L’eau, c’est la vie et son parcours est sensible. Avant d’arriver au robinet pour être bue, elle a été captée, transportée, traitée, contrôlée. Voici son incroyable voyage…
La réglemention de l'eau potable
La réglementation concernant l’eau potable est inscrite dans le Code de la Santé Publique, dans sa première partie, consacrée à la protection de la santé et à la sécurité sanitaire. Il est désormais admis que la qualité de l’eau est un enjeu majeur de santé.
Ce Code définit l’eau potable comme étant destinée, soit en l’état, soit après traitement, à la boisson, à la cuisson, à la préparation d'aliments, ou à d'autres usages domestiques, qu'elle soit fournie par un réseau de distribution, à partir d’une citerne, d’un camion-citerne ou d’un bateau-citerne, en bouteilles ou en conteneurs, y compris les eaux de source. Cela concerne aussi l’eau utilisée dans l’industrie alimentaire. L’eau potable ne doit pas contenir un nombre ou une concentration de micro-organismes, de parasites ou de toutes autres substances, constituant un danger potentiel pour la santé des personnes. Elle doit être conforme aux limites de qualité fixées par le ministre de la santé en personne.
Les différents réseaux
C’est l’article R1321-43 du Code de la Santé qui définit les différents réseaux. Il en distingue trois. Il y a d’abord les réseaux publics de distribution, qui incluent les branchements publics reliant le réseau public au réseau intérieur de distribution. Parallèlement, Il y a les installations non raccordées aux réseaux publics de distribution mais autorisées. Enfin, le réseau intérieur de distribution est défini comme l'installation privée de distribution d'eau destinée à la consommation humaine, c'est-à-dire les canalisations et appareillages installés entre les robinets qui sont normalement utilisés pour la consommation humaine et le réseau public de distribution, qu'elle fournisse ou non de l'eau au public. Il existe donc deux types de raccordement des installations intérieures, soit les réseaux raccordés à un réseau autorisé (public ou privé), soit ceux raccordés à un réseau non autorisé, réservé à un usage familial. Dans ce dernier cas, Il ne s’agit pas d’eau potable au sens de la réglementation, mais ce prélèvement doit néanmoins être déclaré (voir encadré "Loi").
Les étapes du parcours de l'eau
Le parcours de l’eau dans un réseau public de distribution commence à son captage. Il s’effectue dans une installation de pompage à partir d’une source, d’un puits artésien, d’un cours d’eau, d’un lac ou de la nappe phréatique. 95 % de l’eau pompée en France est d’origine souterraine. Mais 27 départements utilisent principalement des eaux superficielles pour la consommation humaine. La plupart des zones de captages sont protégées par trois périmètres. Le premier est clôturé et toutes les activités y sont interdites. Le suivant, de plusieurs hectares, interdit toutes les activités susceptibles de provoquer une pollution. Le dernier, facultatif, protège toute la zone d’alimentation du point de captage. Notez que tous les points de captage ne sont pas protégés, aujourd’hui encore. L’eau captée fait l’objet d’un conditionnement, dont l’importance est directement liée à sa qualité originelle (filtration, oxydation, décantation, désinfection…), et aux conditions environnementales (inondations, sécheresse, température…). Après traitement, l’eau est chlorée pour conserver ses propriétés physiques jusqu’à son utilisation. Une fois traitée, l’eau est stockée dans un château d’eau. Celui-ci joue d’abord un rôle de régulation entre la production et la consommation, en fonction des saisons ou des heures de la journée. Il permet également de distribuer l’eau sous pression, sans avoir à installer des stations de relevage supplémentaires. À partir de là, l’eau est distribuée grâce à un réseau de canalisations complexe, qui fonctionne à grande échelle comme un réseau intérieur, toujours du plus gros diamètre vers le plus petit afin de maintenir la pression. C’est lui qui passe sous les chaussées et amène l’eau jusqu’à la porte des utilisateurs. C’est le compteur qui assure le partage des responsabilités entre le réseau public, en amont, et vous, en aval. Désormais, Il est installé en limite de propriété.
Le raccordement d'eau individuel
Le raccordement individuel consiste à «se piquer» avec autorisation sur les conduites principales qui circulent sous la chaussée, en alimentation comme en évacuation.
Vos canalisations de branchement ont un diamètre inférieur à celui de la canalisation principale, à laquelle elles se raccordent et, sauf à prévoir des regards intermédiaires, elles ont un tracé rectiligne. Les branchements gravitaires (évacuation) ne doivent pas être réalisés en diamètre nominal inférieur à 150 mm. Tout raccordement d’une canalisation de branchement qui pourrait nuire à l’écoulement dans la canalisation principale est interdit (branchement à contre-courant, branchement pénétrant, etc.). Enfin, un dispositif avertisseur (filets) conforme à la norme NF T 54080 sera mis en place au droit des canalisations.
Il est extrêmement courant – et pratique – de n’ouvrir qu’une tranchée pour faire circuler les différents réseaux dans le jardin, entre la limite de propriété et le logement. Il faut donc réaliser une étude préalable, respecter des distances minimales entre les différentes conduites, et ne pas oublier les filets avertisseurs.
À noter que les eaux usées sont généralement placées en-dessous des autres.
Attention, Il existe de nombreux cas particuliers, selon les types de réseau, les matériaux qui les constituent, et leur tracé (pose en parallèle ou croisement).
Réaliser son réseau souterrain
Creuser une tranchée pour l’alimentation en eau
1-Repérez l’implantation de la tranchée, sur un parcours le plus droit possible, tout en respectant les distances minimales réglementaires.
2-Ouvrez la tranchée. La location d’une minipelle est recommandée. La largeur du godet règle celle de la tranchée. Entreposez le déblai de façon à éviter les éboulements.
3-Déposez une couche de sable en fond de fouille pour en régler le niveau, voire la pente s’il y a un réseau gravitaire (évacuation des eaux usées, pente 2 %).
4-Disposez les tuyaux en fond de fouille. Respectez les distances par rapport aux bords de la tranchée. Evitez les raccordements enterrés, les croisements, les coudes, etc.
5-Procédez au remblai en plusieurs couches compactées d’une dizaine de centimètres d’épaisseur environ. Le cas échéant, répartissez les différents réseaux présents dans la tranchée.
6-Déroulez les filets avertisseurs 10 cm au-dessus des canalisations concernées, de couleur bleue pour l’alimentation en eau (rouge électricité, jaune gaz, vert réseau…).
Prise en charge sous voirie
1-Après ouverture de la tranchée et dégagement de la conduite principale, une bride est vissée et la vanne d’arrêt sous voirie est raccordée dessus.
2-La vanne est ouverte pour permettre la mise en place du rodoir qui perce la conduite principale, sous pression.
3-La vanne est fermée. Le rodoir est démonté. Une vérification est effectuée, avant la mise en place de la liaison avec le compteur d’eau en limite de propriété.
En savoir plus
Quel tuyau entre la rue et la maison ?
Tous les matériaux ont été utilisés par le passé pour amener l’eau. Aujourd’hui, seul le plomb est interdit. Toutefois, le tuyau en PEHD (polyéthylène haute densité) pour l’eau potable (bande bleue) est en passe de s’imposer. Il peut en effet être posé sans gaine, d’un seul tenant, même pour de grandes longueurs, et il est réputé pour sa bonne résistance dans le temps (entartrage, variations de pression, etc.). Pour une maison individuelle, un diamètre extérieur de 25 ou 32 mm suffit. Basez‑vous sur le diamètre utilisé par le gestionnaire du réseau public avant le compteur, et utilisez le même.
Les forages domestiques
´Depuis le 1er janvier 2009, tout particulier utilisant ou souhaitant réaliser un ouvrage de prélèvement d’eau souterraine (puits ou forage) à des fins domestiques doit le déclarer en mairie. L’usage domestique concerne les prélèvements destinés exclusivement à la consommation familiale des personnes physiques résidant habituellement sur place (alimentation, hygiène, lavage, arrosage, abreuvage des animaux). Le prélèvement est inférieur ou égal à 1000 m3 d’eau par an.
Cette déclaration vise à faire prendre conscience aux particuliers de l’impact de ces ouvrages sur les risques de pollution des nappes phréatiques. D’autre part, l’usage d’une eau d’un ouvrage privé, par nature non potable, peut contaminer le réseau public à cause d’une erreur de branchement. En sens inverse, elle permet aux autorités de santé de prévenir les utilisateurs en cas de pollution de la nappe.
Pour cette formalité, un formulaire (Cerfa 13837‑02) décrit les caractéristiques essentielles de l’ouvrage de prélèvement et fournit les informations relatives au réseau de distribution de l’eau prélevée. À déposer en mairie.
Notez que cette obligation déclarative concerne aussi les ouvrages antérieurs au 1er janvier 2009.
Cette déclaration ne suffit pas si l’eau est destinée à la consommation humaine. Dans le cadre d’un usage familial, elle doit être complétée par une analyse de type P1. Celle-ci prend en compte les paramètres bactériologiques et physico-chimiques principaux, et doit être établie par un laboratoire agréé. Attention, cette analyse permet de déterminer si l’eau est potable ou non au moment du prélèvement, voire s’il faut prévoir des analyses complémentaires ou des traitements de potabilisation. Mais pas de manière permanente. Soyez donc très prudent si vous envisagez cet usage, et procédez régulièrement à de nouvelles analyses, une fois par an, au minimum. Rappelez-vous que l’eau des réseaux de distribution collectifs fait l’objet de contrôles bien plus nombreux et détaillés
Normes du raccordement d'eau
La norme NF P98-331 règle les détails de l’ouverture, du remblayage et de la réfection des tranchées sous les chaussées et leurs dépendances. Et la norme NF P98-332 précise les règles de distance minimale entre les réseaux et entre ceux-ci et les arbres.
Les tranchées sont creusées verticalement. Leur profondeur, outre les contraintes d’implantation (hors-gel, raccordement sur l’existant, croisement d’autres canalisations), doivent respecter une hauteur de recouvrement minimale de 80 cm sous une chaussée, ramenée à 60 cm sous un trottoir ou dans le jardin. Les tranchées d’une profondeur supérieure à 1,30 m et de largeur inférieure ou égale aux deux tiers de la profondeur avec compactage intermédiaire et matériaux de remplissage choisis avec soin. Le déblai peut être réutilisé, pour l’enrobage comme pour le remblai, s’il répond à des règles strictes (granulats de moins de 22 mm pour des tuyaux de moins de 200 mm de diamètre). Il est toujours recommandé de s’adresser à un professionnel.
À moins de 1,30 m, les parois sont aménagées, afin de prévenir les éboulements (talutage). Pour des tuyaux de diamètre extérieur limité à 225 mm, la largeur minimale du fond de tranchée est égale à ce diamètre augmenté de 500 mm. Le tuyau est centré par rapport aux parois.
Dans le cas d’une implantation à moins de 2 mètres d’un arbre, une protection (géotextile, par exemple) doit être mise en place. Les réseaux doivent être placés à plus de 1,50 m du tronc (1 m pour une haie). Il est interdit de couper des racines de plus de 5 cm de diamètre.
Le remblai est tout aussi important que le terrassement, car Il assure la pérennité de l’ouvrage. Il est réalisé en différentes étapes