La grande majorité des professionnels du bâtiment ne jure que par l'isolation par l'intérieur (ITI). Elle règne sans partage depuis plus de quarante ans. Désormais, son monopole est battu en brèche par la réglementation dans le neuf avec une ITE (isolation extérieure) en progrès. Mais il reste encore le vaste chantier de la rénovation. L’ITI est encore dans la place ! Et pour longtemps.
Isolation par l'intérieur (ITI)
C’est l’histoire de la rustine devenue standard. À l’origine, en 1974, il fallait trouver une solution en urgence, pour tenter de faire des économies, mais sans révolutionner les habitudes de la profession, qui venait à peine d’intégrer le bloc béton et la fermette industrielle à la reconstruction d’après- guerre. Les maçons venaient juste d’apprendre à construire vite et à moindre coût.
Pour l’anecdote, dans le même temps, les paysans devenaient agriculteurs et apprenaient à produire beaucoup et à moindre coût.
Dans ce contexte, l’isolation par l’intérieur était idéale, puisqu’elle ne remettait pas en cause les techniques constructives et qu’il s’agissait juste de poser un pansement supplémentaire, dont la logique principale était : « c’est toujours mieux que rien ». Aujourd’hui, les besoins ont changé. Avec les nouvelles réglementations, la simplicité originelle de l’ITI s’est transformée en complications toujours plus nombreuses : pour éviter les fuites, il faut rajouter des pansements au pansement. Il est désormais nécessaire de revoir les techniques de construction, de réviser les fondamentaux et d’apprendre de nouveaux concepts. C’est la transition actuelle à laquelle s’astreignent progressivement les professionnels du bâtiment. Toujours pour l’anecdote, dans le même temps, il est demandé aux agriculteurs de redevenir paysans, en produisant mieux.
Mais cette transition se heurte à un obstacle de taille : le parc des bâtiments existants. Avec un taux de renouvellement en France (démolition/ reconstruction) qui peine à atteindre 1 %, il faudra quelques siècles pour parvenir à la meilleure performance énergétique. Et c’est là que l’ITI tire son épingle du jeu car, dans bien des cas, c’est la seule solution envisageable pour améliorer l’isolation des bâtiments existants qui n’ont pas été conçus dans cette perspective. Le challenge est donc d’adapter les règles, réglementaires d’un côté, techniques de l’autre, pour que ces deux domaines puissent se rejoindre.
L'isolation par l'intérieur n'est pas idéale pour stopper les fuites dues aux ponts thermiques... mais il y a des astuces !
Le principe
- L’isolation intérieure repose sur un paradoxe originel qui en fixe les limites : la protection contre le froid est placée du mauvais côté, au chaud. Elle consiste donc à rapporter un isolant, différent du matériau de structure, à l’intérieur de l’enveloppe.
Les principaux avantages :
- Le premier avantage est la simplicité de mise en place. L’isolation s’effectue pièce par pièce, après le montage du gros-œuvre, et peut intégrer une partie du second-œuvre (réseaux, parements, etc.). Par exemple, elle s’associe parfaitement avec la plaque de plâtre qui a pratiquement fait disparaître la plâtrerie traditionnelle par enduisage.
- Le deuxième avantage est le coût de revient, puisqu’il se limite strictement au prix des fournitures et à la main-d’œuvre nécessaire à la pose, sans influence notable sur les autres coûts d’une construction.
- Le troisième avantage est la souplesse d’application de la technique, pour peu que les valeurs d’isolation réclamées soient adaptées. Pour obtenir une résistance thermique suffisante, il suffit de choisir la bonne épaisseur d’isolant.
Les principaux inconvénients :
Il est presque impossible de répondre aux exigences de la RE 2020 avec de l’isolation par l’intérieur, en raison des contraintes liées aux ponts thermiques et à l’étanchéité à l’air. Les premiers sont multipliés par les liaisons avec les planchers intermédiaires, qui posent des problèmes pour respecter la seconde. Il faut recourir à des astuces structurelles comme des rupteurs thermiques en nez de dalle, le traitement spécifique des planchers bas, etc. Ces dispositions sont difficilement applicables en rénovation. Alors la réglementation s’adapte en passant sous silence ces deux postes.
- La gestion du confort, particulièrement en été, est problématique puisque la partie inertielle de la structure est située à l’extérieur et ne peut pas être utilisée. D’autre part, toute intervention sur la couche isolante modifie ses performances. Il devient problématique d’accrocher un tableau.
- En masquant la maçonnerie, mais sans la protéger, l’ITI en masque aussi les désordres, et tout particulièrement les infiltrations (toit, façades), à l’origine d’importants problèmes liés à l’humidité (moisissures, réduction des performances, etc.).
Il est généralement inutile d’isoler les planchers intermédiaires, sauf pour apporter une correction acoustique.
Isolation des murs en ITI
Les logements construits depuis 1989 sont souvent isolés par l’intérieur. Pour leur rénovation, une étude thermique précise permettra de choisir entre remplacer ou compléter cette isolation existante. Pour les autres bâtiments, la technique choisie dépend de l’état des murs.
Les complexes de doublage
Ils se composent d’une plaque de plâtre, dont ils reprennent le format, doublée d’une isolation, en polystyrène, laine minérale compressée, polyuréthane, etc. Ils se posent généralement avec un encollage par plots. Grâce à leur hauteur d’étage, la mise en œuvre est rapide. La technique est facile à maîtriser. Le coût est réduit. Le parement de finition est associé à l’isolation. Mais de nouveaux ponts thermiques apparaissent au niveau des liaisons entre les plaques ou les dalles de plancher. D’autre part, l’épaisseur d’isolant est limitée pour des raisons structurelles liées à l’adhérence sur le support ou à la courbure de la plaque de plâtre. Enfin, les complexes de doublage ne sont pas adaptés aux murs irréguliers ou en mauvais état.
L'isolation sous ossature ou contre-cloison
Avec ce procédé, le parement intérieur est dissocié de l’isolant. Il est donc possible de choisir les deux de manière indépendante. Pour le parement, il s’agira de plaques de plâtre sur ossature ou d’une contre-cloison en briques, béton cellulaire, carreaux de plâtre, etc. Pour l’isolant, cette technique permet de croiser les couches, pour supprimer les ponts thermiques intermédiaires, et de mettre en place un pare-vapeur efficace et continu. En jouant sur l’épaisseur de la contre-cloison, il est possible de retrouver un peu d’inertie thermique. Evidemment, tout cela prend de la place et il est parfois difficile de trouver les 20 cm nécessaires, en particulier dans les petites pièces. Dans ce cas, la solution passe par le choix des isolants les plus performants, qui sont aussi les plus chers.
Isolation des toits en ITI
Isoler le toit n’est pertinent qu’à la condition que la couverture soit en parfait état. Histoire de ne pas avoir à tout reprendre à la prochaine tempête.
L'isolation des planchers de comble
Très fréquente après 1974, cette technique consiste simplement à mettre en place au sol l’épaisseur d’isolant souhaitée. Cela peut être des rouleaux, des panneaux, du vrac. Il est donc facile de choisir en fonction du budget, des besoins et de la place disponible. Il est même possible, dans de nombreux cas, de mettre en place un pare-vapeur continu entre l’isolant et le plafond de l’étage inférieur. D’autre part, le volume du grenier fait office de tampon thermique, ce qui améliore encore son efficacité. C’est l’une des rares techniques d’ITI compatible avec les réglementations thermiques les plus récentes. Mais l’inconvénient principal reste le fait qu’elle condamne l’utilisation du comble. En ces périodes de spéculation immobilière, c’est un choix à opérer.
L'isolation sous rampants de toiture
Pour bénéficier du volume du comble, il faut plaquer l’isolant sous la couverture. La mise en œuvre est plus compliquée, les ponts thermiques difficiles à corriger. L’épaisseur désormais requise impose une réduction drastique du volume habitable. Il n’est plus possible de contrôler l’état de la couverture existante. Et la gestion du confort d’été reste problématique. Pour résumer, cette solution est à envisager lorsque toutes les autres ne peuvent pas être mises en œuvre. Il est nettement plus performant d’intervenir par l’extérieur.
Isolation des planchers en ITI
Au sol, l’isolation par l’intérieur s’effectue par le dessus, par une épaisseur rapportée sur la dalle du plancher bas. Notez qu’il est généralement inutile d’isoler les planchers intermédiaires, sauf pour apporter une correction acoustique.
L'isolation sous chape
Cette technique reste fréquente dans le neuf, avec quelques adaptations périphériques : l’isolant est pris en sandwich entre la dalle et la chape rapportée. Il faut donc utiliser des isolants capables de supporter les charges d’exploitation et donc difficilement compressibles. En rénovation, cette technique rend le logement inhabitable pendant les travaux, car il faut casser l’existant. Cela pose des problèmes de hauteur de passage (réseaux, portes). Il faut donc la réserver à une rénovation lourde. Dans ce cas, il est intéressant de l’intégrer dans un projet plus complet, en intégrant, par exemple, les réseaux et le chauffage par le sol.
L'isolation sous revêtement
Le procédé est indiqué ici pour le principe, puisqu’il s’agit des sous-couches minces collées ou mises en place sous les carrelages ou parquets.
Par pudeur, il est possible d’indiquer qu’elles apportent un complément d’isolation. En pratique, elles sont inutiles sur le plan thermique, mais performantes pour limiter la transmission des bruits d’impact d’un étage à l’autre.
Pour en savoir plus cliquez sur l'isolation d'une toiture par l'intérieur.