
Si vous avez accès à des stères pas chères, à du bois près de chez soi, le chauffage est tout trouvé. Il sera avec des bûches, des pellets ou même une chaudière capable de tout cramer sauf la maison ! En termes d'autonomie, brûler du bois est un allié encore plus puissant que le seul chauffage des pièces: il peut faire tourner la cuisinière et chauffer l'eau sanitaire.
Le bois, cette énergie renouvelable
Depuis le temps qu'il partage notre vie, le bois est devenu un partenaire rassurant, repoussant les craintes dans la noirceur de la nuit. Expulsé de nos foyers par la modernité d'après-guerre, il a pourtant fait de la résistance. Le chauffage au bois revient aujourd'hui paré de vertus environnementales qu'il convient de relativiser.
Le bois est la première énergie renouvelable utilisée en France pour le chauffage domestique, avec 40 % des maisons individuelles équipées d’un appareil de chauffage au bois. Ce parc comprend une grande diversité d’équipements, chacun adapté à des besoins spécifiques et à des contraintes d’installation variables.
Le choix du chauffage au bois dépend des opportunités et de vos idées : chaudière à bois toute taille si vous habitez au milieu de la forêt, poêle à pellets pour la précision, poêle de masse auto-construit pour les plus "verts" d'entre nous
Le poêle à bûches, avantages et inconvénients

Avantage : rustique et efficace
Le poêle à bûches est l’appareil le plus répandu dans les maisons individuelles. Il fonctionne en brûlant du bois de chauffage et diffuse une chaleur douce et conviviale. Il existe de nombreux modèles, du plus simple au plus design, et certains sont équipés de systèmes de répartition de chaleur pour chauffer de plus grandes surfaces. Leur puissance varie de 3 à 20 kW, adaptée aux surfaces de 30 à 200 m². Un professionnel RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) doit réaliser les travaux pour garantir la sécurité, le respect des normes en vigueur et espérer une aide financière.
Inconvénient : les embûches de la bûche
- L'installation nécessite un conduit de fumée étanche et une arrivée d'air comburant. Le raccordement au conduit existant ou la création d'un nouveau conduit représente souvent le poste de dépense principal. Il faut aussi bien respecter les consignes d’installation comme la distance par rapport aux murs et la charge supportée par le plancher.
- La bûche est une contrainte. Il faut recharger régulièrement le foyer, en ouvrir la porte et renvoyer ainsi des fumées dans l’espace intérieur. Le fonctionnement au ralenti pendant la nuit est extrêmement polluant. L’entretien n’est pas anodin, à commencer par le décendrage.
Le poêle pellet, plus technique, plus précis
Avantage : un super rendement
C’est la version 'techno' du poêle précédent puisque la bûche est remplacée par des granulés ou pellets. Grâce à cela, les poêles à granulés automatisent l'alimentation en combustible et offrent une combustion plus régulière. Ils intègrent un système de vis sans fin, un réservoir de stockage et une programmation électronique. Leur rendement atteint 85 à 95% en théorie. Ils offrent un confort proche de celui des chaudières gaz ou électrique, avec programmation possible et gestion de la température ambiante. Très compacts, ils s’installent facilement dans la plupart des habitations.
Inconvénient : des conditions d'utilisation plus coûteuses
- Ces appareils demandent un raccordement électrique et un entretien plus technique.
- Le coût d'achat est supérieur aux poêles à bûches. Le coût du combustible aussi puisqu’il est soumis aux lois du marché et ne cesse d’augmenter.
- D’autre part, impossible d’y brûler le bois du vieux cerisier du fond du jardin. Enfin, il y a un risque plus important de panne par la présence de pièces mécaniques en mouvement et de cartes électroniques.
Les chaudières à bois... le chauffage ultime
C’est la version grand format du poêle avec le confort inégalable du chauffage central à eau chaude. Les deux catégories d’appareils se retrouvent, avec les chaudières à bûche et à granulés.
- Les chaudières à bûches alimentent le circuit de chauffage central et la production d'eau chaude sanitaire. Elles nécessitent un ballon tampon pour optimiser la combustion et un local technique adapté. Leur puissance varie de 15 à 50 kW. La contrainte principale demeure la gestion du stock de combustible, l’alimentation de la chaudière, la qualité du bois utilisé pour disposer du meilleur rendement sans encrasser les conduits.
- Les chaudières à granulés ou au bois déchiqueté automatisent entièrement le fonctionnement. Un système de vis transporte le combustible du silo vers le foyer. Leur rendement est bien plus élevé qu’un poêle ou une chaudière grâce à un fonctionnement optimisé, avec des émissions polluantes réduites. Par exemple, elles fonctionnent par intermittence, à la demande de chauffage et ou d’eau chaude, là où un foyer à bûches doit rester allumé en permanence. Mais ces équipements demandent beaucoup de place, en particulier pour stocker le combustible au sec. Et l’investissement est conséquent.
Un exemple impressionnant dans "La grande maison"
Nous avons vu dans nos reportages un cas très réussi dans la Drôme ( La Grande Maison - maison d'hôtes) avec une petite dépendance servant de stock de granules et abritant la chaudière. Les propriétaires ont investi plus de 100 k€ mais la chaudière chauffe plus de 300 m2 avec un circuit qui se termine en déversant ses dernières calories dans la piscine.
A noter que les propriétaires avaient passé un accord avec une scieur pour récupérer ses déchets.
Poêle de masse pour une chaleur douce
Il existe pourtant une solution traditionnelle qui associe la facilité d’approvisionnement de la bûche et le confort du granulé. C’est le poêle de masse, très répandu dans l’Est de la France. Il est énorme, émaillé, d’un poids de plusieurs centaines de kilos ce qui impose des contraintes évidentes d’installation. Mais son mode de chauffe optimise la combustion traditionnelle, sans électronique ni appli de smartphone. Car la charge de bois, brûlée jusqu’à la dernière braise, ne chauffe pas la pièce mais la masse réfractaire du poêle. Celui-ci diffuse une chaleur douce, durable et régulière. Autrefois, ce poêle servait à tout, pour le chauffage bien sûr, mais aussi comme four ou réservoir d’eau chaude.
Variante : le poêle de masse autoconstruit (type Rocket Stove)
Très en vogue ce type de poêle consiste à fabriquer une masse souvent en terre constituée de plusieurs chambres et d'une circulation de l'air et des fumées vers une cheminée. Au final cette terre se réchauffe et chauffe la pièce. La forme du poêle est à votre convenance mais en général on prévoit un banquette et un mur en terre.
Comment ça marche ?
Le principe est de déposer du bois dans un réceptacle, d'y mettre le feu. Une entrée d'air au pied du réceptacle pousse feu et fumées dans une chambre de combustion horizontale. Une deuxième chambre de combustion verticale permet aux fumées et gaz d'atteindre quasi 1000 degrés avant de serpenter dans le circuit prévu dans la terre (banquette, mur) et ressortir refroidis par la cheminée. En termes de rendement, c'est le top ! Certains ajoutent même dans le mur en terre un réseau d'eau sanitaire. Ainsi la chaleur du poêle permet-elle de chauffer la douche.
Inconvénients des poêles de masse : un projet assez technique
Outre l’installation, les inconvénients sont un prix d’achat élevé pour les poêles de masse émaillés et une montée en température lente, avec un régime de croisière qui ne tient guère compte des variations quotidiennes. Il faut aussi trouver le professionnel compétent pour ce type d’ouvrage.
Inserts et cheminées sur le déclin
Rien ne vaut une bonne cheminée mais chacun sait que 80 % de la chaleur part... en fumée. Un foyer ouvert pollue, perd plus de chaleur qu’il n’en produit au point qu’il est désormais interdit dans de nombreuses agglomérations.
Mais les inserts, ces boîtes vitrées qui s’encastrent dans une cheminée classique, s’en sortent à peine mieux. La combustion est mal maîtrisée et donc les émissions polluantes aussi, pour un chauffage médiocre.
Une alternative : les double foyers
Un système rencontre un certain succès : les cheminées à double foyer. L'idée consiste à laisser la possibilité de réaliser un feu classique en ouvrant son système de conduit ... ça c'est pour le plaisir mais de prévoir ou de profiter aussi d'un feu dans un foyer placé et encastré sous le foyer classique. Ce dernier fonctionne comme un poêle et chaleur et fumées sont tubés à part. La chaleur peut-être redistribuées dans les pièces.
Inconvénient des cheminées (hors double foyer) : le plus mauvais rendement
- Rénover une telle installation est indispensable. La première solution pour certains est de carrément casser la cheminée existante, à foyer ouvert ou fermé, pour la remplacer par un poêle, si possible à granulés (ou par un système à double foyer). La deuxième solution est de la désaffecter, de ne plus l’utiliser du tout et de la calfeutrer entièrement de manière à en garantir l’étanchéité et éviter les pertes de chaleur par le conduit inutilisé.
La cuisinière à bois, vraiment ?

La cuisinière à bois séduit les amateurs de cuisine traditionnelle. Outre le fait qu'elle permet de cuisiner, là aussi en autonomie si on a du bois, elle permet de chauffer la pièce grâce à un bouilleur intégré. Il faut toutefois prendre conscience que l'appareil souvent très cher n'est pas facile à maîtriser, à réguler. Les cuisinières à bois, sont comme les voitures de collection... on aime bien les conduire de temps en temps mais sur le long terme on est pas contre retrouver le confort moderne
Chauffage : les conditions d'installation
Ramonage, tubage et DTU

Tous les appareils à bois nécessitent un conduit de fumée étanche et isolé. Le tubage inox devient obligatoire pour la plupart des installations. Une hauteur minimale de plusieurs dizaines de centimètres au-dessus du faîtage assure généralement un tirage suffisant.
- Une arrivée d'air frais directe depuis l'extérieur évite les problèmes de tirage et améliore la combustion. C’est en outre le seuil moyen pour rendre compatible le chauffage au bois et la RE 2020 en matière de ventilation. Attention, rares sont les poêles véritablement étanches, avec un raccordement de type ventouse. Il y a très souvent des pertes de chaleur par le conduit lorsque l’appareil ne fonctionne pas du fait des défauts d’étanchéité. Une arrivée d’air directe détermine l’emplacement de l’appareil dans la pièce et impose des travaux de percement et de gaines.
- L’installation doit respecter les DTU (Documents Techniques Unifiés) et les normes de sécurité en vigueur. Dans certaines zones, les restrictions d'usage s'appliquent lors des pics de pollution. Un ramonage deux fois par an est obligatoire, de même qu’un entretien
Anticiper ses besoins en combustible
Préparer son bois
Le bois énergie est soumis comme les autres modes de chauffage aux lois du marché. Les cigales se retrouvent fort dépourvues lorsqu’elles n’ont pas tenu compte des conseils des fourmis. En règle générale, les achats groupés de bois pendant la belle saison offrent les meilleures opportunités. S’il n’est pas possible de réunir les voisins, refaire les stocks entre la fin du printemps et la fin de l’été permet de réaliser d’importantes économies.
- Il faut aussi optimiser les conditions de stockage, toujours au sec, quel que soit le combustible (bûche, pellet, bois déchiqueté). Car plus l’humidité résiduelle est importante plus les émissions polluantes sont élevées pour un rendement médiocre.
- Le bois en bûche doit être refendu. S’il s’agit de bois de coupe, il faut le laisser sécher au moins 18 mois avant de l’utiliser.