.
Les toilettes dans la salle de bains ?
Ce cas est très fréquent dans les petits appartements. La seule contrainte est celle de la circulation à l’intérieur de la pièce. Il sera peut-être plus raisonnable d’enlever les toilettes de la salle de bains pour récupérer la place nécessaire à la rotation du fauteuil et de réduire un peu la surface de la chambre ou de diminuer la longueur du couloir au profit de toilettes indépendantes et larges.
Pourquoi faire appel à un Pro ?
Certains fabricants proposent des douches ou baignoires tout équipés et parfaitement aux normes. Ils sont généralement capables de les installer chez vous en quelques heures.