Une façade brute n’existe pas dans les textes réglementaires, à la différence d’un support. Pour ce dernier, lorsqu’il est brut, il est toujours prévu de le préparer, puis de le compléter.
Dans le cas présent, il convient d’abord de définir ce qu’est
une façade brute.
Qu'est-ce qu'une façade brute ?
Dans le référentiel normatif, ce qui se rapproche le plus de la notion brute, c’est le mur de type I, non revêtu, voire un type II non fini (voir page 256). Dans ce cadre, il s’agit donc d’un mur monolithe, ou composé d’un seul composant principal, laissé en l’état. ´ Cela peut ainsi concerner : les façades en pierre, de la taille massive à joint mince au mâchefer ou aux moellons hétérogènes, les façades en briques façon corons du Nord, voire le béton banché brut de décoffrage.
FAÇADES BRUTES CAR OUBLIÉES
Une autre catégorie de façades brutes comprend celles laissées en l’état par choix ou par défaut. Dans le premier groupe se classent ces hangars qui enlaidissent souvent le paysage rural à proximité des fermes ou les zones artisanales et industrielles. Certains professionnels avaient d'autres priorités quand ils l'ont bâti que le respect de l’harmonie et des paysages. Les municipalités ne leur en tiennent guère rigueur et en oublient leurs propres régles d'urbanisme. Il arrive aussi que le maître d’ouvrage manque d’argent pour terminer le chantier et laisse la façade en l'état. Il ne s’agit donc plus d’un choix délibéré décidé au mépris de la collectivité, mais d’une contrainte, qui parfois, peut prendre des années avant d’être résolue. Dans ce cas, il s’agit donc d’une simple parenthèse dans un chantier de façade. ´ Lors de la reprise, il suffira de purger le support par un nettoyage approfondi, au nettoyeur à haute pression par exemple, avant de reprendre les travaux là où ils ont été arrêtés.
PAS DE PROTECTION
Une façade brute doit donc nécessairement être recouverte par un élément ou un dispositif non structurel destiné à la protéger. Le choix est vaste, de la peinture au bardage, en passant par les multiples solutions d’enduit. C’est l’objet de ce cahier technique. ´ Ne pas enduire ses façades pouvait même être puni d’amende, comme avec cette ordonnance du 18 août 1667, rendue par les trésoriers de France, grands voyers de Paris, qui enjoignait, entre autres, de revêtir les pans de bois des maisons parisiennes de lattes clouées et de plâtre en dehors et en dedans. Laisser une façade en l’état n’est donc pas recommandé puisque, dans tous les cas, cela favorise les infiltrations d’eau. C’est d’ailleurs un problème récurrent pour les murs en briques apparentes, par exemple.
Une façade en pierre de taille calcaire se charge de sa protection en développant un calcin, du carbonate de chaux qui forme une pellicule plus dure en surface. ´ Cette défense naturelle a été mise à mal à l’ère industrielle avec les particules qui l’ont noircie et l’acidité de la pluie qui l’a dissoute. Des procédés très spécifiques peuvent alors être mis en œuvre pour les restaurer, mais exclusivement dans le cadre de la restauration de bâtiments historiques. Ils sont l’apanage de professionnels spécialisés. ´ Une solution proposée consiste alors à appliquer une protection invisible de type hydrofuge ou imperméabilisant. Le produit, à fort pouvoir mouillant, pénètre le revêtement sur quelques millimètres et forme une barrière imperméable ou seulement perméable à la vapeur d’eau. ´ Techniquement, ce procédé est comparable à l’application d’une peinture. Dans les faits, il convient de l'utiliser avec circonspection. Dans l’ancien, ces produits modifient le comportement naturel des matériaux qui composent la façade et ne sont pas aussi durables que cette dernière. En clair, ils sont efficaces quelques années seulement, mais peuvent compliquer les ravalements ultérieurs.