La brique isolante pour monter un mur

Briques et terres cuites 6 min de lecture

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La maîtrise de la cuisson de l’argile remonte à la Préhistoire. Mais fabriquer des briques isolantes est tout de même plus compliqué. Ceux qui se sont essayés à la poterie le savent bien.

La brique du futur

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Si une brique de terre cuite est solide… avant sa cuisson, ce n’est que de la pâte souple et plastique. Pour fabriquer une brique pleine, il suffit de la contraindre dans un moule. La perforer ne demande qu’une adaptation du moule. Mais comment faire pour créer une brique creuse à chambres multiples, de 37,5 cm de section et en angle ?

La bonne filière

Il faut d’abord préparer un mélange très précis d’argile, de sable et même de sciure de bois, préparé avec juste ce qu’il faut d’eau. Les pains de briques crues sont fabriqués par extrusion de cette masse au travers d’une filière. Ils sont recoupés en briques qui sont séchées en soufflerie pour les débarrasser de toute leur eau (2% résiduel). Viennent ensuite les opérations de cuisson dans un four maintenu à plus de 900 °C pendant une durée qui peut atteindre 36 heures. Pendant cette cuisson, la sciure se consume et laisse la place à des inclusions d’air qui améliorent les performances isolantes de l’argile.
Après refroidissement, les briques sont ébavurées, rectifiées à la meuleuse et dépoussiérées.

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La pose de la brique doit être très soignée, si l’on veut qu’elle remplisse toutes ses promesses de performance d’isolation thermique.

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Pourquoi tant de peine ?

La terre cuite est minérale, inerte, insensible aux moisissures. Elle est incombustible, ne dégage aucune fibre, particule ou émanation toxique. Elle assure une bonne régulation de l’humidité en faisant office de stockage déphasé. Elle absorbe l’humidité en excès et la rend par temps sec. Enfin, elle affiche une excellente résistance à la compression.
Ces performances sont partagées par tous les produits en terre cuite, jusqu’au pichet et à la cassole. Les briques isolantes apportent en plus des caractéristiques d’isolation thermique. C’est possible grâce à la structure interne de la brique, aux alvéoles verticales, continues sur toute la hauteur de la paroi, qui permettent à celle-ci de renfermer un grand volume d’air statique. Avec des blocs de 30 cm, le coefficient Up du mur fini atteint 0,37 W/m2•K, ou 0,25 W/m2•K avec des briques de 42,5 cm (enduit mortier, brique, enduit plâtre).

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Disposer d’un bloc isolant ne suffit pas pour garantir les performances de la paroi. Par exemple, celles-ci sont considérablement réduites si les briques sont posées par hourdage à joints épais. C’est la raison pour laquelle, les blocs sont montés à joints minces horizontaux. Même le joint vertical est supprimé chaque fois que c’est possible car il influe sur le coefficient Up. En conséquence, cela signifie aussi que la pose doit être très soignée, en respectant la continuité de performances pour le traitement des points singuliers. Des éléments spéciaux sont proposés par les fabricants dans leur gamme d’accessoires.
À toutes ces précautions, il faut encore ajouter le savoir-faire du poseur. Sont interdits les rattrapages de niveau ou les rebouchages au mortier, les dalles de plancher sans rupteurs, les linteaux banchés sans précaution… pour résumer, toutes les astuces de maçonnerie pour compenser les irrégularités. Car la brique ne pardonne rien. Sa couleur rouge rend très facile le repérage des défauts. Sur un montage correct, avant l’enduit, vous ne devez pas voir de trace de mortier de ciment, au moins en façade extérieure.
Du côté des performances écologiques, depuis quelques décennies les fabricants de briques isolantes cherchent à réduire « l’énergie grise » nécessaire à sa production. En particulier les émissions de CO2 qui ont réduit de près de 40 % en 30 ans (1975-2007).
Pour le bruit, les briques ne sont pas suffisamment performantes et demandent une isolation spécifique à l’intérieur du bâtiment pour répondre aux normes actuelles.

Règles de mise en oeuvre

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  • Les blocs sont humides sans être ruisselants. Une pince spéciale permet de les manipuler facilement.
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  • Le premier rang est scellé sur un lit de mortier réglé de niveau afin d’obtenir une hauteur de joint finie de 2 cm.
  • Les angles sont harpés en disposant les briques alternativement dans les deux directions des murs. Le jour central permet le coulage des chaînages verticaux, indispensables, de même qu’au départ des refends. Les briques standard ne sont donc pas admises pour bâtir les angles.
  • Les chaînages horizontaux au sommet des murs sont réalisés à l’aide de briques de coffrage en U. Pour les passages de planchers intermédiaires, les abouts de dalle sont protégés par des planelles isolantes.
  • En pignon, les briques peuvent être recoupées en fonction de la pente au disque à tronçonner. En partie courant, les recoupes dans la longueur des briques sont possibles mais à éviter. Si elles ne peuvent être évitées, il convient de créer des poches dans la tranche coupée en cassant deux ou trois cloisons internes qu’il faudra remplir de mortier bâtard ou isolant.
  • Pour les fixations dans la terre cuite, il convient de percer sans percussion afin de limiter le plus possible l’éclatement des alvéoles. Pour les charges à forte sollicitation comme des volets battants, il est préférable de recourir à des scellements chimiques qui préviennent les risques d’infiltration d’air.
  • Le mur doit être enduit ou revêtu sur les deux faces. A l’intérieur, du plâtre, des plaques de plâtre, ou un enduit hydraulique OC2. Ce dernier sera aussi utilisé pour l’extérieur.

Briques et accessoires*

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Brique standard
Sans elle, pas de mur ! Ses dimensions sont 37,5 cm d’épaisseur, 21,9 cm de hauteur et 27,5 cm de longueur. Il existe aussi des briques de 42,5 cm d’épaisseur.

* accessoires = dérivés de la brique standard pour éléments accessoires de la construction tels que les linteau etc. (voir ci-dessous)

Brique de calepinage
Comme il n’est pas possible de jouer sur l’épaisseur des joints verticaux pour ajuster le rang sur la longueur (à cause des ponts thermiques), cette brique s’insère entre les éléments entiers. La pose s’effectue toujours des angles vers le centre du rang.

Brique de tableau ou d’ébrasement
Elle permet d’obtenir des montants réguliers, sans recoupe, et rectifiés en fonction du mode de pose des menuiseries, en nu intérieur ou en tableau.

Brique rehausse
Moins haute, elle complète l’arase sans avoir à recouper une brique entière.

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Brique de coffrage
En forme de U, pour tous les chaînages horizontaux. Des variantes de grande longueur sont proposées pour les linteaux de largeur courante, jusqu’à 3 m environ. Il existe aussi des solutions pour les coffres de volet roulant.

Planelle
Associé à un isolant, cet élément est placé en about de dalle et assure la continuité de l’isolation entre les murs et les planchers.

Brique d’angle
Elle intègre l’espace nécessaire pour couler le béton armé des chaînages verticaux, à lier aux chaînages horizontaux. Brique d’angle variable. Elle accompagne les fantaisies architecturales jusqu’à 130 °.

Appui de baie et embase de seuil
En terre cuite, ces éléments limitent la création de ponts thermiques sous les ouvertures observés avec les produits en béton.