Préparer sa maison contre les tempêtes

La tempête ou ses différentes qualifications est un phénomène climatique universel, car personne n’est à l’abri, pas plus en métropole qu’outre‑mer, en plaine qu’en montagne, en bord de mer ou dans les terres. Les moyens de s’en prémunir sont universels eux aussi.

Brise ou tempête, ça se mesure

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Une douce brise est qualifiée de tempête dès lors que la vitesse moyenne du vent dépasse 89 km/h, 48 nœuds ou force 10 sur l’échelle de Beaufort.
En métropole, les tempêtes sont le fruit de la rencontre entre l’air froid du pôle et l’air chaud des tropiques. Si le chaud pousse le froid, c’est un front chaud, et un front froid dans le cas inverse. Les deux masses ne s’affrontent pas directement de face. L’air froid, plus lourd, se glisse sous l’air chaud. L’intensité du vent qui en résulte dépend des forces thermodynamiques en présence, le Saint Graal pour les météorologues, tellement le phénomène, relativement simple à visualiser, est complexe à modéliser. Car les tempêtes hivernales vont vite, de l’ordre de 40 à 50 Km/h. Il ne s’agit pas de la vitesse des vents, mais de celle du phénomène dans son ensemble.
Ainsi, une tempête moyenne prend trois jours pour traverser l’Hexagone. Toute la difficulté de la prévision repose sur l’évolution du phénomène. S’il est relativement simple d’envisager le déroulement chronologique, tout le reste relève en grande partie de l’art divinatoire. Une tempête banale peut se transformer en catastrophe naturelle en quelques heures. En métropole, le danger est surtout représenté par le vent. Le record en plaine est détenu par Belfort en 1955 avec 252 km/h. En montagne, c’est le Mont Ventoux avec 320 km/h en 1967. Par ailleurs, les vitesses de vent les plus élevées, jusqu’à 400 km/h sont relevées au sein des tornades, des phénomènes localisés, momentanés, mais très dévastateurs.
Outre‑mer, la naissance et le développement d’une tempête sont différents. La zone concernée est souvent plus vaste, plus régulière. Le parcours est différent et la vitesse plus lente, de l’ordre de 20 km/h en moyenne. Le danger du phénomène est caractérisé par la vitesse des vents, la quantité de précipitations et la lenteur de déplacement.

Les conséquences

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Un peu de physique : l’énergie du vent est proportionnelle au carré de sa vitesse. La force d’un vent de 200 km/h est quatre fois celle d’un vent de 100 km/h. À l’intérieur des terres, la vitesse du vent diminue du fait des frottements sur le relief. Mais cela entraîne d’importantes turbulences qui rendent les vents terrestres plus destructeurs. Avec le vent arrive la pluie. Lorsqu’elle tombe en trop grande quantité dans un délai réduit, cela provoque des inondations, des glissements de terrain et des coulées de boue. Sur le littoral, le vent pousse la mer, entraîne la formation de déferlantes de plusieurs mètres de hauteur et provoque des marées de tempête, avec une hausse temporaire du niveau de l’eau. Celle‑ci peut se répercuter loin dans les terres en contrariant l’écoulement des fleuves, eux‑mêmes saturés par la pluie. La tempête est le phénomène climatique qui crée le plus de dégâts après l’inondation. Des tempêtes récentes restent dans les mémoires, comme Xynthia en 2010, 47 morts, Lothar et Martin en décembre 1999, 92 morts et 15 milliards d’euros de dégâts.

Les risques

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- Envol des éléments de couverture
- Chute de cheminée
- Chute d'arbre
- Rupture réseaux aériens (électricité)

Les précautions en cas d'avis de coup de vent

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La solution de sécurité

Le déclenchement d’une alerte orange ou rouge doit nécessairement modifier le comportement de tous, et le vôtre en particulier.
En cas de tempête annoncée :
- Restez à l’intérieur (maison, bureau) et limitez vos déplacements à l’essentiel.
- Rangez ou fixez tous les éléments à l’extérieur qui pourraient s’envoler et constituer des projectiles (mobilier, parasols, etc.).
- Fermez les portes et les fenêtres, volets compris, dès la vigilance orange.
- N’allumez pas ou n’entretenez pas de feu de cheminée ou de poêle, quel que soit le combustible.
- N’intervenez pas sur les toits pendant la tempête.
- Retranchez‑vous, en cas de dégâts, dans un espace sûr, souvent au centre de la maison, à proximité de murs porteurs.
- Évitez les combles, très exposés, et le sous‑sol, inondable si vous vous trouvez dans un secteur concerné.
- Ne tentez pas de fuir. Un bâtiment construit dans les normes, même endommagé, offre bien plus de garanties de protection qu’un véhicule.
Après la tempête :
- Ne touchez pas aux fils électriques tombés à terre.
- Inspectez les abords avec précaution, car de nombreux éléments fragilisés peuvent encore s’écrouler.
- N’intervenez pas sur les arbres tombés à terre. Leur tronçonnage doit respecter des règles précises pour éviter les suraccidents. D’autre part, ils ont souvent arrachés les fils électriques aériens.

Les interventions sur le bâti

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Les risques de dommages liés aux tempêtes sont pris en compte dans la réglementation depuis 1945 avec la publication des premières règles dites neige et vent (NV45). Celles‑ci ont été refondues une première fois en 1965 (NV65) puis en 2000. Tout cela est désormais remplacé par l’Eurocode 1, partie 1‑4, Actions sur les structures – Actions du vent. Ces prescriptions sont intégrées dans les différents DTU qui traitent de la maçonnerie (série 20) et du toit (série 40). Il n’y a donc aucune disposition particulière à appliquer. En revanche, la réglementation détaille bien les différentes expositions possibles, réparties en trois classes, site protégé, normal ou exposé. Le respect de ces règles permet donc de bâtir le plus solidement possible pour faire face à la tempête. Mais cela n’est pas une garantie contre les dommages, pour les toitures en particulier. En effet, sous une tempête, le bâtiment est soumis à de nombreuses pressions, positives ou négatives, entre le côté qui reçoit le vent et l’opposé. À cela s’ajoutent les turbulences locales et celles générées par le bâtiment lui‑même. La structure de ce dernier est ainsi comprimée, puis détendue, en partie ou en totalité, avec des forces d’intensité variable. La couverture est souvent la première à céder, car elle se compose de petits éléments qui ne sont pas tous scellés, ou de panneaux métalliques légers. Les toits terrasses sous protection lourde sont peu affectés.

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Aménager les extérieurs

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Tout ce qui offre une prise au vent présente un danger potentiel et cette consigne est valable sur l’ensemble du territoire, pour tous les bâtiments.
Dans le jardin, les arbres peuvent perdre des branches ou être arrachés. Les essences à racines superficielles, les feuillus en période de végétation, sont particulièrement sensibles. En dehors de toute tempête, une simple bourrasque peut coucher un tilleul. Une ramure aérée et un entretien régulier peuvent atténuer le risque. Il convient également de vérifier et de renforcer les fixations des constructions légères, les abris de jardin ou de piscine, les couvertures de terrasse, les pergolas, les accessoires de jeu (panneau de basket, cages,…). Un ancrage au sol est impératif, de préférence dans un scellement en béton. Les équipements extérieurs de la maison sont à vérifier, comme l’état des souches de cheminée, des antennes et paraboles, des gouttières, des enseignes diverses, etc.

Contreplaqué ou pas ?

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Lorsqu’un événement majeur s’annonce, il y a toujours un reportage télé pour montrer des personnes affairées à scotcher les vitres ou à clouer des panneaux de contreplaqué. Le ruban adhésif d’abord, collé en croix, est purement décoratif. Il n’empêche pas la vitre de voler en éclat s’il s’agit de verre simple. S’il s’agit d’un double vitrage ou d’un verre feuilleté, les débris sont petits, non coupants et la majeure partie reste en place. Pas besoin de ruban adhésif. Le contreplaqué est tout aussi inutile dans la majorité des cas. Car sa fixation aléatoire par des clous ou même des vis peut être arrachée par le vent. Le panneau se transforme alors en projectile. D’autre part, s’il tient en place, il renforce l’étanchéité à l’air du bâtiment et augmente ainsi les forces de pression ou de succion qu’il subit. De quoi faire sauter le toit comme un bouchon de champagne. Fermer les ouvertures avec du contreplaqué n’est donc qu’un pis‑aller. Il est plus efficace de prévoir des volets, non hermétiques et parfaitement ancrés dans la maçonnerie. Pour de grandes baies, comme des portes‑fenêtres, des volets coulissants résisteront mieux que des volets roulants. Paradoxalement, pendant la tempête, une solution efficace consiste à entrebâiller les fenêtres et les volets du côté opposé au vent. Cela permet d’équilibrer les pressions entre l’intérieur et l’extérieur. Il est plus sage d’aller voir aux Antilles. L’habitation traditionnelle est divisée en plusieurs bâtiments. Il n’y a pas de vitres. Le courant d’air est permanent. En cas de tempête, le risque est réparti. Les bâtiments, petits et ouverts, ne sont pas mis en dépression. Finalement, plutôt que jouer au chêne, il peut être plus efficace de faire le roseau.

Record à battre dans le Vaucluse

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320km/h

C'est la vitesse du vent relevé au sommet du mont Ventoux en 1967.

Couleur des vigilances

BS Bon à savoir

Rester informé

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La surveillance des phénomènes météorologiques est assurée par Météo France et l’édition de bulletins deux fois par jour. Si nécessaire, ses services mettent en place des vigilances, jaune, orange ou rouge. Jaune : phénomène habituel, mais pouvant présenter localement un caractère dangereux. Orange : phénomènes d’intensité inhabituelle qui nécessitent des consignes particulières. Rouge : phénomènes d’intensité exceptionnelle qui imposent des mesures extraordinaires. En cas de vigilance orange et rouge, des bulletins de suivi régionaux sont mis en ligne et délivrent des conseils comportementaux.