Maison Hofstède au Pays Flamand

Façades de nos régions 5 min de lecture

Terrienne et maritime, la Flandre déroule une large plaine entre le nord de la France et la Belgique. S’y succèdent Flandre intérieure et maritime, « Houtland » (pays au bois) et « Blootland » (pays nu). Quelques « monts qu’on appellerait ailleurs des collines » (Marguerite Yourcenar) donnent du relief à ce plat pays tels le mont Noir (131 m), le mont des Cats (158 m), le mont des Récollets (159 m), ou encore le mont Cassel (178 m)… tous en grès ferrugineux et épargnés par l’érosion.

Style

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Les fermes sont longues et basses. Les volumes sont simples et les matériaux de construction sont le torchis et la brique, jamais de pierre, sauf pour les demeures cossues. L’orientation du bâtiment et ses ouvertures sont conçues en fonction de la rudesse du climat.

Le nuancier des flandres

Côté Architecture

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Modelée par l’homme

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Bienvenue dans le « Houtland », vaste plaine coiffée de ciels infinis que tapissent prairies et cultures (lin, houblon, betteraves…). Pour naturelles qu’elles puissent paraître, ces étendues sont nées d’un long travail pour défricher la forêt, amender et drainer les sols. Si ce « pays au bois » conserve quelques forêts, il est désormais voué aux grandes cultures. Au nord, la plaine – jadis submersible – de la Flandre maritime prend le relais. Sillonné de canaux et bordé de digues, ce « Blootland » voué à l’élevage est né au Moyen Âge d’opiniâtres travaux d’assainissement. Regroupés en « wateringues », les propriétaires aménagent des « watergangs » (chemins d’eau) raccordés à des canaux, régulés par des écluses, pour évacuer l’eau des crues et irriguer la plaine l’été.

L’hofstède en son jardin

Apanage des cultivateurs propriétaires, la ferme à cour ouverte ou « hofstède » (ferme entourée d’un jardin) est, à l’origine, une exploitation isolée derrière plusieurs rangées de haies (aubépine, noisetiers, charmes, frênes, ormes…), pour protéger pâtures, verger et jardin des gelées comme des intrusions. Elle est formée d’une habitation et de dépendances (grange, étable, remise…), qui se détachent les unes des autres, délimitant une cour en U ou en L. Édifiés aux XVIIIe et XIXe siècles sur fond de prospérité, ces domaines étaient aux mains de propriétaires disposant de 20 à 50 hectares cultivés par des salariés agricoles. Exposée au sud-est (au soleil de midi), l’habitation prend parfois des airs de maison de maître, déployant une ou deux ailes reliées par un corps de bâtisse à étage, dressée en pignon quelquefois traité en « pas de moineau », signe de réussite sociale.

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En brique, la maison type est de plain-pied ou à étage et suivant le niveau social adopte un plan en lanière dans les faubourgs ou s’élève le long des rues.

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Densément peuplée

La Flandre compte un riche maillage de bourgs, villages et villes. En brique, la maison type est de plain-pied ou à étage et suivant le niveau social adopte un plan en lanière dans les faubourgs ou s’élève le long des rues. Inspirée de modèles urbains, elle se caractérise par un volume généreux coiffé d’un toit mansardé qui libère l’espace du comble. La géométrie rigoureuse de la brique est atténuée par les maçons qui s’emploient à créer des ornements (arcs, bandeaux, chaînages, corniches à denticules…) et l’associent à la pierre de taille (clef d’arc traitée en guirlande, fronton triangulaire sculpté de cornes d’abondance…).

Parure de toiture

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Commune aux régions du Nord, la panne flamande a été introduite par les Espagnols au XVIe siècle. Elle s’est peu à peu substituée au chaume qui coiffait la plupart des toits. Compromis entre la tuile courbe romaine et la tuile plate, elle montre un profil en « S » facilitant le raccordement d’une tuile à l’autre. Dépourvues de gouttières, les maisons rurales sont souvent dotées d’un coyau, un débord formé de sections de chevrons inclinés par rapport à la pente du toit pour éloigner l’eau de pluie des murs. Vernies par introduction de sel lors de la cuisson, certaines pannes offrent une surface glacée (bleu-violet, gris-noir…) du plus bel effet.

Côté Culture

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Les estaminets, haut Lieu de convivialité
Lieux de sociabilité où l’on se sent « comme à la maison », les cafés traditionnels (du wallon « staminê », salle dotée de poteaux), abritent un copieux garde-manger dans un chaleureux décor. Sous le plafond à poutres et la cheminée tapissée de faïences, on s’y régale d’une carbonade flamande arrosée de bière artisanale. Nés au XIXe siècle, ils sont liés à l’essor des brasseries. Comme les bières supportaient mal d’être transportées, il fallait donc les consommer sur place ! De cet impératif sont nés les estaminets. On s’y réunissait pour glaner les nouvelles locales, évoquer les conditions de travail, jouer (bourles, fléchettes). Aujourd’hui encore, on s’y rend pour écouter de la musique, disputer une partie de billard Nicolas ou savourer un potjevlesch !

Histoire et géographie

Convoitée par le royaume de France, le duché de Bourgogne et les Pays-Bas espagnols, cette province transfrontalière ne manque pas de personnalité. Entre terre, mer et canaux, les villages colorés, les moulins à vent et les cités fortifiées, dominées par la silhouette de leur beffroi, racontent une histoire très riche. Convivialité et sens de la fête sont aussi au rendez-vous !