Le rôle des chaînages est de corseter la maçonnerie en renforçant ses points faibles. Celui du linteau est de permettre de continuer à construire au-dessus d’un trou.
Ceinturer les murs
Le chaînage prévient les désordres pouvant survenir en répartissant les contraintes là où elles se concentrent. Il assure les liaisons entre les différents éléments de la construction. Il joue un rôle essentiel dans la prévention des risques parasismiques (Eurocode 8).
- Le chaînage horizontal est conçu sur le même principe que la fondation. Il renforce les murs au niveau des planchers et en arase (en partie supérieure). En maçonnerie classique, c’est un ouvrage en béton armé coffré et coulé sur place.
- Le chaînage vertical remplit la même fonction dans les angles, les liaisons avec les poteaux, les refends, en montants de grandes ouvertures et à intervalle régulier tous les 3 à 5 mètres à l’intérieur des murs longs.
- Les chaînages verticaux et horizontaux sont impérativement reliés entre eux et aux semelles de fondations, avant le coulage du béton, afin de constituer un squelette complet. Selon l’Eurocode 8, la continuité mécanique des liaisons est obtenue par des recouvrements d’au moins 60 fois le diamètre du fer. Par exemple pour des fers de 10 mm, il faut des épingles de 60 x 10 = 600 mm soit 60 cm. Il est également possible de placer des fers continus courbés sur place à condition de prolonger les barres jusqu’au côté opposé.
Quelques indications de section
Pour les chaînages horizontaux, la section minimale est de 15x15 cm. Il faut prévoir 4 fers de 8 ou 10 mm de diamètre (parfois 12), espacés de 20 cm au plus. En couronnement, un treillis plat de deux fers suffit. Attention au couronnement de la pente du mur pignon, son chaînage ne doit pas être interrompu ou tronçonné par la mise en place des pannes de charpente.
Pour les chaînages verticaux, les dimensionnements sont les mêmes. D’ailleurs, dans un ensemble maçonné, il est préférable de conserver le même diamètre d’armature pour tous les éléments. Cela évite les erreurs et offre quelques économies sur les fournitures.
Le chaînage assure les liaisons entre les différents éléments de la construction. Il joue un rôle essentiel dans la prévention des risques parasismiques.
Le linteau
Le linteau peut être défini comme un chaînage spécifique réservé à la partie supérieure des ouvertures, portes, fenêtres et portes-fenêtres. Il est fabriqué sur place à l’avancement, traditionnellement en béton coffré (linteau banché). Il existe des blocs béton creux qui font office de coffrage.
Aujourd’hui les systèmes de prélinteaux simplifient le travail. Epais de quelques centimètres, ils sont fabriqués en béton précontraint. Le dessous est lisse, le dessus rugueux et sert de fond de coffrage ou de lit d’assise. Ce prélinteau s’appuie sur 20 cm de part et d’autre de l’ouverture. Jusqu’à 1,40 m de largeur, il est autoportant. Au-delà un étayage est nécessaire avant de poursuivre la construction.
Linteau préfabriqué
Linteau à bancher
Détails pratiques
Placer les ouvertures
Les contraintes techniques réglées, il est aujourd’hui possible de disposer les ouvertures comme bon vous semble, jusqu’à afficher une façade entièrement vitrée. Mais il y a quand même quelques règles à observer.
Sur le plan réglementaire, le Code civil impose des servitudes de vue : une ouverture, un balcon ou une terrasse qui permet de voir directement chez le voisin sans tourner la tête (vue directe) doit se situer à 1,90 m de distance, mesurée jusqu’à la limite de propriété. Cette distance est ramenée à 60 cm pour les vues obliques ou latérales.
Une porte ne peut pas ouvrir sur la rue si elle gêne le passage, trottoir compris.
La disposition des ouvertures influe surtout sur l’aménagement intérieur et la distribution des pièces. Il est déconseillé de placer les fenêtres au ras d’un angle. Mieux vaut laisser un décalage de 60 cm environ. En revanche, une porte ne pose pas de souci, à condition que le battant s’ouvre contre la cloison.
Attention aussi pour le soubassement des fenêtres d’étage. Un garde-corps d’un mètre de hauteur minimum est nécessaire si le soubassement mesure moins de 90 cm de hauteur, mesuré à partir du sol jusqu’à l’arête supérieure de la traverse basse.
Du triangle au rectangle
Dans un château de cartes, le module de base est un triangle (et une ouverture) dessiné par deux cartes reliées en sommet. La charge des étages supérieurs descend jusqu’au sol en pente douce. Les cartes horizontales de chaque niveau répartissent la charge sur toute la longueur.
Ce principe de triangulation est très courant dans le bâtiment (il suffit de regarder une charpente). Il a longtemps servi en linteau. Dans de nombreuses constructions anciennes, un triangle de décharge est visible au-dessus des baies.
Ailleurs, ce triangle est remplacé par un arc qui offre l’avantage de descendre les contraintes jusqu’à l’axe vertical et non plus en pente douce. Avec l’arc, le poids de la maçonnerie au-dessus de l’ouverture se reporte verticalement sur les montants.
Aujourd’hui, avec le béton armé, triangle ou arc ne sont plus nécessaires. Linteaux et chaînages remplissent ces offices. Une seule condition s’impose dans la maçonnerie à base de béton et de banches : le ferraillage doit être adapté à la charge prévisible pesant sur le linteau à construire.
Le risque sismique
Le zonage sismique divise le territoire en cinq zones de sismicité croissante, de 1 à 5. Les maisons individuelles des zones 1 et 2 qui occupent la majeure partie du territoire ne sont pas concernées. Pour toutes les autres, les règles de l’Eurocode 8 s’appliquent.
Pour tout savoir :
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