Sur le plan du bilan thermique, la ventilation est une anomalie. On chauffe et il faudrait évacuer l'air ! Et pourtant, sur le plan de la santé, ventiler est indispensable. Cela illustre bien la distance qui sépare l’idéal technique et la vie quotidienne. heureusement il existe des solutions anciennes ou modernes pour allier performance énergétique et aération.
Ouvrir ou fermer ?
Tout petit déjà, on vous a expliqué qu’il ne fallait pas laisser la porte du frigo ouverte. Pour garder le froid à l’intérieur, il faut tout calfeutrer. La réglementation actuelle RE 2020 applique le même principe pour le chaud : si le logement pouvait rester fermé d’octobre à mars, ça serait parfait. Mais voilà, le caillou dans la chaussure, c’est l’occupant. On ne peut pas s’en débarrasser. Et cet intrus fiche le bazar. Car il vit, ouvre les portes et les fenêtres et il respire. C’est une vraie catastrophe parce que, ce faisant, il pollue lui-même, tout en exigeant de l’air sain. Il faut donc ventiler, c’est-à-dire faire entrer de l’air extérieur trop froid ou trop chaud, tout en évacuant l’air intérieur si bien conditionné par une isolation aux petits oignons.
Si la réglementation thermique n'a pas évolué pour la ventilation depuis 2008, la RE 2020, elle, prend en compte la nature de la ventilation.
Le paradoxe de la ventilation
Le problème est épineux. A tel point qu’il est glissé sous le tapis. Ainsi, alors que la réglementation thermique est très régulièrement mise à jour et toujours plus pointilleuse, le décret pour la ventilation a fêté ses 40 ans en 2022 (2008 pour les locaux professionnels).
Il préconise toujours la possibilité de la ventilation naturelle par ouverture des fenêtres.
Notons tout de même que la nature de la ventilation est prise en compte dans la RE 2020 et peut influencer significativement les résultats, ce qui pousse à choisir des systèmes vertueux.
Oubliée de la rénovation
Le système le plus efficace pour répondre aux obligations réglementaires tout en limitant les pertes d’énergie est la VMC double flux. Elle comporte deux réseaux. En plus des conduits classiques d’aspiration de l’air vicié (VMC simple flux), un second réseau insuffle l’air neuf. Les deux se croisent sans se mélanger dans un échangeur. De ce fait, l’air sortant réchauffe l’air entrant en hiver, et le tempère en été.
C’est le seul système reconnu pour l’obtention de la PrimeRénov’. Mais le budget nécessaire est conséquent. Lorsqu’ils ne sont pas présents, la création des deux réseaux implique des travaux dans toutes les pièces. Enfin, le gain réel sur la facture d’énergie est plutôt modeste en comparaison des autres travaux d’économies d’énergie que sont l’isolation et le chauffage.
En conséquence, le projet de rénovation fait souvent l’impasse sur ce budget. C’est pourtant le seul qui se préoccupe vraiment du confort et, surtout, de la santé des occupants, avant les économies.
Au final, les occupants étouffent dans des logements parfaitement isolés mais très mal ventilés.
Rénovation et ventilation
Pour résoudre cette difficulté, il faut intégrer l’obligation de ventilation dès la conception du projet, au même titre que l’isolation.
Il faut décider où vont se situer l’échangeur et le groupe de ventilation, si possible dans le volume chauffé, encore une nouvelle contrainte. Il faut aussi prévoir le passage des conduits et aussi des prises et des rejets d’air à l’extérieur, en toiture ou en façade, mais, évidemment, pas l’un à côté de l’autre.
En procédant ainsi, cela permet de réduire l’impact des travaux nécessaires et de les intégrer dans le déroulement du chantier principal.
Notons que ces difficultés d’installation concernent tous les types de VMC double flux. Si le budget le permet, autant alors installer le meilleur, à savoir un système hygroréglable sur les deux réseaux, qui régule les débits en fonction de l’humidité, un échangeur enthalpique, au rendement exceptionnel, et un groupe de ventilation basse consommation. Mais cela revient à comparer le prix d’une Lamborghini à celui d’une Twingo.