C'est lui qui marque les limites de la propriété. Mais quelles règles régissent la construction d'un mur de clôture. Pour faire simple : un mur de clôture maçonné est un mur porteur qui ne supporte que lui-même. C’est déjà beaucoup car les contraintes sont spécifiques.
Règles de base pour une clôture
Le meilleur exemple est le contreventement. L’une des meilleures méthodes pour empêcher un mur de tomber sous l’effet du vent est d’en construire d’autres, en angle, aux extrémités ou en refend. C’est le cas pour un bâtiment, mais pas pour un mur isolé. Il en va de même pour la stabilité des fondations, les eaux de ruissellement, l’humidité, etc. Pour la résistance au vent par exemple, les murs isolés, acrotères, clôtures et panneaux font même l’objet de paragraphes dans l’Eurocode 1 (Partie 1-4), qui consistent à déterminer le coefficient de pression nette qui exprime l’effet résultant du vent par unité d’aire, en plein air. Il est tenu compte du remplissage du mur, plein ou ajouré, de la présence éventuelle d’un retour d’angle et, surtout, du rapport entre la hauteur du mur et sa longueur. Pour l’humidité, un mur de clôture est considéré comme une construction en exposition sévère aux risques de saturation d’eau s’il n’est pas couronné. Cela influe sur le choix des matériaux et sur la protection du mur. Enfin, pour la protection sismique (Eurocode 8), le mur de clôture n’est pas concerné sauf s’il peut, en cas de rupture, exposer à des risques des personnes ou la structure principale du bâtiment.
Construire solide
C’est donc une erreur de considérer une clôture comme une maçonnerie annexe, légère. Elle doit être fondée dans les règles (voir DTU 13-11 et 13-12), chaînée horizontalement en partie supérieure et verticalement, dans les angles et à intervalle régulier. Il convient de signaler que ces règles s’appliquent pour des hauteurs supérieures à 1,50 m, mesurées du sol fini à l’arase ou au couronnement. En dessous, vous disposez d’une plus grande liberté. Pour les règles courantes, reportez-vous aux documents de référence concernés par la maçonnerie envisagée, en blocs (DTU 20.1), en béton banché, ou même en bois (DTU 31.2).
Il convient également de prendre garde aux ouvertures, et notamment le portail s’il est encadré de murs pleins afin qu’il ne constitue pas une faiblesse vis-à-vis du comportement au vent.
En règle générale, il est exclu que le mur de clôture serve d’appui à une construction. Par exemple, si vous envisagez d’installer un garage, sa structure porteuse sera indépendante. C’est tout autant une mesure technique que juridique.
Le dernier écueil de la clôture prend la forme d’une montagne de jurisprudence en matière de droit de propriété.
Protéger de la pluie
Les infiltrations concernent principalement le sommet du mur et le parement exposé aux vents dominants. Mais comme rien n’est plus changeant que les perturbations, ce sont les deux faces du mur et son arase qu’il faut protéger efficacement de manière à prévenir les infiltrations, tout en favorisant l’évacuation de l’humidité contenue dans le mur.
Pour le sommet du mur, il peut s’agir d’une simple couvertine, en aluminium, acier ou cuivre, d’éléments préfabriqués en béton, en terre cuite ou en pierre reconstituée, ou enfin un chaperon de tuiles. En règle générale, le débordement de chaque côté du mur doit mesurer 3,5 cm au minimum. Soignez bien la pose de manière à prévenir tout risque d’infiltration entre les éléments.
En parement, l’enduit hydraulique traditionnel ou monocouche reste une solution fiable et sans surprise. Il est préférable d’éviter les revêtements collés, mais des éléments rapportés fixés mécaniquement peuvent faire l’affaire. C’est le cas pour un bardage, des panneaux de fibres ciment…
Respecter le droit
Le dernier écueil de la clôture prend la forme d’une montagne de jurisprudence en matière de droit de propriété. La question passionne les juristes depuis que l’homme a commencé à empiler des pierres pour délimiter son territoire. Les premiers textes retrouvés établissent déjà les bases de ce droit. Depuis, la tendance n’a jamais porté sur la simplification.
Un mur est réputé mitoyen s’il est exactement construit sur la limite entre deux propriétés. Les frais de construction, les charges d’entretien sont alors partagés à part égales entre les deux propriétaires. Il n’est pas mitoyen si le mur appartient à celui qui possède le terrain. Le voisin ne peut pas intervenir sur le mur sans autorisation. Il doit aussi permettre au propriétaire de passer chez lui pour procéder à l’entretien (servitude de tour d’échelle).
Evidemment, ces situations ne concernent que les cas courants, avec une clôture droite, entre deux propriétés aux limites parfaitement identifiées, sur un terrain plat et entre gens de bonne compagnie. La première démarche de votre projet de clôture est donc de le présenter à votre voisin et de l’élaborer en commun, même si vous prenez tout à votre charge.
Pour une limite en bordure d’espace public, les règles sont différentes. Outre la déclaration de travaux à déposer, des caractéristiques précises peuvent vous être imposées, sur le choix des matériaux ou la hauteur de la clôture notamment. Renseignez-vous !
Murs mixtes et muret
Compléter un soubassement maçonné avec des éléments de remplissage est un moyen élégant pour clore sa propriété. Il n’y a pas de contraintes techniques particulières si le remplissage est ajouré. C’est le cas, pour des lisses horizontales en bois ou en PVC, une grille forgée ou un grillage, des claustras en béton ou en terre cuite, etc. En revanche, s’il s’agit d’écrans pleins, ils se comportent comme une maçonnerie face au vent. Ils doivent donc être contreventés de la même manière. Ces panneaux sont généralement fixés sur des poteaux intermédiaires. Il faut que ceux-ci soient scellés dans le muret et que la fondation de ce dernier tienne compte de la hauteur totale de la clôture.
Aspects pratiques
Négocier la pente
Pour construire une clôture parallèle à la pente du terrain, le principe de base consiste à le monter sur une assise horizontale. C’est alors la semelle qui compense la déclivité. Elle est donc réalisée en plusieurs sections. Plus la pente est prononcée, plus la longueur de chaque assise est réduite afin de permettre une mise en place correcte des fers d’armature (à 3 cm au moins des nus extérieurs, en haut et en bas dans le cas présent).
La pression peut aussi s’exercer sur le parement du mur si celui-ci est perpendiculaire à la pente, qu’il serve de soutènement ou non. Des mesures spécifiques sont à prendre pour compenser cette contrainte et favoriser l’évacuation des eaux d’infiltrations (drainage, barbacane, mur poreux, etc.).
Contre le bruit
Une clôture peut éventuellement contribuer à limiter les nuisances sonores en bordure d’une voie fréquentée. Une véritable protection qui apporte un affaiblissement acoustique garanti doit faire l’objet d’une étude précise et complexe, confiée à un bureau d’étude spécialisé. Les solutions en kit disponibles ne permettent qu’une certaine amélioration. Quelques règles renforcent leur efficacité.
La protection doit être continue, sans interstice entre les éléments ou en dessous. Cela concerne aussi le portail. Plus la protection est proche de l’émission, meilleure sera l’efficacité. A l’inverse, plus le bâtiment à protéger est éloigné de l’écran, moins celui-ci sera efficace, sauf à en augmenter la hauteur. Une protection lourde est plus performante.
La maison elle-même peut faire écran au bruit. Il faut alors traiter la façade dans son ensemble, en appliquant les mêmes principes, c’est-à-dire en choisissant des matériaux amortissants, en augmentant l’effet « masse-ressort-masse », sans oublier de traiter les points singuliers, comme les entrées d’airs de ventilation, les joints de menuiseries.