Le territoire métropolitain jouit d’un climat tempéré, réputé sans excès, qu’il s’agisse de température, de vent ou de pluie. Mais quand les conditions sont réunies, il se produit un événement exceptionnel. L’inondation d’origine climatique en est un.
L'origine
Toutes les inondations d’origine climatique ont un point commun : elles déversent plus d’eau que le sol ne peut en absorber. Le niveau des cours d’eau ou des nappes phréatiques monte et provoque des débordements dans les plaines ou les vallées. Les services de statistique classent ces événements en fonction de leur probabilité d’apparition, tous les ans, tous les dix ans, tous les cent ans ou plus. Une petite précision s’impose alors : ces probabilités sont des moyennes mathématiques. Elles n’excluent en aucun cas le fait que deux événements exceptionnels puissent se succéder, sans respecter la moyenne.
Détermination de l'aléa
Le risque d’inondation concerne 11604 communes en France soit près d’un tiers, ce qui témoigne de notre propension ancestrale à nous installer en bordure des cours d’eau. L’aléa inondation est caractérisé par la hauteur, la durée et la vitesse du phénomène. La hauteur d’eau paraît la plus simple et fiable à évaluer, au moins pour les phénomènes non exceptionnels. La mémoire des événements passés, les repères de crue, les témoins, aident à estimer la hauteur que peut atteindre une inondation en un lieu précis. Cette hauteur est déterminée à partir d’un point zéro généralement le plancher du rez-de-chaussée. La durée d’immersion est parfois mentionnée dans les annales. Selon la nature de l’inondation, elle peut être limitée à quelques minutes dévastatrices ou se prolonger durant plusieurs semaines. La vitesse du courant est tout aussi variable. Elle peut être quasi nulle ou atteindre des débits incalculables. Les dégâts occasionnés par ces trois paramètres dépendent principalement des caractéristiques de l’inondation, classées en deux catégories de risque.
La première situation concerne les inondations de plaine et les remontées de nappe. Le phénomène est plutôt lent. Il est possible d’informer la population concernée et de mettre en œuvre des mesures de sauvegarde en fonction de l’évolution de la situation. Dans ce cas, la hauteur d’immersion est le premier facteur de dégâts avec la durée du phénomène.
Les inondations et ruissellements torrentiels
forment une seconde situation. La montée des eaux est rapide, avec un choc initial destructeur par effet de vague. La durée d’anticipation est beaucoup plus réduite. L’importance des dégâts est avant tout déterminée par la vitesse du courant et sa hauteur.
L’eau agit de différentes manières, pendant et après une inondation. L’humidification est la dégradation la plus courante.
Les conséquences
Les dégâts occasionnés
L’eau agit de différentes manières, pendant et après une inondation. L’humidification est la dégradation la plus courante, parce que tous les matériaux du bâtiment ou presque sont imprégnables, par capillarité ou condensation. Cela conduit à un affaiblissement mécanique des matériaux et au développement des moisissures.
L’hydrolyse est une réaction chimique qui provoque la dissolution des produits, principalement les colles, les vernis et les peintures, mais aussi le plâtre qui perd sa cohésion. Les déformations affectent tous les matériaux qui gonflent en se gorgeant d’eau, à commencer par tous les produits en bois et ses dérivés. Peu d’entre eux reviennent à leur état d’origine après séchage. Il faut généralement les remplacer ou les rectifier.
La corrosion agit par phénomène électrolytique et s’attaque aux métaux, ferreux en premier lieu. Les «fines et les boues» s’insinuent absolument partout et remplissent les cavités des matériaux et des appareillages, les rendant inutilisables. Ces dégradations sont généralement combinées. Par exemple, un meuble en aggloméré subira d’abord l’humidification, qui induit la dissolution du liant des particules, le gonflement de celles-ci, et la rouille des ferrures.
Les modes de pénétration des eaux
L’envahissement d’un bâtiment par l’eau dépend d’abord de la nature de l’inondation, des locaux concernés et du positionnement du point zéro. Dans le cas d’une remontée de nappe, les espaces en sous-sol sont d’abord inondés par percolation (infiltration). En inondation de plaine, ce phénomène est suivi par l’entrée de l’eau en masse par les soupiraux et les grilles de ventilation.
Les réseaux d’évacuation constituent le second point d’entrée de l’eau. Comme ils sont basés sur le principe d’un écoulement gravitaire, le sens de celui-ci s’inverse lorsque la hauteur d’eau est supérieure à l’extérieur. Enfin, les pénétrations directes par les ouvertures charrient avec l’eau quantités de débris, de boues et de polluants, en liaison directe avec la hauteur et la vitesse du courant.
Pendant l'inondation
Si vous habitez dans une zone à risques d’inondation, informez-vous lors de phénomènes climatiques exceptionnels, principalement auprès des autorités locales. Si vous le pouvez, mettez en œuvre des mesures de prévention (relèvement, déménagement des équipements, mise en place de barrières anti-inondation, d’un système de pompage autonome…).
Dès l’arrivée de l’eau, restez chez vous et ne tentez pas de sortir. Ne descendez pas dans les sous-sols. N’utilisez en aucun cas votre voiture, qui se transforme en barque incontrôlable dès 30 cm d’eau. Fermez les portes le mieux possible. Gagnez un espace sécurisé à l’étage, préalablement équipé (eau, nourriture non périssable, radio à piles, lampe électrique…). Emportez les papiers administratifs et les objets de valeur transportables.
Si la situation se prolonge, signalez-vous à l’extérieur en faisant pendre des draps aux fenêtres. Si vous êtes dans un comble sans ouverture, tâchez d’en ouvrir une, en déplaçant quelques tuiles afin que les secours puissent vous repérer, vous informer, voire vous évacuer.
Limiter les dégâts
Archimède
La tentation est grande de vouloir empêcher la pénétration de l’eau dans la maison par tous les moyens. L’idée est séduisante mais soulève de nouveaux problèmes.
Elle est d’abord extrêmement difficile à mettre en œuvre, parce que les bâtiments ne sont absolument pas conçus pour résister à l’eau, alors qu’ils le sont pour le vent ou, certains, pour les tremblements de terre. Il est techniquement impossible d’empêcher complètement l’eau d’entrer.
Même si cela pouvait se réaliser, cela conduirait à transformer le bâtiment en bateau, soumis à la pression hydrostatique et à la poussée d’Archimède. La première pousse les murs vers l’intérieur et peut provoquer leur écroulement. La seconde soulève le bâtiment et peut l’arracher de ses fondations.
Pour réduire l’importance de ces dégâts, il est admis de ne pas protéger les espaces en sous-sol et de limiter les protections en rez-de-chaussée à 1 mètre de hauteur au-dessus du point zéro.